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Le gouvernement canadien poursuit ses efforts pour nettoyer la base militaire de Bagotville en planifiant l’élimination de 85 000 tonnes supplémentaires de sols contaminés par des polluants dits « éternels », des substances aux effets potentiellement cancérogènes.
Élimination des sols contaminés à Bagotville
La base militaire de Bagotville doit se débarrasser d’une nouvelle quantité importante de sols contaminés par des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), communément appelées « polluants éternels ». Ces 85 000 tonnes s’ajoutent aux 80 000 tonnes déjà transportées depuis février vers le site d’enfouissement sécurisé de Signaterre, situé à Mascouche, soit plus de 3000 trajets en semi-remorques.
Cette opération constitue une étape supplémentaire dans un chantier de longue haleine visant à réduire la pollution sur cette base militaire. Les PFAS, substances synthétiques utilisées notamment dans les mousses anti-incendie militaires, sont reconnues pour leurs risques sanitaires, incluant un potentiel cancérogène.
Impacts environnementaux et sanitaires
Les activités militaires ont laissé ces polluants pénétrer dans les sols et les eaux souterraines, contaminant notamment l’eau potable de l’arrondissement de La Baie, dans la ville de Saguenay, à environ dix kilomètres de Bagotville.
Alors que plusieurs juridictions internationales renforcent leurs normes sur la concentration admissible de PFAS dans l’eau potable, le Québec ne dispose d’aucune réglementation contraignante à ce sujet. Ainsi, le traitement des sols contaminés avant enfouissement n’est pas obligatoire. L’appel d’offres actuel permet même à l’entrepreneur de choisir entre élimination ou traitement des sols.
Pourtant, un document précédent du ministère québécois de l’Environnement recommandait explicitement le traitement des sols contaminés afin de minimiser les risques de contamination des eaux souterraines et de l’environnement.
Réactions et position du gouvernement québécois
En mars dernier, les municipalités de Mascouche et de Terrebonne, ainsi que la MRC des Moulins et le Conseil régional de l’environnement de Lanaudière, ont demandé un moratoire sur l’élimination des sols contaminés par les PFAS. Face à ces requêtes, le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, a estimé qu’un moratoire serait injustifié.
Dans sa réponse adressée au maire de Mascouche, Guillaume Tremblay, le ministre a souligné que le gouvernement collabore étroitement avec le milieu universitaire et différents organismes pour mieux comprendre l’impact environnemental et sanitaire des PFAS. Il a aussi précisé que l’élimination des sols sur le site sécurisé de Signaterre respecte la réglementation en vigueur et que toute intervention ministérielle risquerait de susciter l’opposition des parties prenantes.
Selon lui, il est préférable que les sols contaminés soient enfouis dans un lieu sécurisé plutôt que de demeurer sur place, où ils pourraient continuer à polluer.
Les polluants éternels : définition et risques
Les PFAS sont des composés chimiques utilisés pour leurs propriétés imperméabilisantes et antitaches dans de nombreux produits de consommation tels que les vêtements, meubles, emballages alimentaires et matériaux de construction. Ils entrent également dans la composition des mousses anti-incendie utilisées par les forces militaires.
Le gouvernement fédéral canadien a annoncé en mars sa volonté de classer les PFAS comme substances toxiques. Ces polluants ont été associés à divers effets néfastes sur la santé, notamment sur le foie, les reins, la thyroïde, le système immunitaire, le système nerveux, le métabolisme, le poids corporel, ainsi que sur la reproduction et le développement.