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Bassem Khundakji, un écrivain palestinien libéré et primé à l’international

by Sara
Palestine, Égypte, Israël

Bassem Khundakji a été libéré après 21 ans de détention et transféré vers l’Égypte dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers entre le mouvement Hamas et Israël. Ses premières paroles après sa libération ont été pour Gaza : « Paix sur Gaza le jour où elle combat, le jour où elle tient bon et le jour où elle résiste à ce colonialisme… Paix sur Gaza le jour où elle nous renvoie vivants de l’intérieur des prisons de ce colonialisme. »

Contexte de la libération

La sortie de Khundakji des prisons israéliennes s’inscrit dans un accord plus large visant l’échange de détenus après un cessez-le-feu. Il a été exfiltré vers l’Égypte, pays qui a souvent servi d’escale humanitaire et logistique dans de telles négociations.

Son transfert marque la fin d’une incarcération longue et médiatisée, et ouvre pour lui une nouvelle phase d’activité littéraire et culturelle hors des murs de la prison.

Jeunesse et engagement

Né en 1983 à Naplouse, en Cisjordanie occupée, Bassem Khundakji a étudié dans les écoles locales avant d’entamer des études en journalisme et communication à l’université An-Najah.

Passionné de lecture dès l’enfance, il découvre la fiction à travers des œuvres comme « La Fin d’un homme courageux » de Hanna Mina. Au lycée, il fonde une première revue murale baptisée « Al-Ittihad ».

À quinze ans, il rejoint le Parti du Peuple palestinien (ancien parti communiste), influencé par un oncle militant. Plus tard, la mort de la fillette Iman Hajo en 2001 le marque profondément et contribue à forger son engagement politique et intellectuel.

Arrestation et condamnation

En 2004, alors étudiant en dernière année universitaire, Khundakji est arrêté après l’attaque du marché Carmel, qui a causé la mort de trois Israéliens et fait plus de cinquante blessés.

Bien qu’il affirme n’avoir mené aucune action militaire lors de cette attaque, les autorités israéliennes l’ont accusé d’appartenir à une cellule liée au mouvement Fatah. Il a été condamné à trois peines de réclusion à perpétuité et condamné à verser une compensation financière de 11,6 millions de dollars aux familles des victimes.

Parcours littéraire

Enfermé, Khundakji a transformé sa cellule en espace de création : il crée une bibliothèque, supervise des publications et compose textes et recueils. Sa production en prison comprend essais, poèmes et romans, témoignant d’une production continue malgré l’enfermement.

Parmi ses ouvrages figurent :

  • Recueils de poésie : « Rituels du premier acte », « Souffles d’un poème nocturne », « Frappe aux murs du lieu », « L’avidité de la rose, couronne du néant ».
  • Essais et textes : « Brouillons d’un amoureux de la patrie », « Ainsi l’humanité meurt », « Je suis l’homme — Appel de l’exil de fer ».
  • Romans : « Misk al-kifaya : Biographie d’une dame des ombres libres », « Narcisse de la solitude », « L’éclipse de Badr al-Din », « Souffle d’une femme trahie ».

Sa notoriété a culminé avec le roman publié par Dar Al-Adab en 2022, intitulé « قناع بلون السماء » (Le masque couleur du ciel), couronné par le Prix international de la fiction arabe (Prix Booker arabe) en 2024.

Le jury a choisi ce roman parmi 133 candidatures. La maison d’édition, représentée par Rana Idris, a reçu le prix au nom de l’auteur. L’ouvrage constitue le premier volet d’une tétralogie intitulée « La quadrilogie des miroirs ».

Des amis en France ont entrepris des traductions de ses œuvres en français, contribuant à sa visibilité internationale.

Couverture du roman 'قناع بلون السماء' primé au Booker arabe 2024

Le roman primé, écrit en détention, confirme la force narrative de Khundakji et son ambition d’un cycle romanesque vaste.

Une « chambre d’opérations culturelle » en prison

Les critiques et articles littéraires soulignent la capacité de Khundakji à transformer la prison en « chambre d’opérations culturelle ». De là, il a piloté la publication de ses ouvrages et organisé des signatures en délégation via ses proches.

Il a fondé, depuis sa cellule, un « fonds Bassem Khundakji » pour préserver et soutenir les créations des prisonniers. Ce fonds, géré par son frère, collabore avec la « Maktaba Chaabiyya Nashirun » à Naplouse pour diffuser et conserver ces œuvres.

Contrairement à de nombreux auteurs d’« archipel carcéral », Khundakji n’a pas centré son œuvre sur le seul vécu pénitentiaire. Son écriture dépasse la monographie du cachot pour embrasser des univers plus vastes.

Style, héritage et perspectives

Khundakji estime que la littérature survit souvent plus longtemps que la politique : les mots voyagent et se transmettent, tandis que les projets politiques s’éteignent parfois avec leurs acteurs.

Sorti de prison et désormais en Égypte, il fait face au défi d’écrire et d’agir culturellement hors de l’enfermement. La fin de sa tétralogie et la poursuite de ses initiatives pour soutenir l’écriture des prisonniers figurent parmi ses priorités annoncées.

L’œuvre et le parcours de Bassem Khundakji continuent d’interroger la place de la création dans les luttes politiques, et la manière dont la littérature peut conserver et amplifier les voix des prisonniers palestiniens.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/10/15/%d8%ae%d9%86%d8%af%d9%82%d8%ac%d9%8a-%d8%b1%d9%88%d8%a7%d8%a6%d9%8a-%d9%8a%d8%b9%d8%a7%d9%86%d9%82-%d8%a7%d9%84%d8%ad%d8%b1%d9%8a%d8%a9-%d9%88-%d9%8a%d9%86%d8%b2%d8%b9-%d9%82%d9%86%d8%a7%d8%b9

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