Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, annonce lancer cet été des conférences sur la souveraineté alimentaire et la présentation d’une nouvelle loi EGalim destinée à structurer une stratégie nationale sur dix ans. Elle affirme que la guerre agricole se prépare et appelle les filières à reprendre l’autonomie alimentaire. « La guerre, la vraie, n’a plus rien d’impossible, chaque jour nous le rappelle. Il nous faut nous y préparer. Si elle éclate, que les Français le comprennent bien, c’est sur nos agriculteurs, et sur eux seuls, qu’il faudra compter pour nous nourrir », a-t-elle affirmé.

À Rungis, un appel à un grand réveil alimentaire
Depuis le marché de gros de Rungis, la ministre a lancé des conférences de la souveraineté alimentaire destinées à définir une stratégie agricole nationale sur dix ans et a annoncé qu’une nouvelle loi EGalim serait présentée à cet horizon. Elle a appelé à un « grand réveil alimentaire » et a insisté sur la nécessité de soutenir les filières françaises pour préserver l’autonomie en alimentation face à des pressions extérieures et à des dynamiques mondiales mouvantes.
Elle a listé les « lames de fond » qui menacent la première puissance agricole européenne, notamment l’érosion de nos facteurs de production et le vieillissement des forces humaines, puisque dans les dix prochaines années, un actif agricole sur deux partira à la retraite. La ministre a aussi évoqué la volatilité des prix, le poids des charges, le dérèglement climatique et les choix de consommation qui influent sur la compétitivité et la sécurité alimentaire nationale.
La ministre a rappelé une tendance clé: « La part que les Français consacrent à l’alimentation dans leur budget a reculé de manière spectaculaire ces dernières années, passant de 35 % en 1960 à moins de 20 % aujourd’hui », a-t-elle constaté, plaidant pour un patriotisme alimentaire et pour une mobilisation transversale des acteurs afin de renforcer l’autosuffisance nationale.
Des enjeux économiques et un horizon de déficit potentiel
En parallèle, Annie Genevard a souligné que la balance commerciale agricole française pourrait être déficitaire en 2025, phénomène rare dans l’histoire récente et qui constituerait une rupture par rapport à plusieurs décennies de stabilité relative. Elle a insisté sur la nécessité de prévenir ces déséquilibres en améliorant la productivité, en réduisant les coûts et en sécurisant les approvisionnements des filières clés, tout en préservant les capacités d’innovation et d’adaptation face au dérèglement climatique et aux tensions commerciales. Cette articulation entre objectifs industriels et exigences budgétaires illustre la priorité donnée à une souveraineté alimentaire durable.