À Séméac, dans les Hautes-Pyrénées, la mobilisation d’agriculteurs se poursuit malgré le froid et les fêtes de fin d’année : l’échangeur Tarbes-Est est bloqué jour et nuit depuis plus de deux semaines pour faire entendre leurs revendications. La solidarité locale leur vient en aide.
La Coordination rurale, les Jeunes agriculteurs et la FDSEA ont appelé à une trêve pour les fêtes, et à une reprise des actions début janvier. Seul l’échangeur de l’A64 à Séméac reste bloqué. En ce début de soirée du 24 décembre, les klaxons des rares automobilistes encore sur les routes résonnent comme signes de soutien. Sous les bâches et autour des braseros, l’ambiance se veut chaleureuse malgré le froid.
Pour marquer le coup, les agriculteurs ont improvisé un repas de fête : toasts de saumon, foie gras poêlé, magret de canard et pommes de terre rissolées. « On n’en peut plus de la ventrèche-saucisse ! », plaisante un jeune ouvrier agricole, qui dort depuis quinze jours dans sa voiture pour participer au mouvement. Derrière l’humour, la fatigue est bien réelle. « C’est dur, mais la nécessité prévaut : si l’on lâche maintenant, rien ne sera obtenu. Malgré la mobilisation, la fermeté des demandes semble ignorée. »
À qui ça profite ?
Autour du feu, les échanges se poursuivent et les inquiétudes demeurent. L’avenir de la profession apparaît toujours sombre, notamment après l’annonce d’un nouveau cas de dermatose nodulaire en Haute-Garonne et l’abattage de nouvelles bêtes. Cette réalité nourrit la défiance envers les décisions gouvernementales et renforce le sentiment que la solidarité est indispensable pour tenir face à la pression économique et sanitaire. « S’il y a moins de viande en France, il faudra en importer davantage. À qui ça profite, finalement, de tuer des troupeaux ? » interroge un éleveur, convaincu que le protocole sanitaire actuel sert des intérêts qui dépassent ceux des agriculteurs.

Malgré tout, la solidarité ne faiblit pas. Des habitants prennent le temps de s’arrêter pour apporter leur soutien: bouteilles de champagne, mots d’encouragement et poignées de main. Des bûches de Noël offertes par des pâtissiers ont également été apportées, apportant un peu de baume au cœur.
Dans le froid de l’hiver, la mobilisation se poursuit. À Séméac, les agriculteurs assurent que seuls les CRS pourront les déloger et que leurs revendications resteront visibles tant qu’ils seront sur le rond-point.