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Le think tank The Shift Project, fondé par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, a publié un rapport sur l’agriculture face au changement climatique, le jeudi 28 novembre. Ce rapport arrive en plein cœur d’une crise agricole marquée par un recul des normes environnementales. Selon Clémence Vorreux, coordinatrice des travaux sur le sujet, *« ce rapport invite tous les acteurs à mener une réflexion approfondie et concertée sur nos priorités pour le monde agricole, avec une projection à l’horizon 2050 »*. Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, salue quant à elle l’importance du travail réalisé.
Impact de l’agriculture sur le climat
Deux constats majeurs émergent du rapport : l’agriculture est responsable d’un cinquième des émissions nationales de gaz à effet de serre et est très dépendante des énergies fossiles, tant pour le fonctionnement des tracteurs que pour la production d’engrais azotés. Corentin Biardeau-Noyers, coauteur du rapport, souligne que *« pour produire un kilo d’azote, il faut l’équivalent énergétique d’un litre de pétrole »*.
Préoccupations des agriculteurs
Le Shift Project a basé ses conclusions sur une série d’auditions de chercheurs, d’agriculteurs et de syndicats agricoles, ainsi que sur une consultation en ligne auprès de 7 700 exploitants. Les résultats montrent que plus de 80 % des agriculteurs interrogés sont préoccupés par la viabilité de leur exploitation face au réchauffement climatique. De plus, plus de 80 % estiment manquer d’aide financière pour s’engager efficacement dans cette transition. Clémence Vorreux observe : *« On ne peut qu’être interloqué que ce sujet ne soit pas plus sur le devant de la scène »*.
Une agriculture en quête de résilience
Le rapport identifie trois objectifs principaux pour l’agriculture : nourrir la population, exporter et réduire la consommation énergétique du secteur. Corentin Biardeau-Noyers appelle à clarifier ces objectifs, affirmant que *« si on ne clarifie pas les objectifs du secteur, on va dans le mur »*. La notion de résilience face aux risques climatiques et aux crises internationales doit être intégrée dans la réflexion. Le Shift Project préconise ainsi une refonte profonde des systèmes de production, car *« les systèmes agricoles ont perdu en résilience »* à cause de l’avènement des monocultures.
L’agroécologie comme solution
Une des solutions évoquées dans le rapport est l’agroécologie, qui consiste à produire en respectant la biodiversité et les ressources en eau. Le Shift Project préconise des aides publiques cohérentes pour accompagner cette transition. Clémence Vorreux précise : *« On ne peut pas demander aux agriculteurs d’être militants. Il faut un cadre incitatif au changement »*.
Réactions politiques et syndicales
Le député écologiste Benoît Biteau critique la récupération du mouvement par les syndicats, soulignant un affaiblissement des mesures en faveur de l’agroécologie. François Veillerette, cofondateur de Génération futures, déplore que *« chaque ministre soit pire que le précédent »* en matière de protection de l’environnement. Il souligne le fossé entre les rapports sur la pollution des eaux et les discours politiques actuels.
Débat autour des enjeux agricoles
Un débat entre la Confédération paysanne, la Coordination rurale et la FNSEA est prévu, ce qui permettra d’échanger sur ces enjeux cruciaux. Clémence Vorreux avertit : *« Il serait vraiment dommage que le résultat de la mobilisation actuelle ne soit que des mesures de petite échelle sans vision de long terme. Ainsi, la situation risque de s’aggraver »*.