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Al Jazeera visite le premier camp étudiant pro-Palestine en Espagne

by Sara

Visite d’Al Jazeera au camp étudiant pro-Palestine en Espagne

Valence – Angela Torres, étudiante à l’Université de Valence en Espagne, n’a pu retenir ses larmes en évoquant la situation des habitants de la bande de Gaza, soumis à une guerre continue depuis huit mois. Elle se reproche de ne pas en avoir su davantage sur la cause palestinienne auparavant, mais elle en connaît désormais bien plus.

Angela Torres a confié à Al Jazeera qu’elle ne s’attendait pas à vivre une époque où un peuple serait victime de « génocide ». « Nous avons entendu parler de ces événements dans le passé, mais ce qui est étrange, c’est de les vivre au XXIe siècle, et d’être contraints de manifester à l’université pour exprimer notre désaccord. J’ai peur du présent avant même de redouter l’avenir », a-t-elle expliqué en séchant ses larmes.

Torres se rend quotidiennement au lieu de la manifestation, qui dure depuis plus de deux semaines, sur la place de la Faculté de Philosophie. Elle a exprimé son inquiétude ainsi que celle de ses camarades à l’approche des examens, mais explique que pour eux, ce n’est pas une priorité : « Il y a des gens qui meurent à Gaza, et c’est plus important », a-t-elle déclaré.

![L’étudiante Angela Torres choquée par le traitement inhumain des Palestiniens par l’armée israélienne](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/%D8%B4%D9%84%D8%A8%D9%8A%D8%B3%D9%A22-1715687597.jpg?w=770&resize=770%2C513)

L’étudiante Angela Torres s’est dite choquée par le traitement « inhumain » des Palestiniens par l’armée israélienne (Al Jazeera)

Effet continu

Les étudiants manifestants ont accroché une banderole à l’entrée de leur faculté, exposant leurs quatre revendications :

  • Rompre toutes les relations académiques et financières entre leur université et les universités israéliennes.
  • Demander à l’administration universitaire de cesser ses relations avec des entreprises, des banques et des institutions liées au côté israélien.
  • Publier une déclaration claire condamnant le « génocide » continu dont souffrent les habitants de la bande de Gaza.
  • Établir de nouvelles relations avec le côté palestinien, notamment avec les universités de Gaza détruites et dont les étudiants sont privés de poursuivre leurs études.

Marc Cabier, un autre étudiant participant à la manifestation depuis ses débuts, a précisé que ces revendications ne cesseraient pas même si l’agression israélienne sur Gaza prenait fin. « Nous voulons des actions ayant un effet durable, non pas temporaire ou symbolique », a-t-il déclaré.

Cabier reste constamment dans le camp, ne rentrant chez lui, à moins d’un kilomètre de l’université, que pour se doucher ou changer de vêtements. Il gère les besoins du camp et coordonne avec les autres étudiants, notamment en matière de tentes, dont le nombre a dépassé la trentaine.

![L’étudiant Marc Cabier participant à un atelier culturel mêlant poésie révolutionnaire espagnole et palestinienne](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/%D8%B4%D9%84%D8%A8%D9%8A%D8%B3%D9%A21-1715687590.jpg?w=770&resize=770%2C513)

L’étudiant Marc Cabier participant à un atelier culturel mêlant poésie révolutionnaire espagnole et palestinienne (Al Jazeera)

Une seule communauté

Cabier se rappelle ses sentiments lors des premiers jours de la manifestation : « J’ai senti que, enfin, je pourrais faire quelque chose de significatif, au lieu de simplement suivre l’actualité de loin ». Aujourd’hui, lui et ses camarades se considèrent comme une seule communauté avec des revendications claires, exerçant leur droit à exprimer leur rejet du génocide en cours à Gaza.

Il a assuré à Al Jazeera qu’il n’y avait eu aucun problème de sécurité ni harcèlement de la part de l’administration universitaire, et qu’ils se sentent libres dans leur université. Ils gèrent les affaires du camp avec le soutien des professeurs, des membres de la communauté locale, et même de ceux qui les contactent en ligne depuis Gaza.

Néanmoins, ils ressentent une déception face à l’administration universitaire, car malgré leurs appels répétés, la direction ne s’est pas encore rendue au camp pour écouter leurs doléances.

Cabier a ajouté : « Nous n’avons pas beaucoup de temps, le génocide continue, et les étudiants continuent leur manifestation, mais rien ne change concrètement pour l’instant ».

Il a cité un célèbre proverbe anglais : « Beaucoup de petites gens, dans beaucoup de petits endroits, faisant beaucoup de petites choses, peuvent changer le visage du monde ». « C’est ce que nous ressentons dans nos petites tentes, malgré l’incertitude quant à l’avenir proche. », a-t-il conclu.

![L’étudiante Sarah Jarboe de l’Université Polytechnique participant aux activités du camp de l’Université de Valence](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/%D8%B4%D9%84%D8%A8%D9%8A%D8%B3%D9%A23-1715687605.jpg?w=770&resize=770%2C513)

L’étudiante Sarah Jarboe de l’Université Polytechnique participant aux activités du camp de l’Université de Valence (Al Jazeera)

Propagation

La présence dans le camp ne se limite pas aux étudiants. Des étudiants d’autres universités, des membres de la communauté locale, et particulièrement des membres de la communauté arabe et palestinienne participent également à certaines activités. Ils veillent à informer les étudiants et participants sur la Palestine à travers diverses activités.

Sarah Jarboe, étudiante de l’Université Polytechnique voisine, participe avec ses amies à une activité de dessin au henné dans le camp, afin de faire connaître le patrimoine palestinien et d’informer sur la Palestine, que ce soit par des ateliers artistiques ou en invtant des personnalités influentes ou des activistes de la communauté palestinienne.

Sarah a noté que l’action des étudiants universitaires a eu un effet de contagion dans d’autres universités, expliquant que la manifestation, initiée à l’Université de Valence, s’est désormais répandue dans des dizaines d’autres universités espagnoles. Son propre établissement a lancé une manifestation lundi soir, suivant l’exemple des universités en Amérique et en Europe.

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