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Une baisse historique du taux du Livret A annoncée pour le 1er août, la plus importante depuis 2009, suscite de nombreuses réactions en France. Ce repli spectaculaire, estimé à environ 1,7 %, contraste fortement avec le taux actuel de 2,4 %. Cette diminution, qui intervient après une première chute de 3 % en février, s’inscrit dans une logique économique marquée par la baisse de l’inflation et la politique monétaire européenne.
Un contexte de baisse historique
Le taux du Livret A, destiné à garantir une épargne sûre, accessible et fiscalement avantageuse, est révisé tous les six mois, en janvier et en juillet, en fonction du taux moyen d’inflation (hors tabac) et d’un taux d’intérêt interbancaire lié à la politique monétaire de la zone euro. Or, depuis le début de l’année 2024, ces deux indicateurs sont en baisse, justifiant la baisse annoncée.
Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, et Éric Dor, économiste à l’IESEG, cette nouvelle estimation de 1,7 % demeure supérieure à l’inflation de juin, qui s’établissait à 1 % sur un an, selon l’Insee. La baisse du taux constitue une nouvelle étape dans une tendance déjà amorcée en début d’année.
Impact sur l’économie et le logement social
Cette réduction du taux aura des effets directs sur plusieurs acteurs économiques. Les banques, qui détiennent environ 40,5 % des fonds investis dans ces livrets, pourront en prêter davantage, notamment à des PME et TPE, favorisant ainsi le financement de l’économie locale. La Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui détient 59,5 % des fonds, investit notamment dans le logement social et la politique de la ville, ainsi que dans des titres d’État et des actions cotées.
Les acteurs du logement social y voient une opportunité, car la baisse du taux pourrait réduire le coût d’emprunt pour réaliser de nouveaux projets, apportant un souffle d’air frais au secteur. De plus, cette chute pourrait impacter positivement la capacité de l’État à financer ses politiques publiques liées au logement et à la transition énergétique.
Les enjeux politiques et financiers
Le gouvernement, la Banque de France et la CDC devront décider si une « coup de pouce » sera donné au taux du Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, actuellement fixé à 3,5 %. La règle de calcul de ce dernier pourrait le faire passer à 2,2 %, une baisse importante mais toujours supérieure à l’inflation, afin de continuer à soutenir les ménages à revenus faibles.
Par ailleurs, cette baisse s’inscrit dans une stratégie plus large de redéploiement des fonds du Fonds d’épargne. La majorité des capitaux sera investie dans des prêts à long terme pour le logement social et d’autres projets liés à la transition écologique, notamment le financement du nucléaire français. La CDC est ainsi bridée quant à ses investissements, avec moins de 5 milliards d’euros dans les énergies fossiles, tout en soutenant la relance du nucléaire pour répondre aux enjeux énergétiques de la France.
Un enjeu éminemment politique et social
Au-delà des chiffres, cette baisse du taux du Livret A soulève des questions concernant la protection des épargnants et la stabilité économique. Face aux critiques sur la transparence des investissements de la CDC, notamment dans le secteur pétrolier, le gouvernement insiste sur la diversification et la responsabilité sociale de ses placements, tout en poursuivant une politique de soutien aux ménages modestes et à la transition énergétique.