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Une cour de Dhaka a condamné à mort aujourd’hui l’ex-première ministre Sheikh Hasina, la rendant coupable de « crimes contre l’humanité » liés à la répression de l’insurrection étudiante de 2024. Le verdict, prononcé en direct depuis la capitale, marque l’aboutissement d’un procès qui a duré plusieurs mois et qui suscite de vives tensions politiques et sécuritaires au Bangladesh.
Le verdict de la cour
La lecture du jugement a été retransmise en direct depuis la salle d’audience de Dhaka. La cour a estimé que Sheikh Hasina avait ordonné une répression violente de l’insurrection étudiante, qui, selon un rapport onusien, a fait environ 1 400 morts, la plupart victimes de tirs des forces de sécurité.
Parmi les décisions annoncées :
- Condamnation à mort de Sheikh Hasina.
- Peine de mort également prononcée contre l’ancien ministre de l’Intérieur, Asaduzzaman.
- Un troisième accusé, ancien chef de la police, a bénéficié d’une peine de cinq ans après être devenu témoin de la cour et avoir reconnu sa culpabilité.
Réactions de Sheikh Hasina et du parti
Depuis son exil en Inde, Sheikh Hasina a rejeté le jugement, affirmant dans une déclaration que la cour était « illégale » et nommée par un gouvernement non élu. Elle a qualifié les décisions de « partisanes » et motivées politiquement.
Le parti Awami League, dirigé par Sheikh Hasina, a appelé à une fermeture nationale en signe de protestation. Le parti a par ailleurs dénoncé la procédure comme une parodie de procès, affirmant que la défense avait été limitée, notamment par la désignation d’un avocat commis d’office par l’État.
Avertissements de son fils, Sajeeb Wazed
Sajeeb Wazed, fils de Sheikh Hasina et conseiller en communication, avait prévenu plus tôt que la cour prononcerait probablement la peine capitale contre sa mère. Il a indiqué que celle-ci se trouvait en sécurité en exil à New Delhi.

Depuis Washington, il a menacé d’entraver les élections prévues en février si le bannissement du parti Awami League était maintenu. Il a averti que les manifestations pourraient s’intensifier et que l’absence d’intervention internationale risquait d’entraîner de nouvelles violences avant le scrutin.
Mesures de sécurité et situation à Dhaka
Avant et après l’annonce du verdict, le gouvernement intérimaire a renforcé les mesures de sécurité à travers le pays. Des soldats, des gardes-frontières et des unités de police supplémentaires ont été déployés à Dhaka et dans d’autres régions pour prévenir des débordements.
La capitale connaît une escalade alarmante des incidents : dizaines d’explosions signalées, des bus incendiés et plusieurs arrestations d’activistes accusés de sabotage. Les écoles ont basculé vers l’enseignement à distance, les contrôles aux points de passage se sont intensifiés et des interdictions de rassemblement ont été imposées.
Contexte politique et critiques
Le gouvernement intérimaire dirigé par le lauréat du prix Nobel Muhammad Yunus avait suspendu l’enregistrement du parti Awami en mai, interdisant ses activités politiques au motif de risques pour la sécurité et d’enquêtes sur des crimes de guerre impliquant ses dirigeants.
Des organisations de défense des droits ont critiqué le bilan sécuritaire de l’administration en place. L’ONG Odhikar a documenté 40 exécutions extrajudiciaires entre août 2024 et septembre 2025, malgré les promesses officielles de mettre fin aux violences d’État.
Analystes et observateurs internationaux restent partagés. Michael Kugelman a déclaré à Al Jazeera que Sheikh Hasina demeure une figure polarisante dont la moindre allocution en Inde pourrait enflammer les tensions au Bangladesh. Il a ajouté que les menaces de son fils indiquent une disposition du parti à instrumentaliser la violence pendant la période électorale.
Calendrier électoral et perspectives
Malgré les critiques et les troubles, le gouvernement de Muhammad Yunus a réaffirmé son engagement à organiser les élections en février 2026. Un référendum sur des réformes constitutionnelles est également prévu le même jour.
La situation reste cependant fragile : les décisions judiciaires, les appels à la protestation et les avertissements d’obstruction aux élections rendent l’avenir politique du Bangladesh incertain à court terme.