Agitateurs accusés d’islamophobie après l’attaque de Southport
Les musulmans britanniques, ainsi que des activistes et des groupes de défense des droits civiques, ont dénoncé les émeutes à Southport et les discours de haine qui ont suivi une attaque au couteau mortelle, évoquant un sentiment de peur et une montée de l’islamophobie.
La ville balnéaire du nord de l’Angleterre, frappée par le chagrin après qu’un suspect ait blessé des enfants et des adultes lundi dans un club de danse sur le thème de Taylor Swift, a sombré dans le chaos mardi soir lorsque des émeutiers ont attaqué une mosquée locale, scandé « F*** Muslims » et agressé la police.
Plus de 50 officiers ont été blessés lors des émeutes qui ont éclaté après une veillée pacifique. Les tensions ont augmenté à mesure que des informations erronées et des spéculations circulaient sur le suspect de l’attaque au couteau. Des allégations non vérifiées ont suggéré qu’il était musulman et migrant.
La police a indiqué que le suspect était un adolescent de 17 ans, né à Cardiff, la capitale du Pays de Galles, et vivant dans un village près de Southport. Aucun autre détail à son sujet n’a été annoncé, car les suspects ne peuvent pas être nommés avant d’être inculpés, et ceux de moins de 18 ans bénéficient d’une anonymité automatique.
Les forces de l’ordre du Merseyside ont affirmé que la tragédie, au cours de laquelle Bebe King, six ans, Elsie Dot Stancombe, sept ans, et Alice Dasilva Aguiar, neuf ans, ont été tués, n’est pas considérée comme un incident lié au terrorisme.
Cependant, des figures comme l’agitateur d’extrême droite Tommy Robinson ont attisé les tensions en s’en prenant aux musulmans et aux migrants sans papiers après l’attaque, suggérant que le gouvernement, la police et les médias conspirent pour cacher des informations au public.
Dans une vidéo de sept minutes publiée mardi sur son compte X, Robinson a déclaré à ses 800 000 abonnés : « Il y a plus d’évidences pour suggérer que l’islam est un problème de santé mentale plutôt qu’une religion de paix. Ils remplacent la nation britannique par des migrants hostiles, violents et agressifs… Vos enfants ne comptent pas pour le gouvernement travailliste. »
Nigel Farage, le député populiste d’extrême droite, a partagé une vidéo sur X mardi, demandant : « Est-ce que ce gars (le suspect) était surveillé par les services de sécurité ? Certains rapports disent que oui. D’autres, moins sûrs. La police dit que ce n’est pas un incident terroriste… Je me demande simplement si la vérité nous est cachée. »
Un grand nombre d’autres comptes sur les réseaux sociaux ont blâmé les musulmans pour l’attaque de lundi, qui a choqué le Royaume-Uni et entraîné une vague de chagrin et de sympathie pour les familles des victimes. Cinq des huit autres enfants blessés par des coups de couteau, ainsi que deux adultes, sont dans un état critique.
La police du Merseyside a déclaré que certains des émeutiers « étaient considérés comme des partisans de l’English Defence League », le mouvement d’extrême droite fondé par Robinson.
Le Réseau des mosquées de la région de Liverpool a déclaré dans un communiqué qu’il était « choqué et horrifié » par l’attaque au couteau contre des enfants et des adultes dans l’école de danse. « Une minorité de personnes tente de faire croire que cet acte inhumain est en quelque sorte lié à la communauté musulmane. Francément, ce n’est pas le cas, et nous ne devons pas laisser ceux qui cherchent à nous diviser répandre la haine et utiliser cela comme une opportunité », a-t-il déclaré.
Fatima Rajina, chercheuse au Stephen Lawrence Research Centre spécialisée dans des questions telles que l’identité, la race et les musulmans britanniques, a déclaré : « Je me suis sentie terrifiée pour les musulmans de Southport. Personne ne peut jamais dire aux musulmans que nos peurs ne sont qu’une illusion. L’islamophobie a toujours été facilitée par la politique des sifflets des politiciens qui ne rendent jamais compte. »
Un post sur X qui a été partagé plus de 4 000 fois a fait référence à une autre émeute récente que certains agitateurs en ligne ont à tort blâmée sur les musulmans. « Avant de ridiculiser un musulman britannique en disant qu’il ne se sent plus en sécurité dans le pays de sa naissance, rappelez-vous simplement que ces deux dernières semaines, nous avons été blâmés pour les émeutes de Leeds et les coups de couteau à Southport, qui n’avaient rien à voir avec nous », a-t-il déclaré.
Récemment, à Leeds, des émeutiers ont agi après que les autorités locales ont intervenu dans une affaire de protection de l’enfance.
Le Runnymede Trust, un think tank sur l’égalité raciale, a déclaré à propos des émeutes de Southport : « C’est l’issue inévitable et dévastatrice de la montée de l’islamophobie qui s’est développée sur les réseaux sociaux, dans les médias traditionnels et par notre classe politique. Nos pensées accompagnent les habitants de Southport et les musulmans britanniques à travers le pays. »
Zara Mohammed, la présidente du Muslim Council of Britain, a déclaré : « À un moment de grande tragédie, de perte et de deuil, nous devons résister fermement contre les forces cyniques de la haine et de la division. Cela ne représente pas notre Grande-Bretagne diverse et les habitants de Southport. Le gouvernement doit s’attaquer à la montée de l’extrémisme violent d’extrême droite qui cible les communautés musulmanes. Il faut faire d’avantage pour lutter contre l’islamophobie. »
Le maire de Liverpool, Steve Rotheram, a déclaré que les émeutes « traumatisaient encore davantage une communauté qui a déjà du mal à faire face à cette attaque. Une violence insensée dirigée contre les personnes qui se sont précipitées vers le danger hier, ainsi que l’islamophobie, ne fait que détourner l’attention du travail de justice. »
Jenni Stancombe, la mère de la victime de sept ans, Elsie Dot Stancombe, a appelé au calme. « C’est la seule chose que j’écrirai, mais s’il vous plaît, arrêtez la violence à Southport ce soir », a-t-elle posté sur les réseaux sociaux.