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L’Union européenne a annoncé le report, jusqu’en janvier, de la signature de son vaste accord commercial avec le bloc sud-américain Mercosur, sous la pression de manifestations d’agriculteurs et d’une opposition de dernière minute de certains États membres. La porte-parole de la Commission européenne, Paula Pinho, a confirmé qu’il faudra encore du temps pour rassembler une majorité suffisante parmi les 27 pays de l’UE.
Un accord retardé au dernier moment
La signature, initialement prévue pour une visite de la présidente de la Commission en Amérique du Sud, a été repoussée afin de permettre de nouvelles négociations entre membres. Selon des responsables européens, un compromis a été trouvé entre la présidence de l’exécutif européen, le président du Conseil européen et la Première ministre italienne Giorgia Meloni, sous réserve que Rome soutienne l’accord lors d’un vote en janvier.
Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron a demandé davantage de garanties et a plaidé pour des discussions supplémentaires en janvier, se disant en contact avec plusieurs homologues européens pour obtenir des concessions destinées à protéger le secteur agricole.
Les motifs de la résistance
Le bloc négocié avec l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, le Paraguay et l’Uruguay représente des réductions de tarifs considérables et pourrait devenir l’un des plus importants accords commerciaux de l’UE. Toutefois, la France et l’Italie, notamment, redoutent une arrivée massive de produits agricoles à bas coût qui fragiliserait des filières sensibles.
En revanche, d’autres États membres estiment que l’accord stimulera les exportations européennes — automobiles, machines, vins et spiritueux — et diminuerait la dépendance à certaines sources d’approvisionnement étrangères.
- Inquiétudes principales : concurrence sur la volaille, le bœuf et d’autres produits agricoles.
- Arguments pour l’accord : ouverture de marchés en Amérique latine, accès à des matières premières et soutien aux exportations.
Réactions des pays sud-américains
Les pays du Mercosur ont été informés du report. Après une réaction initiale ferme, le Brésil a montré une certaine flexibilité et a accepté de temporiser pour tenter de convaincre les réticents au sein de l’UE.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré que la Première ministre italienne lui avait demandé « de la patience » et qu’Rome avait indiqué qu’elle finirait par soutenir l’accord, ce qui a permis d’éviter une rupture immédiate des négociations.
Manifestations et tensions à Bruxelles
Le report intervient après des manifestations de grande ampleur à Bruxelles où des agriculteurs ont bloqué des axes routiers avec leurs tracteurs, tiré des feux d’artifice et affronté les forces de l’ordre. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser certaines foules.
Des manifestants venus d’autres pays européens ont emporté des pommes de terre et des œufs, brûlé des pneus et exhibé un cercueil factice portant l’inscription « agriculture » pour dénoncer ce qu’ils estiment être une menace durable pour leurs exploitations. Des dégâts ont conduit à l’évacuation de certains services du Parlement européen.
Calendrier et perspectives
Les protagonistes évoquent désormais une possible signature à la mi-janvier, mais les semaines à venir seront cruciales pour obtenir les concessions demandées et apaiser les tensions internes. Les dirigeants européens devront concilier préoccupations agricoles nationales et objectifs stratégiques de commerce extérieur.
Entre-temps, les discussions continueront afin de définir des garde-fous susceptibles de protéger les filières vulnérables tout en préservant les bénéfices économiques attendus par l’ouverture aux marchés sud-américains.