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En Cisjordanie, une vague d’arrestations politiques suscite une vive inquiétude parmi les familles et les organisations de défense des droits humains. Plus de 160 personnes seraient détenues par les services palestiniens, selon des sources locales, dont plusieurs anciens détenus récemment libérés des prisons israéliennes.
Arrestation quelques jours après la libération
À Tulkarm, au nord de la Cisjordanie, Musab Qouzah a été appréhendé chez lui seulement une semaine après sa libération dans le cadre d’un échange de prisonniers. Des individus masqués se sont présentés comme des agents du Service de sécurité préventive et ont demandé à l’emmener en précisant qu’il « reviendrait dans deux heures ».
La famille, qui venait de l’emmener au centre médical pour suivre son état de santé, se dit choquée. Musab souffre encore des séquelles de son internement en Israël : perte de poids importante, blessures non cicatrisées et complications liées à la gale (scabiose).
Une joie familiale brisée
Son épouse Iman décrit la libération comme une « liberté incomplète » qui s’est rapidement transformée en peur et en incertitude pour toute la famille. Les quatre enfants, impatients de retrouver leur père après un an d’absence, sont revenus traumatisés par cette nouvelle arrestation.
Musab avait repris son poste d’enseignant de physique dans les écoles publiques de Tulkarm. La prolongation de sa détention menace aujourd’hui son emploi, car un maintien en détention au-delà de 14 jours pourrait entraîner son licenciement.
Cas parallèle : Thamer Saba’na
À Jénine, la famille de Thamer Saba’na vit une situation similaire. Thamer, libéré après 16 mois de détention administrative en Israël, a été à son tour arrêté par les forces palestiniennes moins d’un an après sa remise en liberté.
Selon son épouse Fatima, l’accusation officielle portée est la « possession d’armes ». Toutefois, l’avocat qui a pu lui rendre visite affirme que Thamer « n’a pas été interrogé depuis six jours » et n’a encore été présenté à aucune instance judiciaire.
Détentions jugées arbitraires par des juristes
Une avocate, qui a demandé l’anonymat, alerte sur l’augmentation des arrestations politiques en Cisjordanie. Elle souligne que de nombreuses détentions sont prolongées par tranches de 15 jours, renouvelables, ce qui facilite un maintien prolongé sans justification judiciaire claire.
Selon elle, ces mesures constituent « une violation manifeste de la Loi fondamentale palestinienne », qui ne permet l’arrestation que pour des crimes dûment établis. Plusieurs décisions de la Cour administrative ont d’ailleurs qualifié certains de ces maintiens en détention d' »abusifs et illégitimes ».
Violations signalées pendant la détention
Des cas de mauvais traitements, de négligence médicale et de privation de soins ont été rapportés, touchant notamment des personnes déjà fragilisées après leur internement en Israël.
La juriste rappelle que ces pratiques contreviennent aux obligations internationales de l’Autorité palestinienne, notamment la convention contre la torture, et que le non-respect des décisions de libération prononcées par les tribunaux représente une double atteinte au droit.
ciblage des anciens détenus et motifs des arrestations
La Commission des familles de détenus politiques en Cisjordanie indique que les dernières opérations ont visé en priorité des ex-prisonniers, des étudiants et des militants, notamment dans les provinces de Jénine, Tubas, Tulkarm et Naplouse.
Elle affirme que la plupart des arrestations s’effectuent sans mandats judiciaires et que les chefs d’accusation sont souvent de nature politique ou organisationnelle, comme « incitation sectaire » ou « appartenance à une organisation interdite ».
- Les motifs réels évoqués : activité nationale, liberté d’expression, participation à des actions de solidarité.
- Nombre estimé des détenus politiques : plus de 160, dont certains détenus depuis plus d’un an malgré des ordonnances de libération.
- Signalements : cas de torture, manque d’hygiène et propagation de la gale dans les centres de détention.
Position des forces de sécurité
Les autorités sécuritaires palestiniennes défendent leurs opérations comme nécessaires pour « maintenir l’ordre et protéger la sécurité publique ». Elles affirment agir conformément à la loi pour poursuivre ceux qui mettent en danger la stabilité sociale.
Le porte-parole Anwar Rajab a déclaré dans la presse que les forces poursuivraient leurs efforts pour « éradiquer le chaos et protéger notre peuple », tout en rappelant que les citoyens disposent du droit de saisir les instances judiciaires en cas de plainte.
Situation actuelle et inquiétudes
Les familles et les défenseurs des droits humains dénoncent une pratique systémique d’arrestations politiques en Cisjordanie qui fragilise davantage des foyers déjà éprouvés par les périodes d’emprisonnement en Israël.
Les autorités judiciaires et les organisations locales font état d’un besoin urgent de garanties procédurales, de transparence sur les motifs d’arrestation et d’accès effectif à des soins médicaux pour les détenus.


