Le Parlement européen a adopté une position sur l’usage des dénominations décrivant des produits sans viande, visant à bannir des termes comme « steak végétal » ou « burger veggie » pour les produits sans viande. « Il s’agit de transparence et de clarté pour le consommateur et de reconnaissance pour le travail de nos éleveurs », a affirmé Céline Imart, la députée de droite (Parti populaire européen) à l’origine du texte. Il n’est « aucunement question d’interdire les alternatives végétales, mais je suis attachée à la valorisation des termes, à leur sens véritable », avait-elle ajouté mardi lors d’un débat animé dans l’hémicycle. Les produits végétariens imitant la viande ont connu un essor au cours des dernières années, porté par le souci des consommateurs de manger sainement, de défendre le bien-être animal ou de réduire leur empreinte environnementale, alors que les élevages sont de gros émetteurs de CO2. Cette loi visant à interdire les dénominations comme « steak de soja » a divisé la droite.
À Strasbourg, le vote et les enjeux des appellations
Le vote intervenu le 8 octobre 2025 s’est traduit par 355 voix pour et 247 contre, confirmant un consensus relatif mais partagé sur la nécessité de clarifier les dénominations des substituts végétaux. La mesure doit désormais être négociée avec les États membres pour être appliquée.
La droite a vu sa cohérence mise à l’épreuve: certains élus estiment que l’interdiction de termes comme « steak végétal » va dans le sens de la transparence, tandis que d’autres, dont des écologistes, ont dénoncé une instrumentalisation du sujet par des lobbies, notamment le lobby de la viande, selon les termes employés par Anna Strolenberg et d’autres proches du texte. « Nous ne devons pas prendre les consommateurs pour des imbéciles », si « un emballage indique burger végétarien ou saucisse végétarienne », chacun peut décider s’il veut l’acheter ou non, a réagi l’eurodéputé allemand Peter Liese. Le Conseil d’État était en faveur de cette dénomination dans le cadre du contexte français, selon certaines sources, et le sujet a nourri les échanges entre Strasbourg et Paris, où deux arrêtés de 2024 avaient été annulés fin janvier 2025 par le Conseil d’État, relançant les débats nationaux sur la nomenclature des produits végétaux.
Les élus écologistes ont été vent debout contre le texte. D’après La Dépêche du Midi et d’autres dépêches, la Néerlandaise Anna Strolenberg a dénoncé le « lobby de la viande » qui « tente d’affaiblir ses concurrents innovants dans le domaine alimentaire ». Le regard des acteurs de la filière est contrasté: Interbev, la filière Elevage et Viande française, affirme que l’appropriation des dénominations de la viande à des fins marketing « brouille les repères et affaiblit la reconnaissance d’un produit brut et 100 % naturel ». En 2020, les eurodéputés avaient rejeté une loi sur le même sujet; les élections européennes de 2024 ayant modifié l’équilibre des partis, les positions se sont accrues au sein des formations soutenant les producteurs agricoles.
En Allemagne, Lidl et Aldi ont averti que l’interdiction de termes familiers pourrait rendre plus difficile la vente de leurs produits végétaux, et en France, le débat a été suivi de l’annulation par le Conseil d’État d’un décret resté controversé sur les appellations. L’épilede des échanges montre que ce dossier continue d’alimenter les débats entre protections du consommateur et liberté d’information du marché.
Réactions et implications pour consommateurs et industrie
Beuc, l’Union européenne des consommateurs, a mis en lumière une part importante des consommateurs qui comprendront ces noms tant que l’étiquetage est clair, bien que certains estiment que les appellations restent ambiguës dans certains cas. « Près de 70% des consommateurs européens comprennent ces noms tant que les produits sont clairement étiquetés comme véganes ou végétariens », a indiqué Irina Popescu du BEUC.
Interbev a réagi en soulignant que la façon dont les dénominations sont « s’appropriant les dénominations de la viande à des fins marketing », brouille les repères et affaiblit la reconnaissance d’un produit brut et 100 % naturel. Pour Nicolas Schweitzer, PDG de La Vie qui fournit du bacon végétal, l’adoption de ce texte est « une vraie déception » et représente « une tentative de déstabilisation de la progression des alternatives végétales », alors que ces produits répondent à une demande croissante des consommateurs soucieux de l’environnement et de l’éthique. Des inquiétudes similaires sont exprimées en Allemagne quant à l’impact sur les supermarchés et la lisibilité des choix pour les consommateurs.
Ce dossier demeure sensible et en évolution: la mesure doit encore être négociée entre les États européens, et la France poursuit ses ajustements juridiques après les décisions contentieuses du Conseil d’État. Le débat reflète des tensions plus larges entre transparence, écologie et compétitivité des filières agricoles dans un marché européen complexe et en mutation.