Dans la vaste forêt amazonienne, la présence de peuples autochtones non contactés suscite à la fois fascination et préoccupations majeures pour la protection de l’écosystème et des cultures indigènes. Des indices récents, tels qu’une carapace de tortue abandonnée par un chasseur et un vase en céramique découvert il y a trois ans, renforcent la conviction que des groupes isolés vivent encore dans la région d’Ituna/Itata, dans l’État du Para, au nord du Brésil. Ce territoire, aussi vaste que São Paulo, fait l’objet d’une ordonnance provisoire empêchant tout déboisement ou exploitation illégale, afin de préserver ces populations vulnérables et leur environnement.
Une difficile quête pour documenter l’existence de peuples isolés
Les autorités brésiliennes reconnaissent aujourd’hui 114 indices attestant de la présence de peuples autochtones vivant sans contact ou avec peu d’interactions avec le reste du monde. Parmi eux, une quarantaine sont considérés comme des preuves concrètes, notamment par la Fondation nationale des peuples indigènes (Funai). Pourtant, une large part de ces preuves repose sur des indices « forts » mais non systématiquement vérifiés, tels que la présence de signaux sonores, d’odeurs ou de traces dans la forêt, déplorent des militants comme Mita Xipaya. En raison du manque d’archives certifiées, l’État aurait abandonné depuis longtemps la documentation exhaustive de ces populations, laissant une grande part d’incertitude quant à leur localisation précise.
Les preuves indirectes, combinées à des témoignages de communautés avoisinantes comme celles du peuple Asurini, alimentent le débat. À Ita’aka, un village de 300 habitants, des récits circulent sur des rencontres mystérieuses, notamment un homme montrant une cicatrice de flèche, évoquant des interactions avec ces peuples isolés. Le renouvellement récent, en juin dernier, d’une mesure de protection temporaire par le gouvernement brésilien vise à renforcer la sauvegarde de ces zones et empêcher leur exploitation par des activités minières ou agricoles illégales. La déforestation flagrante, aggravée sous la présidence de Jair Bolsonaro, a laissé des secteurs entiers dévastés, tandis que des espaces protégés, comme Ituna/Itata, restent vulnérables à la destruction.
Les enjeux sont d’autant plus cruciaux que les territoires non indigènes ont perdu près de 30 % de leur végétation native depuis 1988, contre moins de 2 % pour ceux protégés. La déforestation massive, stimulant la perte de biodiversité et la menace des cultures autochtones, s’intensifie, notamment sous l’effet des politiques de l’exécutif actuel. Malgré la réactivation des protections, les militants demandent que des démarches systématiques soient entreprises pour démarquer de façon définitive ces terres, en particulier à l’approche de la COP30, qui se tiendra dans la ville amazonienne de Belém. Le président Lula, défenseur actif de la lutte contre le changement climatique, souligne que la survie de la forêt dépend aussi des peuples qui l’habitent, et que leur protection est essentielle pour garantir l’équilibre écologique régional.
Face à ces enjeux, la mobilisation des organisations indigènes et de la société civile reste forte, insistant sur la nécessité d’une démarche proactive pour documentaliser et sécuriser ces communautés invisibles. Les questions liées à la préservation des peuples isolés, à la fois en termes de droits humains et de sauvegarde environnementale, restent au cœur du défi majeur que représente la gestion de l’Amazonie.