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Affaire Bétharram : une commission lance un appel à témoignages pour faire face aux abus

by charles
Affaire Bétharram : la commission d’enquête indépendante lance un appel à témoins
France

Scandale Bétharram : une commission d’enquête lance un appel à témoignages et débutent les auditions

Face à la gravité des révélations d’abus sexuels et violences physiques au sein de l’établissement catholique du Béarn, une commission d’enquête indépendante a été mise en place pour faire toute la lumière sur cette affaire dénoncée par plus de 200 anciens élèves. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de reconnaissance et de réparation, à la suite de la reconnaissance de responsabilité par la congrégation en mars dernier.

Une enquête ambitieuse pour une histoire de violences sociales

Créée à l’initiative des Pères de Bétharram avec l’appui de l’Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD), cette commission porte un mandat de 12 mois, financé à hauteur de 120 000 euros. Son président, Jean-Pierre Massias, compare ce processus aux commissions Vérité des années 1980 en Argentine ou en Afrique du Sud, visant à analyser la violence individuelle comme un phénomène social collectif et d’en tirer des enseignements durables.

Elle a lancé lundi 23 juin un appel à témoignages adressé non seulement aux victimes qui ont déjà porté plainte ou parlé, mais aussi à toute personne disposant d’informations susceptibles de faire avancer l’enquête. De plus, un portail web sécurisé a été mis en ligne pour recueillir anonymement ces déclarations, qui seront auditionnées à partir de septembre 2025, avec une intensification prévue en juillet, puis entre septembre et décembre.

Un travail de mémoire approfondi

Les auditions, qui débutent ce jour-là, seront doublées d’un effort de classement des archives de la congrégation, avec l’aide d’un laboratoire du CNRS, pour rendre publiques des données essentielles à la compréhension du contexte. La commission souhaite déposer son rapport dans un délai d’un an, mais prévoit potentialiser des mesures de réparation avant Noël, compte tenu de l’urgence sociale et morale que suscite cette affaire.

Commission indépendante Bétharram

Ce travail de reconnaissance est également marqué par une certaine défiance de la part de victimes et d’anciens élèves, certains dénonçant une opération de blanchiment et exigeant que la justice fasse la lumière sur la responsabilité de l’Église et de ses responsables, notamment François Bayrou. Marc Lacoste-Séris, ancien élève ayant porté plainte dans les années 1990, qualifie même cette démarche d’ »opération blanchiment ».

Les enjeux financiers et éthiques

La question de la réparation financière demeure l’un des points les plus sensibles. La congrégation estime ses moyens limités, avec une indemnisation déjà versée de 700 000 euros à 19 victimes, représentant 60 % de ses finances, selon Laurent Bacho, prêtre bétharamite. La vente de biens immobiliers, envisagée pour indemniser d’autres victimes, apparaît insuffisante selon certains, alors que l’État pourrait, selon certains experts, être appelés à prendre en charge une partie des responsabilités, comme cela est le cas pour d’autres établissements sous contrat.

En ce qui concerne le suivi des prédateurs, la commission entend faire preuve de vigilance face au changement fréquent de postes, notamment à l’étranger. Certaines victimes en Côte d’Ivoire et en Centrafrique ont été recensées, soulignant que certains prêtres, décédés ou encore en fonction, avaient pu importer la violence dans d’autres régions du globe. La mise en place d’un « suivi des prédateurs » à l’étranger est ainsi renforcée, pour éviter que la tragédie ne se répète ailleurs.

Une démarche de justice réconciliatrice

Selon Antoine Garapon, président de la CRR (Commission de Reconnaissance et Réparation) mise en place par l’Église depuis 2021, cette approche privilégie une parole authentique en dehors du système judiciaire traditionnel, permettant aux victimes un espace de reconnaissance. Ce processus, plus souple que la justice pénale, facilite l’acceptation des responsabilités par la congrégation et ses représentants.

Auditions victimes Bétharram

Une partie des victimes et anciens élèves reste cependant méfiante, dénonçant un faux semblant de transparence. La colère et la frustration persistent, notamment face à la difficulté de faire face à la réalité financière de la commission, confrontée à des moyens limités par rapport aux exigences de réparation, et à la chronique faiblesse des biens immobiliers à vendre.

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