Face au rejet de l’Europe, mais aussi de l’Occident tout entier, de ses véhicules électriques, BYD a un plan stratégique. Le constructeur chinois mise sur le continent africain pour dominer un marché en pleine émergence. Il est important de noter que la Chine et l’Afrique entretiennent des liens solides.
BYD mise sur l’Afrique pour appuyer sa domination
Le constructeur chinois collabore étroitement avec des entreprises africaines pour améliorer les infrastructures, transférer des technologies et s’assurer une présence précoce sur ce marché prometteur, allant du Kenya à l’Afrique du Sud. La mobilité électrique est un enjeu majeur pour le continent, en particulier dans les pays où la croissance des batteries et des motos électriques est rapide.
Kaushik Burman, PDG de l’entreprise de moto électrique Spiro, évoque des négociations avec BYD : « Nous discutons d’un partenariat dans le domaine des batteries qui sera bientôt prêt, mais nous choisirons nos partenaires de manière stratégique et pas seulement parce qu’ils sont disponibles. » Spiro possède déjà une usine de batteries au Kenya et aspire à en ouvrir de nouvelles en Ouganda, au Rwanda et au Nigeria.
Les partenariats avec des fournisseurs mondiaux tels que BYD sont essentiels pour le développement local. Ampersand, basé à Kigali, a également signé un accord avec BYD en 2024.
BYD a établi des contrats avec plusieurs pays africains, dont l’Afrique du Sud, la Zambie, le Kenya, le Rwanda et l’Égypte, des marchés en pleine expansion pour l’électrique. Le constructeur s’associe également à des opérateurs de transports publics, des distributeurs automobiles et des assembleurs locaux pour naviguer dans les lacunes d’infrastructure et de réglementation.
Loxea, filiale de CFAO Mobility présente dans 38 pays africains, est un partenaire clé, aux côtés de BasiGo au Kenya et de Pilatus Electric Mobility en Zambie. « Ces partenariats permettent à BYD d’accéder instantanément à nos réseaux et à nos clients, » affirme Jennifer Kinyoe, directrice générale de Loxea au Kenya. « Ils ne peuvent pas se développer seuls, cette collaboration est faite pour durer. » Les concessionnaires locaux possèdent une maîtrise des réglementations et une expertise que les entreprises étrangères comme BYD n’ont pas.
Dennis Wakaba, consultant en mobilité électrique basé à Nairobi, partage cette évaluation : « C’est une question d’intelligence économique. Les entreprises étrangères pourraient commettre de graves erreurs si elles essayaient de se lancer seules. »
BYD face aux défis en Occident
L’expansion en Afrique est donc une réponse aux difficultés rencontrées par BYD en Occident. En France, ses véhicules électriques sont exclus du leasing social, et l’Europe a instauré des droits de douane pouvant aller jusqu’à 45,3 % sur les modèles chinois depuis l’année dernière. Ces mesures entravent la concurrence chinoise et freinent la croissance de BYD sur le marché européen et nord-américain.
L’Afrique du Sud, en tant que plus grande économie et marché automobile du continent, est un point de focalisation pour BYD. Le constructeur vise à tripler son réseau de concessionnaires d’ici 2026 à partir de son bureau de Johannesburg. Steve Chang, directeur général de BYD Afrique du Sud, déclare : « Nous prévoyons d’ouvrir environ 20 concessionnaires d’ici la fin de l’année et 30 à 35 l’année prochaine. »
En 2022, BYD a complètement réorienté sa production vers les véhicules électriques et hybrides, dépassant Tesla en 2024 avec 3,84 millions de véhicules livrés. Son expansion mondiale s’accélère, avec 417 200 modèles vendus à l’étranger en 2024, et l’objectif pour 2025 est de 800 000 véhicules.
Cependant, la menace des droits de douane pèse sur BYD. Un tarif de 30 % sur les exportations africaines, instauré par l’administration Trump, entrera en vigueur en août. Cela pourrait avoir des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement et renforcer la concurrence.