Vingt ans après le bombardement de la base militaire française de Bouaké, en Côte d’Ivoire, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Cet événement tragique, survenu le 6 novembre 2004, a coûté la vie à neuf soldats français, dont cinq du RICM de Poitiers, ainsi qu’à un civil américain. Dans son livre * »Bouaké, Hautes Trahisons d’État »*, le journaliste de France Inter, Emmanuel Leclère, aborde les révélations et dysfonctionnements entourant cette affaire.
Les faits
En 2004, les soldats français étaient présents en Côte d’Ivoire dans le cadre du 7e mandat de l’ONU en tant que force impartiale de maintien de la paix. À 13h20, le lycée Descartes, où se trouvaient les militaires, a été attaqué par deux avions Sukhoï 25, qui ont tiré des roquettes, causant d’importants dégâts.
Dix jours après le bombardement, plusieurs suspects ont fui vers le Ghana et le Togo en se faisant passer pour des mécaniciens agricoles. Parmi eux, un pilote, Yury Sushkin, a été condamné dans cette affaire. Selon l’avocate de la famille de l’adjudant-chef Capdeville, Patricia Coutand, les autorités togolaises ont immédiatement informé la France, mais aucune réponse n’a été apportée, laissant les victimes choquées : « on avait le meurtrier, et on l’a laissé filer ».
Ce n’est qu’en 2021 que le procès a eu lieu à la cour d’assises spéciale de Paris, où les responsables du bombardement étaient absents, mais condamnés à la perpétuité.
Encore des questions
Malgré ces développements judiciaires, de nombreuses interrogations subsistent, comme le souligne Me Coutand : « Dans une procédure judiciaire, tout le monde poursuit le même objectif, à savoir, répondre à la question du pourquoi. Quand vous avez un proche militaire qui meurt alors que ça n’aurait pas dû arriver, vous avez encore plus besoin de répondre à cette question ». L’instruction n’a pas permis d’apporter de réponses satisfaisantes aux victimes et à leurs familles, compliquant ainsi le processus de deuil.
Dans son ouvrage * »Bouaké, Hautes Trahisons d’État »*, publié le 22 octobre 2024, Emmanuel Leclère met en lumière les dysfonctionnements de cette affaire et l’impact qu’elle a eu sur les familles des victimes.
