Depuis l’éclatement du conflit à Gaza en octobre 2023, au moins 60 034 Palestiniens ont perdu la vie, selon les données mises à jour par le ministère de la Santé de l’enclave. Ce chiffre tragique reflète la gravité et la persistance des violences dans la région. Malgré des « pauses » temporaires dans les combats destinées à acheminer une aide humanitaire essentielle, les affrontements continuent de faire de nombreuses victimes, comme en témoigne la mort d’au moins 62 Palestiniens, dont 19 secouristes, depuis l’aube du dernier bilan.
Les témoignages locaux rapportent l’utilisation par Israël de robots piégés accompagnés de chars et de drones lors d’une nuit qualifiée comme l’une des plus sanglantes de ces dernières semaines. Ces tactiques, observées dans la zone de Deir el-Balah au centre de Gaza, suggèrent une préparation à une offensive terrestre imminente, bien que les autorités israéliennes n’aient pas confirmé officiellement les objectifs de ces attaques.
Parallèlement aux violences, la crise humanitaire s’aggrave rapidement : un nouveau rapport du système mondial de surveillance de la faim, le IPC (Integrated Food Security Phase Classification), alerte sur un « scénario de famine pire que prévu » dans la bande de Gaza. Le rapport indique que les seuils de famine ont été atteints pour la consommation alimentaire dans la majorité de la région ainsi que pour la malnutrition aiguë à Gaza même.
Cette situation alarmante est aggravée par plusieurs facteurs :
- Conflits incessants
- Déplacements massifs de population
- Accès humanitaire sévèrement restreint
- Effondrement des services essentiels, notamment dans le secteur de la santé
La consommation alimentaire a drastiquement chuté, avec une personne sur trois devant passer plusieurs jours sans nourriture. La malnutrition a également augmenté rapidement au premier semestre de juillet, avec plus de 20 000 enfants admis pour traitement de malnutrition aiguë depuis avril, dont plus de 3 000 en état de malnutrition sévère.
Selon les projections diffusées en mai par le IPC, d’ici septembre, toute la population gazaouie risque de souffrir de pénuries alimentaires graves. Plus de 500 000 personnes pourraient être confrontées à une privation extrême de nourriture, à la famine et à la misère, à moins que le blocus israélien ne soit levé et que les opérations militaires cessent.
La guerre israélienne qualifiée de génocidaire par certains observateurs, ainsi que le blocus humanitaire partiellement levé en mars, continuent d’intensifier la crise de malnutrition à Gaza. Le ministère de la Santé a récemment rapporté que 147 personnes, dont 88 enfants, sont mortes de malnutrition depuis le début du conflit.
L’ONG ONU Femmes alerte sur les conditions désespérées des femmes et des filles, avec un million d’entre elles contraintes de choisir entre la famine ou des risques extrêmes en cherchant de la nourriture. Sima Bahous, directrice exécutive de l’organisation, a appelé à une ouverture totale de l’aide humanitaire, à la libération des captifs et à un cessez-le-feu permanent.
Bébés et enfants particulièrement vulnérables
À l’hôpital Nasser de Gaza, le personnel médical observe des nourrissons gravement malnutris, « sans muscles ni tissus adipeux, la peau collée aux os », selon Ahmed al-Farra, directeur de la pédiatrie et de la maternité.
Les conséquences à long terme de cette malnutrition sont très préoccupantes, notamment pour le développement du système nerveux central pendant les trois premières années de vie. L’absence de nutriments essentiels comme l’acide folique, la vitamine B1 et les acides gras polyinsaturés entrave la formation normale du cerveau.
Cette situation peut entraîner des retards cognitifs, des difficultés d’apprentissage, ainsi que des troubles psychologiques tels que la dépression et l’anxiété.
Les risques sanitaires prolongés liés à la malnutrition
Tanya Haj Hassan, médecin de l’ONG Médecins Sans Frontières, souligne que les dangers perdurent bien après la reprise de l’alimentation. La malnutrition altère l’ensemble des fonctions corporelles, provoquant une mort cellulaire dans l’intestin, ce qui entraîne des problèmes d’absorption et d’infections bactériennes.
Les cellules cardiaques deviennent faibles et moins connectées, ralentissant le rythme cardiaque et causant souvent des insuffisances cardiaques mortelles, même chez les enfants recevant une réhydratation.
Ces enfants sont également exposés à des déséquilibres électrolytiques graves pouvant provoquer des arythmies fatales, une septicémie et un état de choc. Par ailleurs, des carences en vitamines peuvent affecter la vision et la santé osseuse, compliquant davantage leur pronostic.