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Au Pérou, plus de 300 000 femmes, principalement issues de milieux pauvres et de communautés autochtones, réclament justice après avoir été victimes de stérilisations forcées dans les années 1990. Ces pratiques ont été mises en place dans le cadre d’une politique gouvernementale visant à limiter la natalité parmi ces populations.
Un passé douloureux
Cette situation constitue la plus grande vague de stérilisations forcées jamais documentée en Amérique latine. Des rapports indiquent que l’État péruvien a utilisé des menaces et des tromperies pour soumettre ces femmes à des opérations chirurgicales sans leur consentement éclairé, comme l’expose un article du quotidien français Le Parisien.

Des conséquences dévastatrices
La plupart des femmes touchées appartenaient à des groupes ethniques autochtones, notamment la communauté Ketchwa. Après ces interventions, beaucoup ont subi des conséquences dramatiques, tant sur le plan physique que psychologique. Certaines ont même été rejetées par leur propre famille, accusées à tort d’avoir demandé ces procédures de leur plein gré.
Maria Elena Carbajal, qui a été stérilisée à l’âge de 26 ans, témoigne : « J’ai ressenti pendant des années un profond sentiment de culpabilité, comme beaucoup de mes camarades qui ont commencé à se blâmer elles-mêmes à un moment donné. »
Les voix des victimes
Florentina Loayza, âgée de 46 ans et membre de l’Association des victimes de stérilisation forcée, raconte qu’elle n’avait que 19 ans et était mère d’un enfant lorsqu’elle a été stérilisée contre son gré. Elle explique que les séquelles de ces stérilisations sont à la fois physiques et psychologiques, entraînant douleurs, complications de santé et un sentiment de dévalorisation.
« Nous demandons à l’État de nous indemniser et de prendre soin de notre santé, plus que toute autre chose. La douleur n’est plus supportable, » déclare-t-elle. « Je ressens de la douleur à chaque instant; je ne peux rien soulever et je me sens comme si je n’avais plus aucune valeur. »

Une reconnaissance tardive
Le système judiciaire péruvien a finalement reconnu que ces pratiques faisaient partie d’une « politique publique » et a ordonné à l’État d’indemniser les victimes et de leur garantir un accès aux soins de santé. Cependant, cette décision reste souvent non respectée.
Dans un rapport publié l’an dernier, l’Organisation des Nations Unies a exhorté le gouvernement péruvien à « accélérer et élargir ses enquêtes » sur cette affaire, ainsi qu’à mettre en place un programme d’indemnisation complet pour les victimes. La Commission des droits de la femme de l’ONU a accusé le Pérou d’avoir mené un « attaque systématique et généralisée contre les femmes rurales et autochtones ».
Une politique de contrôle
Malgré les justifications avancées par le gouvernement, affirmant que ces actions faisaient partie d’un programme de planification familiale, les Nations Unies ont dénoncé une « attaque systématique » contre les femmes, en particulier celles issues des communautés rurales. Ces procédures ont souvent été réalisées sans le consentement éclairé des femmes, qui, dans de nombreux cas, avaient un faible niveau d’éducation et ne comprenaient pas l’espagnol, la langue des autorités péruviennes.
Leticia Bonifaz, ancienne membre de la commission des droits de la femme de l’ONU, a déclaré : « Ce programme de stérilisation ne s’est pas étendu aux villes, il était limité à des zones rurales spécifiques comme une méthode pour lutter contre la pauvreté, empêchant ainsi les femmes de procréer. »