Accueil ActualitéLe Mont de Cerisy, un site chargé d’histoire et de légendes en Normandie

Le Mont de Cerisy, un site chargé d’histoire et de légendes en Normandie

par Lea
France

Dominant le bocage normand, le Mont de Cerisy est bien plus qu’un simple point culminant. Situé à environ cinq kilomètres au nord-ouest de Flers, il s’élève à 264 mètres et offre un panorama qui embrasse le bocage sur près de quarante kilomètres. Sa silhouette arrondie se détache dans le paysage, avec un flanc nord-ouest plus abrupt où le Noireau se faufile entre roches et broussailles. Le granit, riche en quartz, feldspath et micas blancs, lui confère une teinte claire qui a nourri de nombreuses croyances au fil des siècles.

Une occupation humaine très ancienne

Entre 1892 et 1894, l’archéologue Émile Rivière réalise des fouilles sur le versant occidental du mont, près du Noireau. Il y met au jour de nombreux objets préhistoriques attestant d’une présence humaine ancienne. La proximité de l’eau a sans doute joué un rôle déterminant dans cette implantation: les populations primitives ou plus élaborées se sont traditionnellement regroupées autour des cours d’eau, sources de vie et de subsistance. Le Mont de Cerisy apparaît ainsi comme un lieu habité et fréquenté bien avant l’époque médiévale.

Maryvonne Bouguet et archives
Maryvonne Bouguet, une mémoire de Cerisy, entourée d’archives.

Le Mont d’Argent, entre croyances et légendes

Autre nom porté autrefois par ce sommet: le Mont d’Argent (Mons Argentus). La présence de micas brillants dans le granit aurait nourri l’idée que le mont abritait un filon d’argent. Certaines traditions évoquent des fouilles ordonnées par un roi d’Angleterre; si l’on privilégie une explication vraisemblable, il s’agit plutôt d’Henri Ier, vainqueur de Tinchebray en 1106, qu’un autre souverain. La légende la plus marquante reste celle du faux-monnayeur. Un forgeron aurait fabriqué clandestinement de fausses pièces d’argent dans une cavité dissimulée sur le flanc du mont côté Noireau. Trahi par le tintement de pièces, il fut arrêté et exécuté à Domfront; la tradition associe cette affaire au fameux « pendu de Domfront ».

Le château et l'histoire locale
Le château, œuvre d’un ancien officier de l’armée indienne selon certaines sources.

Un lieu spirituel avant le christianisme

Bien avant l’installation du christianisme, le Mont de Cerisy pourrait avoir été un site de culte païen, voire druidique. Cette hypothèse est renforcée par l’existence ultérieure d’un ermitage, Saint-Jacques, qui a fait du mont un centre spirituel reconnu. Une tradition persiste selon laquelle le site aurait été façonné par des cultes anciens avant d’accueillir une pratique chrétienne, les premiers sanctuaires chrétiens s’adossant souvent à d’anciens temples païens pour préserver un héritage local.

Le Mont de Cerisy, druidisme
Le Mont de Cerisy, haut lieu du druidisme selon certaines interprétations.

Du Moyen Âge à la Révolution

Au début du XIIIe siècle, le Mont d’Argent devient officiellement le Mont de Cerisy. En 1216, Henri de Beaufou attribue sa possession aux religieux de l’abbaye de Belle-Étoile, qu’il vient de fonder. Le site demeure la propriété de l’abbaye jusqu’à la Révolution française. Vendu comme bien national en 1791, il passe ensuite entre diverses mains avant d’être cédé à Vauloger de Condé-sur-Noireau, puis à Louis Leconte et enfin à Ernest Corbière, qui entreprend les travaux de restauration et fait réaliser la route actuelle menant au sommet, tout en introduisant des milliers de rhododendrons qui deviendront une signature du lieu.

Château, route et rhododendrons

Entre 1867 et 1885, le domaine passe sous la propriété de Lord Burkinyoung, avocat à Londres, qui fait édifier un vaste château aujourd’hui en ruines. En 1885, Ernest Corbière rachète le domaine, le restaure et le complète, modernise l’accès et met en place l’adduction d’eau avant d’introduire des rhododendrons venus de Jersey.

Château du Mont de Cerisy
Château du Mont de Cerisy côté sud.

Le château est détruit en août 1944. Après la guerre, le Mont de Cerisy est acquis par le docteur Vivien de Flers, fondateur de la clinique Saint-Dominique, puis devient propriété de la commune de Cerisy-Belle-Étoile en 1955. Depuis le 1er janvier 2007, sa gestion est assurée par la communauté d’agglomération. Le site continue de nourrir la mémoire collective des habitants et demeure un symbole du patrimoine local.

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