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Le 1er mai 2025, entre 32 000 et 100 000 manifestants ont défilé dans les rues de Paris, entre la place d’Italie et la place de la Nation, pour exprimer leur opposition à la réforme des retraites et défendre leurs droits sociaux. Malgré une certaine désunion syndicale, la mobilisation a presque doublé par rapport à l’année précédente, témoignant d’un fort mécontentement social dans la capitale.
Une mobilisation diverse et revendicative
Octave, jeune intermittent du spectacle, résume l’état d’esprit de nombreux manifestants : « On est là pour défendre nos droits, alors que les inégalités n’ont jamais été aussi criantes. » Sous un soleil éclatant et une chaleur pesante, la foule s’est rassemblée autour de multiples revendications. Les slogans portaient sur des demandes d’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, la dénonciation des coupes budgétaires, ainsi que des appels pour la paix.
Dans le cortège, on trouvait des pancartes contre la « trumpisation du monde », des drapeaux palestiniens et la présence d’une trentaine de « gilets jaunes ». Camille, venu de Vendée, exprime les préoccupations du groupe : défendre le bien-être des travailleurs, lutter contre « l’écrasement de taxes et d’impôts » et critiquer « l’incompétence des dirigeants politiques ».
Des syndicats divisés face à l’enjeu des retraites
La mobilisation parisienne, tout comme les quelque 230 rassemblements organisés dans toute la France, s’est tenue principalement à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires. Force ouvrière a également participé localement à certains cortèges. En revanche, les dirigeants de la CFDT et de l’Unsa ont préféré organiser une table ronde sur le travail plutôt que de rejoindre les manifestations.
Corinne, élue CGT de 59 ans, déplore cette absence d’unité syndicale : « C’est dommage qu’on ne soit pas tous là, ça manque énormément. »
Les voix engagées et les réalités sociales
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a affirmé dès le début du cortège : « Nous continuerons la bataille pour les 8 heures de travail par jour, les 35 heures et nous continuerons à nous battre pour la retraite à 60 ans. » Les préoccupations sociales sont palpables, et se traduisent par des réalités concrètes. Isabelle, accompagnatrice d’élèves en situation de handicap à temps partiel, témoigne de ses difficultés : avec un salaire de 1 096 euros par mois, elle peine à couvrir ses factures. « Hier, on a fait les courses, on en a eu pour 250 euros », confie cette mère célibataire qui défile avec sa fille de 23 ans, Celia.
Un sentiment de précarité grandissant
Martine, fonctionnaire d’État de 63 ans, souligne la montée du coût de la vie et les faibles revalorisations dans la fonction publique : « La vie est devenue chère, les primes sont au ras des pâquerettes et les revalorisations du point d’indice ont été minimes ces dernières années. » Directement concernée par le recul de l’âge de départ à la retraite, elle regrette le blocage de la concertation lancée par le Premier ministre : « On a l’impression qu’on est sortis du mouvement de mobilisation contre la réforme et on ne sait pas trop ce qui se passe au sein du conclave. »
La concertation entre partenaires sociaux bute depuis que la CGT, FO et l’U2P ont quitté les négociations, laissant craindre un gouvernement focalisé uniquement sur la dette et le réarmement, préparant les esprits à une absence de changement sur la réforme des retraites.
La crainte d’une remise en cause des acquis sociaux
Lauren, cadre comptable de 44 ans et sympathisante de La France insoumise, dénonce la « destruction » progressive des acquis sociaux : « On nous dit qu’il faudrait travailler le 1er mai, on parle de supprimer des jours fériés. » Elle alerte également sur le délitement des services publics et la précarité croissante, qui la rendent « inquiète » pour ses deux enfants âgés de 19 et 15 ans.
Les inquiétudes sur l’emploi sont également fortes, notamment face aux 600 suppressions de postes prévues chez le géant de l’acier ArcelorMittal. Michel, retraité de 70 ans, s’exclame : « On ne peut pas tolérer ça, le social est en train de se casser la gueule. »
Une mobilisation aussi contre la haine et pour la solidarité
Lamia, responsable de rayons chez Monoprix et élue syndicale, défile accompagnée de son fils Chemsy, 17 ans. Si elle s’alarme des menaces sur l’emploi, elle est aussi venue pour dénoncer la montée de la haine contre les musulmans en France. « J’ai l’impression que mon enfant n’est plus en sécurité », confie-t-elle après avoir assisté à un hommage à Aboubakar Cissé, assassiné dans une mosquée du Gard.
Son fils partage cette inquiétude : « En tant que musulman, on voit la haine, on a peur d’être jugé. » Lamia insiste : « Pourtant, on doit vivre ensemble, la solidarité doit être le maître mot. » Elle exprime sa déception envers un gouvernement qui « a perdu l’humain ».
Un appel à la persévérance dans la lutte
Michel, désabusé, ne croit plus en l’action du gouvernement : « On n’attend plus rien de François Bayrou », nommé il y a moins de cinq mois. « On n’espère rien de ce gouvernement, si ce n’est qu’il parte, par dissolution ou par démission », ajoute Lauren. Malgré le découragement, les manifestants veulent maintenir la pression. Gabriel, 28 ans, déclare : « Même si les manifestations contre les retraites n’ont pas abouti, le rassemblement du 1er Mai reste un moment important de l’année pour montrer que le peuple est uni. »
Une nouvelle journée d’action est annoncée pour le 5 juin, à l’appel de la CGT, pour poursuivre la mobilisation contre la réforme des retraites.