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Les pommes de Seine-et-Marne se distinguent par leur douceur et bénéficient d’un climat particulièrement adapté à leur culture, surpassant ainsi certaines régions plus réputées comme la Normandie ou la Bretagne. Cette qualité leur permet de remporter des concours agricoles prestigieux, à l’image du jus de pomme fermier de la Cueillette de Compans, médaillé d’argent au dernier Salon de l’agriculture.
Lors du concours général du Salon de l’agriculture, le second jus de pomme fermier primé était produit en Seine-et-Marne. La Cueillette de Compans, située dans le nord du département, a obtenu la médaille d’argent grâce à une boisson élaborée à partir d’une dizaine de variétés de pommes issues de ses 3,5 hectares de vergers. « Ce fut une belle surprise », confie Adèle Deville, la gérante de l’exploitation familiale. Bien que cette production locale reste encore peu connue, la Seine-et-Marne se révèle une terre propice à la culture de la pomme et peut rivaliser avec les régions plus célèbres dans ce domaine.
Contrairement aux idées reçues, la Seine-et-Marne avait tous les atouts pour convaincre le jury. Adèle Deville, agricultrice de 30 ans, dirige depuis un an la Cueillette de Compans avec son mari, reprise par ses parents en 1984, fondateurs du réseau national des cueillettes « Chapeau de Paille ».
Un palmarès déjà bien établi
Le jus de pomme de la Cueillette de Compans avait déjà été primé en 2017, décrochant la médaille d’or au Salon de l’agriculture. Sur leurs 17 hectares de cultures maraîchères, les vergers représentent 3,5 hectares. Le jus primé est élaboré à partir de pommes abîmées non vendues aux clients, mêlant dix variétés différentes, une diversité considérable selon Adèle, qui arpente ses pommiers avec énergie.
Composé à 100 % de fruits sans aucun additif, ce jus clair offre un équilibre subtil entre acidité, sucre, couleur et saveur en bouche. « Certaines variétés donnent plus ou moins de couleur. Le défi est d’obtenir ce juste équilibre, souvent le jus est trop sucré. Heureusement, mes parents nous ont beaucoup aidés », explique Adèle.
La bouteille est vendue à 3,95 € et s’écoule à 10 000 exemplaires par an. « La vente marche très bien, que ce soit dans notre boutique ou dans trois enseignes à Paris. Le jury a apprécié le goût sucré naturel et l’aspect attrayant du jus. » Ce jus fermier se distingue nettement de ceux du commerce, qui contiennent rarement uniquement du jus de pomme.
Cette culture demande cependant un travail important. « Nous sommes accompagnés par des techniciens pour garantir une qualité optimale. Les pommiers sont exposés aux ravageurs et sensibles aux gelées », précise-t-elle.
Un climat idéal pour la pomme
Au sud du département, Charlotte et Arnaud, de la ferme de l’Abondance à Vaux-sur-Lunain, produisent du jus de pomme bio depuis 2016. Ils vendent chaque année 15 000 bouteilles à 3,80 € le litre. Ces agriculteurs céréaliers soulignent que la culture des pommes est leur activité la plus chronophage.
« Le climat est vraiment favorable à la production. Nous avons peut-être un peu plus de risque de gel qu’en Normandie, mais les pommes de notre département sont excellentes. C’est une question de terroir. Nos variétés ne sont pas les mêmes que celles de Normandie. Notre jus est plutôt sucré, même si cela varie selon l’ensoleillement. Il est assez gourmand », explique Charlotte.
Un produit sain et recherché
Michel Biberon produit du jus de pomme et du cidre fermier depuis trente ans à la ferme de la Bonnerie, à Verdelot, dans le nord-est de la Seine-et-Marne. « Nos sols limoneux et argileux donnent un jus fruité, à la fois sucré et acidulé. Nous fournissons même certains fabricants de Normandie et Bretagne, comme Val de Rance dans les Côtes-d’Armor. Là-bas, les pommes sont plus amères et tanniques, adaptées pour le cidre », précise-t-il.
Avec ses 11 hectares de vergers, il embouteille et vend 150 000 bouteilles par an. « La demande est telle que nous ne pouvons plus accepter de nouveaux clients. Le jus de pomme est un produit tendance et sain, non enrichi en sucre comme beaucoup d’autres jus de fruits », assure Michel.
Cependant, la pérennité de cette culture est menacée. « Planter un hectare coûte entre 40 000 et 50 000 euros, et il faut attendre 7 à 8 ans pour que les pommiers commencent à produire. Le métier d’arboriculteur est en voie de disparition. Ces cultures demandent beaucoup de main-d’œuvre, et il devient difficile de trouver des personnes pour travailler dans les vergers », conclut-il.