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Face à une conjoncture économique mouvante, avec une inflation persistante mais en repli, une remontée des taux d’intérêt, des marchés financiers volatils et une fiscalité en évolution, la diversification patrimoniale redevient une priorité stratégique. Que l’on soit jeune actif, entrepreneur aguerri ou retraité fortuné, répartir judicieusement son patrimoine permet de combiner rendement, sécurité et liquidité. Comme le résume Benjamin Le Maitre, co-fondateur d’Auguste Patrimoine :
« Diversifier, ce n’est pas multiplier les produits : c’est aligner ses investissements avec ses objectifs de vie, son horizon et sa capacité à encaisser le risque. » B. Le Maitre (Auguste Patrimoine)
Dans ce guide actualisé pour 2025, nous passons en revue les grandes classes d’actifs et les stratégies à privilégier pour une diversification intelligente de votre portefeuille.
Le retour du risque et la fin des refuges absolus
Les dernières années ont rappelé aux épargnants qu’aucun placement n’est un refuge totalement à l’abri du risque. L’inflation, qui avait culminé à près de 6 % début 2023, s’est nettement atténuée autour de 2 % mi-2025. Cette décrue a remis les taux d’intérêt réels en territoire positif, redonnant de l’attrait à certains placements sans risque (livrets réglementés, obligations d’État), mais également enlevant l’illusion qu’il était possible de protéger son pouvoir d’achat sans aucun risque.
En 2022, même les obligations d’État réputées sûres ont vu leur valeur chuter avec la remontée des taux, et l’or ou le franc suisse n’ont pas suffi à compenser l’envolée des prix à la consommation. En 2025, accepter une part de risque maîtrisée devient indispensable pour obtenir du rendement. Plutôt que de tout miser sur un seul support prétendument sûr (comme le compte épargne ou l’immobilier locatif seul), il est plus avisé de diversifier entre plusieurs classes d’actifs. L’objectif est de profiter des moteurs de performance de chacune tout en réduisant l’impact d’un choc spécifique sur l’une d’entre elles.
Les placements monétaires et obligataires courts, par exemple, offrent désormais une rémunération positive sans risque de change ni de crédit, mais ils ne doivent pas constituer l’intégralité du patrimoine sur le long terme. Il faut les compléter avec des actifs dynamiques (actions, immobilier, etc.) dont la volatilité peut être amortie par la durée. La fin des refuges absolus signifie qu’il faut réfléchir en termes de bilan global : quel mix d’actifs correspond à votre horizon de placement et à votre tolérance au risque pour traverser différentes conjonctures ?
L’immobilier sous tension, mais toujours incontournable
L’immobilier demeure un pilier de nombreux patrimoines, offrant des revenus réguliers et un ancrage tangible. Cependant, le secteur est sous tension depuis la remontée des taux d’intérêt : baisse du volume de transactions, correction des prix dans certaines régions et nouvelles contraintes réglementaires. Les placements pierre-papier comme les SCPI en sont un bon baromètre.
En 2024, le taux de distribution moyen des SCPI (fonds immobiliers non cotés) s’est établi autour de 4,5 % brut, un rendement encore attractif par rapport à d’autres placements, mais cette performance s’est accompagnée d’une érosion de la valeur de certaines parts. En effet, les SCPI ont ajusté la valorisation de leurs actifs immobiliers à la baisse pour refléter la hausse des taux et la baisse de liquidité du marché : 26 SCPI ont diminué leur prix de part en 2023, parfois de l’ordre de 10 à 15 %. Autrement dit, l’investisseur a certes touché un dividende de 4 à 5 %, mais la valeur de son capital immobilier a pu diminuer d’un pourcentage équivalent, voire davantage pour quelques véhicules très exposés aux bureaux ou à la santé.
Faut-il pour autant renoncer à l’immobilier ? Probablement pas, car il reste un actif incontournable pour diversifier son patrimoine. L’immobilier génère des revenus locatifs réguliers indexés (au moins partiellement) sur l’inflation, et offre une protection contre la volatilité boursière. Néanmoins, il convient d’ajuster sa stratégie aux nouvelles donnes.
Le retour en force des placements obligataires et fonds datés
C’est l’un des grands changements de 2024-2025 : les placements obligataires font leur grand retour, après des années de disette causées par les taux ultra-bas. La hausse des taux a fait chuter la valeur des anciennes obligations, mais elle permet désormais d’investir dans des titres neufs avec des coupons élevés. En particulier, les fonds obligataires “datés” connaissent un succès remarquable.
Ces fonds, constitués d’obligations arrivant toutes à maturité autour d’une même date (2026, 2028, 2030, etc.), offrent une visibilité claire : si on les conserve jusqu’à l’échéance, on peut anticiper un rendement annuel proche du coupon moyen du portefeuille, sous réserve de défauts limités. En 2024, l’engouement a été tel que ces fonds datés ont collecté des montants massifs (plus de 30 milliards d’euros de souscriptions en France). Il faut dire que leurs rendements cibles sont sans comparaison avec ceux des dernières années : souvent 4 à 6 % brut par an sur des échéances de 3 à 5 ans.
Ces niveaux attirent naturellement les épargnants en quête de revenus sans prendre le risque actions. Un fonds daté, s’il est bien diversifié, permet de “verrouiller” un rendement annuel connu à l’avance. Cependant, ces fonds obligataires ne sont pas sans risques. Ils restent soumis au risque de défaut des émetteurs et à un risque de liquidité si vous voulez sortir avant l’échéance. Mais pour un investisseur qui peut immobiliser son épargne sur la durée prévue, ils offrent une alternative intéressante aux fonds euros ou aux livrets.
L’assurance-vie retrouve de l’intérêt, mais doit être pilotée
Longtemps chouchou des Français, l’assurance-vie avait perdu de son éclat au milieu des années 2010 en raison de rendements en chute libre. Le point bas a été atteint en 2021, avec un taux moyen servi d’à peine 1,3 %. Depuis, grâce à la remontée des taux obligataires, les fonds euros se redressent : le rendement moyen 2023 a avoisiné 2,5 %, et 2024 s’établit autour de 2,5 à 2,6 %.
On est encore loin des 4 % ou plus qu’on a connus il y a dix ans, mais la tendance s’est inversée, et surtout, avec une inflation retombée aux alentours de 2 %, le taux réel redevient légèrement positif. Cependant, renouer avec l’assurance-vie ne signifie pas s’y engager passivement. Au contraire, 2025 doit marquer l’avènement d’une gestion plus dynamique et personnalisée de ces contrats.
Les actifs alternatifs : entre diversification réelle et mirage spéculatif
Enfin, diversifier son patrimoine peut aussi signifier sortir des sentiers battus en s’intéressant aux actifs alternatifs : forêts, private equity, métaux précieux, œuvres d’art, vins, montres de collection, cryptomonnaies, etc. Ces placements offrent généralement une corrélation faible avec les marchés traditionnels, ce qui est un atout pour diluer le risque global du portefeuille. Cependant, ils viennent avec leurs propres écueils : faible liquidité, manque de transparence sur la valorisation, frais élevés, voire risque de bulle spéculative.
Il convient donc d’y consacrer une part limitée de son patrimoine, souvent recommandée à hauteur de 5 à 10 % au total, et de bien choisir ses supports.