Comment protéger vos économies des crises financières mondiales

Dans chaque crise financière, les épargnants ordinaires se retrouvent souvent victimes d’un affrontement plus vaste entre grands investisseurs, institutions financières puissantes et économies majeures. Ils ignorent fréquemment comment préserver la valeur de leurs économies face aux fortes fluctuations des marchés, à l’inflation et aux possibles effondrements des monnaies et des systèmes financiers.

La stratégie de conservation de l’épargne repose d’abord sur la préservation du capital et sur une préférence pour les actifs tangibles. Cela implique de comprendre les risques systémiques croissants du système financier mondial, puis d’adopter des mesures concrètes pour protéger ses avoirs.

Priorité : protéger la valeur de l’épargne

Selon l’économiste Mazen Ershid, l’objectif des ménages en période de turbulence n’est pas de rechercher des gains élevés, mais de préserver la valeur de leur argent. Quand les marchés sont instables, les baisses peuvent être plus rapides que les hausses.

Il est donc préférable de se concentrer sur la réduction des risques et le maintien des économies plutôt que sur la recherche d’un rendement maximal.

Confiance ébranlée

Les perspectives de croissance mondiale restent fragiles malgré des prévisions de redémarrage en 2026, en raison de l’incertitude persistante et des répercussions des tensions commerciales. Les importantes injections monétaires pendant la pandémie ont alimenté une inflation élevée aux États-Unis et conduit la Réserve fédérale à resserrer sa politique monétaire.

Ces facteurs ont creusé l’écart entre indicateurs de croissance et risques structurels, qui s’accentuent progressivement.

Le rapport sur la stabilité financière mondiale publié récemment par le Fonds monétaire international alerte sur des valorisations d’actifs potentiellement excessives, susceptibles d’entraîner des corrections brutales.

Obligations et actions : moins de certitudes

Depuis la pandémie, les obligations ont perdu leur lustre en tant que refuge sûr. En 2022, la combinaison de la crise sanitaire et du resserrement monétaire a provoqué une chute simultanée des actions et des obligations.

Par exemple, les obligations d’État américaines à 10 ans ont perdu environ 18 % de leur valeur en 2022, tandis que les obligations d’entreprises américaines ont reculé d’environ 15,5 %.

La confiance dans les obligations s’est encore érodée entre 2024 et 2025, avec des rendements en forte hausse, des dettes élevées et une division politique qui ont fragilisé la perception du dollar comme monnaie de réserve.

L’or : un baromètre d’alerte

La hausse historique du prix de l’or, au-delà de 4 000 $ l’once et une progression d’environ 60 % depuis le début de l’année, a accru l’incertitude et traduit une inquiétude sur la stabilité financière mondiale et les tensions géopolitiques.

Cette envolée reflète la crainte des investisseurs face aux risques politiques et économiques, mais elle peut s’avérer volatile : des corrections fortes sont possibles si les conditions se stabilisent.

Les achats accrus des banques centrales et la hausse de la demande mondiale (prés de 4 974,5 tonnes l’année dernière) traduisent la volonté de diversifier les réserves loin des monnaies fiduciaires.

Le Conseil mondial de l’or relie les tensions géopolitiques à la hausse du métal : une hausse significative de l’indice de risque géopolitique tend à soutenir les prix de l’or.

Zone de sécurité pour les épargnants

Dans un contexte de fortes turbulences, les épargnants peuvent adopter des mesures simples mais efficaces pour protéger leurs économies :

• Faire preuve d’austérité : limiter les achats impulsifs et renforcer l’épargne.
• Éviter les décisions majeures : viser la conservation du capital plutôt que la recherche de gains rapides.
• Maintenir une liquidité suffisante : disposer d’une réserve pour faire face aux imprévus sans brader des actifs solides.
• Éviter ou réduire les dettes à taux élevés : rembourser rapidement si possible pour alléger le service de la dette.

L’or physique : préférence pour la détention tangible

L’or apparaît historiquement comme l’un des principaux outils de protection contre les crises. Toutefois, la forme de détention compte : l’or physique — lingots et pièces — offre la propriété directe et une liberté d’usage si le système bancaire se grippe.

A contrario, les certificats ou produits suivant le prix de l’or peuvent être exposés au risque de liquidité ou d’insolvabilité des intermédiaires en période de panique. En cas d’effondrement des systèmes, la restitution des avoirs pourrait être compromise.

Mazen Ershid recommande une allocation modérée à l’or, autour de 10 à 15 % du patrimoine, comme protection et non comme pari spéculatif.

Les banques : un risque latent

Garder des liquidités uniquement sous forme de dépôts bancaires expose à des risques, comme on l’a vu lors de crises où les retraits massifs ont paralysé les systèmes financiers. Des plafonds de retrait et l’incapacité à satisfaire les demandes peuvent survenir.

Une étude de renom a montré que la fragilité peut résider moins dans la qualité des actifs que dans la proportion d’épargnants non garantis. Des banques peuvent subir une course aux retraits si une large part des dépôts n’est pas assurée.

Diversifier les actifs sûrs

La diversification vers des actifs tangibles et moins corrélés aux marchés financiers est l’une des clés pour protéger son capital. Les terres et l’immobilier sont des options classiques qui conservent généralement leur valeur face à l’inflation.

Ces actifs offrent en outre un potentiel de revenus locatifs, mais ils restent des investissements à long terme et peuvent être moins liquides en période de crise.

Il convient donc de considérer l’immobilier comme une composante d’un plan d’épargne diversifié, non comme une solution unique.

Une approche d’investissement prudente

Pour les épargnants sans grande expérience des marchés, il est conseillé d’éviter les vagues spéculatives. Une allocation prudente peut combiner :

• Une réserve de liquidités pour profiter des opportunités quand les prix baissent,
• Une proportion limitée d’or physique (10–15 %) pour la protection,
• Des obligations de court terme émises par des pays solides (ex. États-Unis, Allemagne, Suisse),
• Un bloc d’épargne en devises fortes comme le dollar ou le franc suisse pour réduire le risque de dépréciation des monnaies locales.

Les rendements des bons du Trésor américain à un an, par exemple, ont atteint récemment des niveaux qui peuvent plaire aux épargnants recherchant sécurité et rendement modéré.

Au final, la protection des économies repose sur la compréhension des risques, la diversification et la discipline financière plutôt que sur la quête de gains rapides.