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Après un mois depuis le départ de la première embarcation du mouvement nommé « flottille de résistance » depuis Barcelone, au moins 41 navires se dirigent vers une « zone à très haut risque ». Les 530 activistes à bord, venus de 44 pays, se trouvent à moins de 200 milles nautiques des côtes de Gaza et demandent une protection internationale pour acheminer une aide humanitaire.
Les participants ont publié des appels sur Instagram affirmant que « l’échec des gouvernements a poussé des citoyens ordinaires à prendre des risques exceptionnels ». Ils réclament :
- une protection internationale pour les navires et les équipages,
- l’ouverture d’un couloir sûr pour livrer l’aide à Gaza,
- une pression diplomatique sur Israël plutôt que sur les activistes.
Les organisateurs rapportent avoir reçu un message du ministère des Affaires étrangères italien indiquant que la frégate qui escorte la flottille contactera les participants par radio pour leur proposer « de renoncer à la participation et de retourner à terre avant l’entrée dans la zone critique ». Les activistes ont qualifié cette démarche de « lâcheté déguisée en diplomatie » et ont confirmé leur intention de poursuivre la mission. Ils ont conclu : « Si le gouvernement italien veut être rappelé pour son courage, qu’il mette les voiles avec nous. »
Probabilité d’une confrontation limitée
Claudio Locatellì, expert en affaires militaires et correspondant de guerre italien, estime que la probabilité d’un affrontement armé reste faible. Interrogé par Al Jazeera, il a souligné que les frégates italienne, turque et espagnole présentes dans la zone appliquent des règles d’engagement différentes, mais relèvent toutes d’États membres de l’OTAN, ce qui constitue un facteur dissuasif.
Selon Locatellì, l’OTAN mène des opérations de patrouille depuis environ 50 jours dans cette région, ce qui signifie que ces navires assurent déjà une présence et peuvent défendre leurs bâtiments ou leurs ressortissants en cas d’attaque.
Toutefois, il estime peu probable que l’Italie intervienne militairement contre Israël à ce stade, en raison d’accords bilatéraux récents et du souci d’éviter une escalade. Il suggère qu’Israël pourrait laisser entrer une partie limitée des navires pour décharger de l’aide, tout en bloquant le reste afin d’afficher une maîtrise de la situation.
Locatellì insiste enfin sur le fait que l’Italie ne peut se permettre une confrontation provoquant des pertes humaines et qu’elle fait pression pour que les forces israéliennes évitent l’emploi d’une force létale, privilégiant des moyens plus maîtrisés.
Appel au devoir de protection
Jaume Asens, député espagnol au Parlement européen, affirme que les activistes accomplissent ce que les gouvernements devraient avoir fait. Dans son entretien avec Al Jazeera, il a appelé à la création d’un couloir humanitaire placé sous l’égide des Nations unies, avec la participation des Casques bleus si nécessaire.
Asens considère qu’en dernier recours, l’usage de la force et l’implication de forces occidentales pour garantir la sécurité d’un couloir ne seraient pas sans précédent. Il justifie l’action citoyenne par l’échec des canaux institutionnels à protéger et acheminer l’aide.
Le député rappelle que le gouvernement espagnol, via le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, s’efforce d’assurer la protection des citoyens espagnols présents sur la flottille. Il ajoute que, si Israël attaquait ou arrêtait des activistes, Madrid devrait réagir, car plusieurs navires battent pavillon espagnol et toute agression contre eux serait considérée comme une agression contre l’Espagne.
Prédominance de la voie diplomatique
La politologue italienne Valentina Forlanietto, spécialiste des questions israéliennes et palestiniennes, estime que l’option la plus probable reste la voie diplomatique. Elle indique que des canaux de discussion avec Israël seraient ouverts depuis plusieurs semaines pour gérer la situation.
Forlanietto rappelle que la frégate italienne dispose d’instructions strictes : accompagner la flottille en eaux internationales, s’arrêter à un point donné et émettre un avertissement. Selon elle, toute participation armée italienne à l’opération est exclue afin d’éviter un affrontement mettant en péril la vie des marins.
Enfin, l’analyste souligne la volonté de Rome d’éviter une répétition du scénario de 2010 avec la flottille de la « Marmara », où l’attaque israélienne avait causé la mort de 10 activistes. Elle conclut que l’évolution de la situation dépendra des décisions prises au cours des prochaines heures.