Table of Contents
La région de l’Afrique de l’Ouest fait face à des défis majeurs en matière de production laitière, alors qu’elle dépend de plus en plus des importations de poudre de lait bon marché, principalement en provenance d’Europe. Cette situation soulève des questions cruciales concernant l’avenir des filières locales, qui peinent à se développer face à une demande croissante.
Une demande en forte hausse
La demande en produits laitiers augmente rapidement dans cette région, où la croissance démographique est estimée à +2,2 % en 2024, soit plus du double de la moyenne mondiale. Selon les projections des Nations unies, la population ouest-africaine devrait passer de 456 millions d’habitants en 2024 à près de 800 millions d’ici 2050. Le lait constitue une source essentielle de protéines, particulièrement pour les enfants.
Les défis de la collecte laitière
Malheureusement, la collecte laitière locale ne parvient pas à suivre cette explosion de la demande. Environ 50 % des habitants vivent en ville, loin des lieux de production, qui souffrent également d’un manque d’infrastructures de transport. Pour répondre aux besoins alimentaires, les États ouest-africains ont ouvert la porte aux importations de produits laitiers, taxant les poudres de lait à seulement 5 %.
Une augmentation des importations
Au cours des quinze dernières années, les importations de produits laitiers dans la région ont considérablement augmenté. Bien que la production locale ait crû de 45 % en vingt ans, la part de produits laitiers importés dans la consommation est passée de 40 à 60 %, selon le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). En 2020, les importations de la région ont atteint 2,14 milliards d’euros, surpassant largement les 862 millions d’euros enregistrés en moyenne annuelle entre 2000 et 2009.
La poudre de lait réengraissée en tête
Un produit en particulier a vu sa demande exploser : la poudre de lait réengraissée (MGV). Ce produit, souvent obtenu à partir de lait écrémé mélangé à de la matière grasse végétale, est en majorité importé d’Europe. Ces poudres sont vendues à des prix inférieurs, attirant les consommateurs à faible revenu et représentant environ un quart des produits laitiers consommés dans la région.
Les efforts pour structurer les filières locales
Face à cette concurrence des importations, des initiatives sont en cours pour renforcer les filières laitières en Afrique de l’Ouest. Le premier défi reste le développement de la collecte, qui est actuellement limitée à moins de 7 % de la production totale. En effet, la transhumance pratiquée par les éleveurs, qui déplacent leurs troupeaux vers des zones plus végétalisées pendant la saison sèche, complique encore la collecte de lait.
Des pistes d’amélioration
Des organisations comme Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) travaillent à promouvoir la production de lait, notamment au Sénégal. Des efforts sont faits pour améliorer la génétique des animaux, avec l’importation de vaches à haut potentiel laitier d’Europe. Des mini-laiteries et des coopératives de collecte sont également en développement, offrant des solutions adaptées aux besoins locaux.
Des coûts de collecte élevés
Toutefois, malgré ces efforts, les coûts de collecte restent élevés. Les laiteries peinent à obtenir du lait local à un prix compétitif. Par exemple, la laiterie du Berger au Sénégal, soutenue par Danone, a réussi à accroître sa collecte, mais elle doit encore faire face à des importations pour compléter ses besoins.
Un chemin encore long vers l’autosuffisance
Les acteurs locaux reconnaissent que le chemin vers l’autosuffisance est encore long. Avec une forte dépendance aux importations et des défis structurels, l’avenir de la production laitière en Afrique de l’Ouest nécessitera des efforts concertés pour accroître la capacité de production locale et réduire cette dépendance.