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Une polémique grandissante secoue actuellement le monde agricole français autour de la loi Duplomb, portée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Cette loi, adoptée récemment, vise notamment à autoriser la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe. La décision du Conseil constitutionnel sur la conformité de cette loi doit intervenir d’ici le 10 août, et face à cette échéance, une mobilisation sans précédent s’est organisée.
Une pétition record et une mobilisation citoyenne
Une étudiante a lancé une pétition le 10 juillet dernier pour demander l’abrogation de cette loi. En seulement quelques jours, celle-ci a recueilli plus d’1,2 million de signatures, dépassant largement le seuil de 500 000 signatures qui permet à la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale d’organiser un débat en séance publique. Ce processus pourrait ouvrir une discussion parlementaire sur le sujet, mais la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, s’est montrée claire : si un débat est organisé, il ne remettra pas en cause la loi sur le fond.
Une opposition accusée d’instrumentalisation
Le sénateur Laurent Duplomb a dénoncé cette initiative comme une tentative « instrumentalisée » par « l’extrême gauche et les écologistes » pour faire pression sur le Conseil constitutionnel. Selon lui, cette pétition ne serait pas le reflet d’un réel ras-le-bol des Français, mais un outil de propagande. Il affirme que cette mobilisation vise uniquement à faire obstacle à la validation du texte par l’institution constitutionnelle.
Le sénateur insiste également sur le fait que le débat parlementaire, s’il a lieu, ne remettra pas en question le principe même de la loi. La question de la réintroduction de l’acétamipride demeure donc désormais en suspens, avec les inquiétudes exprimées par certains agriculteurs, notamment ceux cultivant des betteraves ou des noisettes, qui considèrent ce pesticide comme indispensable à leur activité face à des ravageurs. A l’inverse, les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme, dénonçant un « tueur d’abeilles » dont l’usage pourrait avoir des effets dévastateurs sur la biodiversité.
Les enjeux sanitaires et écologiques en jeu
Les risques pour la santé humaine restent encore mal évalués en l’absence d’études approfondies. Les experts soulignent que, même si les risques restent incertains, la précaution devrait guider la réglementation. La controverse ne concerne pas seulement la sécurité sanitaire, mais également la préservation des populations d’abeilles, essentielles à la pollinisation, et la durabilité de l’agriculture française face aux pressions environnementales et économiques.
Les tensions persistent entre producteurs agricoles souhaitant utiliser ce traitement pour défendre leurs cultures, et écologistes qui craignent un désastre écologique. La décision imminente du Conseil constitutionnel pourrait donc marquer un tournant dans ce bras de fer, tout en alimentant un débat plus large sur la place des pesticides dans l’agriculture moderne.