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Après plusieurs années d’examen, le service de protection de la Constitution allemand a officiellement classé l’AfD comme parti d’extrême droite. Toutefois, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser et le chancelier Olaf Scholz restent prudents quant à l’ouverture d’une procédure de bannissement judiciaire, soulignant les défis constitutionnels que cela implique.
La classification officielle de l’AfD comme extrême droite
Le Verfassungsschutz, l’agence fédérale allemande chargée de la protection de la Constitution, a requalifié l’Alternative für Deutschland (AfD) comme « clairement d’extrême droite ». La ministre de l’Intérieur par intérim, Nancy Faeser (SPD), a qualifié cette décision de « claire et sans équivoque ».
Selon elle, le parti poursuit manifestement des objectifs contraires à l’ordre démocratique libre et fondamental. Elle a dénoncé une « posture ethno-nationaliste » qui se manifeste notamment par des propos racistes à l’encontre des immigrés et des musulmans.
Faeser défend l’indépendance du Verfassungsschutz
Nancy Faeser a insisté sur le fait que le Verfassungsschutz agit de manière autonome. Cette institution a pour mission légale de lutter contre l’extrémisme et de protéger la démocratie allemande. La nouvelle évaluation de l’AfD s’appuie sur un rapport approfondi de plus de 1 100 pages.
La ministre a fermement nié toute forme d’influence politique sur ce rapport, soulignant que la précédente classification du parti comme suspect d’extrémisme d’extrême droite avait été validée par la justice. Elle attend également une nouvelle vérification juridique indépendante de cette nouvelle décision.
Scholz appelle à la prudence face à un éventuel bannissement
Malgré ce classement, Nancy Faeser s’est montrée réservée quant à l’idée d’engager une procédure officielle visant à interdire l’AfD. Elle a rappelé les « lourdes barrières constitutionnelles » qui existent à cet égard, insistant sur la nécessité d’une approche mesurée sans précipitation.
Le chancelier Olaf Scholz a partagé cette prudence lors du Kirchentag évangélique allemand à Hanovre, pointant les précédents échecs d’interdiction partisane devant la Cour constitutionnelle, notamment celui de la NPD, un autre parti d’extrême droite. Il s’oppose fermement à toute décision hâtive.
Le Verfassungsschutz a fourni une justification détaillée de la nouvelle classification. Scholz estime que cela justifie une surveillance renforcée de l’AfD, tout en appelant à une discussion politique et juridique approfondie sur les mesures à prendre.
Réactions de l’AfD : dénonciation d’une « mesure politique »
Les dirigeants de l’AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, ont qualifié la décision d’« attaque grave contre la démocratie allemande ». Ils estiment que leur parti est discrédité et criminalisé publiquement à l’approche d’un changement gouvernemental.
Ils dénoncent une ingérence « clairement motivée politiquement » dans le processus démocratique et annoncent qu’ils vont continuer à se défendre par la voie judiciaire.
Le vice-président du parti, Stephan Brandner, a évoqué un « combat politique » des partis traditionnels contre l’AfD, qualifiant cette classification de « mesure inéquitable contre la seule force d’opposition ». Il a également critiqué le fait que cette nouvelle évaluation ait encore été effectuée sous la responsabilité de Nancy Faeser, la jugeant « peu souveraine ».
Markus Söder parle d’un « signal d’alarme final »
La ministre Faeser devrait prochainement céder son poste à Alexander Dobrindt (CSU). Le chef de la CSU, Markus Söder, a salué la décision du Verfassungsschutz comme un « signal d’alarme final ».
Il a déclaré que l’AfD est « globalement un parti d’extrême droite » et qu’« il ne peut y avoir aucune tolérance envers les ennemis de la démocratie ». Pour lui, la CSU adopte une ligne claire : « Pas de diabolisation, mais pas non plus de relativisation ». Söder a indiqué que son parti entend poursuivre l’affrontement politique avec l’AfD sur le terrain des idées et par une bonne gouvernance afin de la décrédibiliser.
Les écologistes dénoncent un parti « dangereusement radical »
Des figures majeures du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, Konstantin von Notz et Irene Mihalic, ont salué la requalification officielle de l’AfD. Ils considèrent cette décision comme un élément crucial pour envisager les chances d’un éventuel procès visant à interdire le parti.
Ils ont expliqué que l’AfD est en conflit profond avec la Constitution et l’ordre démocratique, et que sa radicalisation s’est intensifiée au fil des ans. Ils qualifient l’AfD de menace grave pour la démocratie et l’État de droit.
Pour eux, les autorités de sécurité doivent faire tout ce qui est légalement possible pour identifier et contrer ces tendances anti-démocratiques.