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Trump élève la ‘présidence impériale’ à un nouveau niveau

par Sara
États-Unis, Arabie Saoudite, Royaume-Uni

Dans la première année suivant son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a étendu de façon spectaculaire les prérogatives de l’exécutif tout en adoptant des symboles et des rituels proches d’une représentation monarchique. Une analyse approfondie du New York Times, signée Peter Baker, estime que le phénomène rapproche aujourd’hui la fonction présidentielle américaine d’une « présidence impériale » aux traits les plus affirmés depuis la fondation de la République.

Des cérémonies à connotation royale

Le quotidien commence son portrait par une scène révélatrice : l’accueil réservé au prince héritier saoudien a dépassé le strict protocole diplomatique pour prendre des allures d’hommage solennel, avec cérémonies et mise en scène remarquables. Ce spectacle a rappelé, mutatis mutandis, l’accueil protocolaire dont le président a bénéficié lors d’une visite officielle au Royaume-Uni, illustrant une double dynamique — l’usage du faste pour affirmer stature et légitimité.

Pouvoir renforcé et pratiques exécutives

Sur le plan politique, l’administration actuelle ne s’est pas contentée d’accroître le recours aux ordres exécutifs. Elle a également procédé à une relecture expansive des textes constitutionnels, entrepris le démantèlement ou la réorientation d’organismes créés par le Congrès et imposé des orientations aux acteurs privés. Par ailleurs, l’emploi de forces fédérales sur le territoire national et la prise d’initiatives militaires sans mandat législatif ont contribué à redessiner les marges d’action du pouvoir exécutif.

  • Multiplication des décrets et ordres exécutifs.
  • Réinterprétation des prérogatives présidentielles.
  • Pressions exercées sur des institutions publiques et privées.
  • Recours accru aux forces fédérales et actions militaires sans autorisation explicite du Congrès.

Personnalisation et symboles du pouvoir

Au-delà des mesures politiques, la présidence a été marquée par une personnalisation intensive : changement d’éléments symboliques à la Maison-Blanche, apposition du nom et de l’image du président sur des lieux ou événements publics, et mise en scène d’anniversaires ou d’occasions particulières sur un mode quasi-national. Dans le même temps, le ton du discours présidentiel — souvent provocateur ou théâtral — renforce cette impression d’une fonction liée à la personne et non seulement à l’institution.

Déséquilibre institutionnel

Cette mutation a engendré un déséquilibre net entre les pouvoirs. Le Congrès apparaît souvent affaibli, partagé entre opposition et capitulation, tandis que le pouvoir judiciaire, y compris la Cour suprême, peine à exercer un contrepoids efficace, d’autant que des prérogatives ou immunités étendues ont été accordées à l’exécutif. Selon l’analyse, les prérogatives acquises risquent de se normaliser : les concessions faites à l’exécutif ne sont pas toujours réversibles.

Une société profondément divisée

Le portrait esquissé souligne aussi la profonde polarisation autour de la figure présidentielle. Les partisans voient en lui un dirigeant indispensable pour restaurer l’ordre et combattre ce qu’ils qualifient « d’État profond », approuvant sa poigne et son style sans concession. À l’inverse, ses détracteurs dénoncent une personnalité narcissique et dangereuse, accusée d’instrumentaliser la fonction pour éliminer des opposants et favoriser des intérêts privés et familiaux.

Paradoxalement, cette domination institutionnelle coexiste avec des niveaux d’impopularité parmi les plus bas enregistrés pour un président américain, et pourtant cette faible approbation populaire n’a pas, pour l’instant, freiné l’expansion de ses pouvoirs.

Héritage historique et question ouverte

L’article remet ces développements dans une perspective historique : les présidents américains ont souvent élargi leurs pouvoirs en périodes de crise — d’Abraham Lincoln à Franklin D. Roosevelt, en passant par Richard Nixon — mais, selon certains historiens, la nouveauté tient au refus apparent de reconnaître des limites constitutionnelles et à la tendance à traiter l’autorité comme un droit personnel absolu.

La grande question demeure : assistons-nous à une refonte durable du rôle présidentiel vers une « présidence impériale », ou bien s’agit-il d’une phase exceptionnelle qui suscitera, à terme, une réaction institutionnelle et populaire rééquilibrante ? Des signes de résistance existent déjà — dans les tribunaux, dans les marges du Congrès et au travers des échéances électorales à venir — mais l’issue reste incertaine.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/12/22/%d9%86%d9%8a%d9%88%d9%8a%d9%88%d8%b1%d9%83-%d8%aa%d8%a7%d9%8a%d9%85%d8%b2-%d8%aa%d8%b1%d8%a7%d9%85%d8%a8-%d9%8a%d8%b1%d8%aa%d9%82%d9%8a-%d8%a8%d9%80%d8%a7%d9%84%d8%b1%d8%a6%d8%a7%d8%b3%d8%a9

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