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En Bolivie, un nouvel épisode judiciaire vient d’éclater avec l’arrestation de la juge Lilian Moreno, qui avait annulé le mandat d’arrêt contre l’ancien président Evo Morales. Cette décision a provoqué une vive controverse au sein de la sphère politique et judiciaire du pays.
Arrestation de la juge Lilian Moreno
La juge Lilian Moreno a été arrêtée lundi 5 mai, quelques jours après avoir suspendu le mandat d’arrêt et les charges contre Evo Morales, poursuivi pour traite de mineure. Son avocat a dénoncé une arrestation « illégale et arbitraire ». Le ministère public a confirmé l’interpellation, tandis que le procureur général Roger Mariaca a précisé que la police avait exécuté le mandat d’arrêt contre la magistrate.
Cette opération s’inscrit dans une affaire judiciaire complexe où le parquet avait ordonné dès octobre l’arrestation du dirigeant indigène de 65 ans, qui souhaite briguer un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue le 17 août.
Quelques jours après la décision de la juge Moreno, un tribunal a provisoirement rétabli le mandat d’arrêt et les charges contre Morales, ancien président entre 2006 et 2019.
Les accusations contre la juge et le contexte judiciaire
Dimanche, le ministère de la Justice avait porté plainte contre la magistrate pour « désobéissance aux résolutions constitutionnelles » et « prévarication », c’est-à-dire manquement à ses devoirs. Ce n’est pas la première fois que Lilian Moreno intervient dans cette affaire : en octobre 2024, elle avait déjà annulé un premier mandat d’arrêt à l’encontre d’Evo Morales, décision ensuite annulée par une instance supérieure.
Selon les médias locaux, la juge a été arrêtée à Santa Cruz, dans l’est de la Bolivie, puis transférée à La Paz, la capitale administrative, à bord d’un vol commercial. Le procureur Mariaca a indiqué que la magistrate sera entendue dans les prochaines heures par un procureur.
Vladimir Honor, avocat de Lilian Moreno, a qualifié l’arrestation d’illégale et arbitraire, soulignant la nature contestée de cette démarche dans le contexte politique et judiciaire bolivien.
Un litige autour du lieu de compétence et des procédures
Mercredi, la juge Moreno avait annulé la procédure initialement engagée dans le département de Tarija, dans le sud du pays, et ordonné son transfert pour réouverture à Cochabamba, bastion politique d’Evo Morales. Cependant, vendredi, un juge de La Paz a suspendu cette décision.
Manuel Baptista, président du Conseil de la magistrature, a insisté sur le fait que la juge Moreno ne disposait pas de la compétence pour choisir l’autorité compétente dans cette affaire. Il a évoqué « une infraction administrative très grave » qui pourrait entraîner la révocation de la magistrate. Par ailleurs, le juge de La Paz qui a annulé la décision de Moreno fait également l’objet d’une procédure disciplinaire pour ne pas être habilité à réexaminer cette décision.
Le retour politique d’Evo Morales en question
Premier chef d’État bolivien d’origine indigène, Evo Morales souhaite revenir au pouvoir, malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle de fin 2024 qui confirme l’interdiction pour un président d’effectuer plus de deux mandats. Sa candidature pour un quatrième mandat suscite de vives tensions dans le paysage politique bolivien.
Cette affaire judiciaire illustre les profondes divisions autour de sa possible réélection et soulève des interrogations sur l’indépendance de la justice dans ce contexte politique tendu.