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Le gouvernement australien a annoncé des sanctions financières et des interdictions de voyage visant quatre responsables du gouvernement taliban en Afghanistan, invoquant la dégradation des droits humains, et plus particulièrement la persécution des femmes et des filles.
Canberra a présenté ce dispositif comme un « cadre autonome inédit » permettant à l’Australie d’imposer directement ses propres sanctions pour accroître la pression sur les talibans.
Nature des mesures annoncées
Les nouvelles mesures comprennent plusieurs volets destinés à isoler financièrement et politiquement les responsables ciblés. Elles comprennent notamment :
- des sanctions financières individuelles ;
- des interdictions de voyager ;
- un embargo sur les armes ;
- des interdictions de fournir des « services et activités liés » à l’Afghanistan, selon le Department of Foreign Affairs and Trade.
Le gouvernement australien précise que le cadre inclut toutefois une dérogation humanitaire afin de permettre la poursuite de l’aide internationale.
Responsables talibans visés
Les quatre responsables frappés par les mesures sont les suivants :
- Muhammad Khalid Hanafi — ministre pour la promotion de la vertu et la prévention du vice ;
- Neda Mohammad Nadeem — ministre de l’Enseignement supérieur ;
- Abdul-Hakim Sharei — ministre de la Justice ;
- Abdul Hakim Haqqani — chef de la Cour suprême.
Ces désignations viennent s’ajouter aux quelque 140 personnes et entités déjà sanctionnées par Canberra dans le cadre du mécanisme du Conseil de sécurité des Nations unies consacré aux talibans.
Motifs invoqués par Canberra
La ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, a expliqué que les responsables ont été sanctionnés pour leur rôle « dans l’oppression des femmes et des filles et dans la mise à mal de la bonne gouvernance et de l’État de droit ».
Elle a cité des restrictions affectant l’accès à l’éducation, à l’emploi, la liberté de circulation et la participation à la vie publique. Dans son annonce, Mme Wong a également publié un message via son compte Twitter : https://twitter.com/SenatorWong/status/1997093001852805405?ref_src=twsrc%5Etfw.
Contexte international et décisions antérieures
Ces sanctions interviennent dans un contexte de pressions internationales croissantes. En juillet 2025, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt visant le chef de la Cour suprême, Abdul Hakim Haqqani, et le leader suprême taliban Haibatullah Akhunzada pour des crimes contre l’humanité présumés liés à la persécution des femmes et des filles.
Pour plus de détails sur la décision de la CPI, voir : https://www.aljazeera.com/news/2025/7/8/icc-arrest-warrants-for-taliban-leaders-over-alleged-persecution-of-women.
Mesures des talibans et impact sur les droits des femmes
Depuis le retour au pouvoir des talibans après le retrait des forces américaines et de l’OTAN en août 2021, de nombreuses restrictions ont été imposées aux femmes et aux filles.
Parmi les mesures les plus marquantes :
- l’interdiction pour les étudiantes d’accéder aux universités en décembre 2022 (https://www.aljazeera.com/gallery/2022/12/7/banned-from-schools-afghan-girls-fear-for-their-future) ;
- un rapport de l’ONU indiquant que les talibans ont « délibérément privé » au moins 1,4 million de filles de scolarité, soit environ 80 % des filles en âge d’aller à l’école (https://www.aljazeera.com/news/2024/8/15/taliban-deliberately-deprived-1-4-million-girls-of-schooling-un).
Les autorités talibanes rejettent ces accusations, affirmant respecter les droits « dans le cadre de la loi islamique ».
Pour rappel du contexte militaire et politique, voir le retrait des forces internationales en 2021 : https://www.aljazeera.com/news/2021/8/30/us-completes-afghanistan-withdrawal-as-final-flight-leaves-kabul.
Conséquences humanitaires
Le retour des talibans au pouvoir a aggravé la précarité de millions d’Afghans, en partie à cause de l’exclusion des femmes du marché du travail. Une large part de la population dépend désormais de l’aide humanitaire.
Un rapport récent souligne que neuf familles afghanes sur dix sautent des repas ou s’endettent pour survivre : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/12/nine-in-10-afghan-families-skip-meals-take-on-debt-undp.
Dans son annonce, Penny Wong a déclaré que le gouvernement australien reste « profondément préoccupé par la détérioration de la situation » et a insisté sur la présence d’une clause humanitaire dans le nouveau régime de sanctions pour garantir la poursuite de l’aide.
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