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Les dirigeants des pays les plus influents se sont réunis à Johannesbourg le week‑end dernier pour le sommet du G20, présidé par l’Afrique du Sud. Malgré l’ambition affichée de faire de la question de la dette souveraine le cœur de l’agenda, la réunion n’a pas abouti à des mesures nouvelles permettant d’alléger la pression financière qui pèse sur de nombreux pays en développement.
Priorités affichées et absence d’initiatives concrètes
Le président sud‑africain Cyril Ramaphosa a maintenu la dette souveraine au centre de sa présidence du sommet, soulignant que la hausse des coûts de service de la dette prive les gouvernements, notamment en Afrique, de marges de manœuvre pour financer les services essentiels comme la santé et l’éducation.
Malgré les engagements répétés — y compris l’annonce par les dirigeants d’un « renforcement de la mise en œuvre du cadre conjoint du G20 » — l’Afrique du Sud n’a présenté aucune proposition nouvelle susceptible d’alléger immédiatement les contraintes financières supportées par les pays lourdement endettés.

Un sommet marqué par les tensions internationales
Les espoirs que le sommet serve de plateforme pour résoudre la crise des dettes souveraines se sont estompés avec l’absence du président américain Donald Trump, privée en partie par des différends avec l’Afrique du Sud au sujet de politiques intérieures.
Ce contexte intervient alors que l’administration américaine réaffirme un retrait relatif de la coopération multilatérale, et que la présidence tournante du G20 doit revenir aux États‑Unis début décembre.

Fragilité de la dette : l’ampleur du défi
Le G20 réunit 19 économies avancées et émergentes, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine, représentant environ 85 % du produit intérieur brut mondial et près des deux tiers de la population mondiale.
En octobre, ministres des finances et gouverneurs de banques centrales se sont dits conscients que l’augmentation des niveaux d’endettement freine la croissance inclusive et limite la capacité des pays à investir dans les infrastructures, la résilience face aux catastrophes, la santé et l’éducation.
Le communiqué appelait à « réaffirmer notre engagement à soutenir les efforts des pays à faible et moyen revenu pour traiter la fragilité de la dette de manière efficace, globale et systématique ».
Niveaux record et impacts sur les services publics
Selon l’Institute of International Finance (IIF), la dette totale des pays en développement a atteint un niveau record de 109 000 milliards de dollars à la mi‑2025.
- La pandémie de Covid‑19, les chocs climatiques et la hausse des prix alimentaires ont poussé de nombreux États pauvres à recourir davantage à l’endettement.
- Ce recours massif à la dette a concurrencé d’autres investissements essentiels, au détriment des services publics.
- Les Nations unies estiment que plus de 40 % des gouvernements africains consacrent davantage aux services de la dette qu’aux dépenses de santé.

Absence de progrès tangible
Avant le communiqué final du sommet, 165 organisations caritatives ont dénoncé la lenteur des avancées et ont pressé le président Ramaphosa de mettre en œuvre des réformes avant de transmettre la présidence du G20 aux États‑Unis.
Dans leur lettre, ces organisations demandaient notamment au Fonds monétaire international de vendre une partie de ses réserves d’or pour financer un fonds de réduction de la dette et soutenaient la création d’un « club des emprunteurs » pour améliorer la coopération entre pays à faible revenu.
À ce jour, aucun des pays engagés dans le cadre conjoint — Éthiopie, Zambie, Ghana et Tchad — n’a finalisé une restructuration complète de sa dette ; le programme n’a permis de réduire que 7 % du coût total de la dette pour ces quatre pays.
La « double pression » des créanciers publics et privés
Depuis le début des années 2000, les annulations de dette opérées par le FMI, la Banque mondiale et certains créanciers bilatéraux ont permis de réduire plus de 75 milliards de dollars de dettes.
Toutefois, après la crise financière de 2008, les prêteurs privés se sont massivement tournés vers les économies à faibles revenus, remplaçant progressivement des prêts moins onéreux émis par des institutions multilatérales.
- Entre 2020 et 2025, près de 40 % des paiements de dette extérieure publique des pays à faible revenu sont allés à des créanciers commerciaux.
- Seulement un tiers de ces paiements a été dirigé vers des institutions multilatérales.
- La Chine s’est imposée comme le principal créancier bilatéral, avec plus de 472 milliards de dollars d’engagements par ses banques entre 2008 et 2024.

Appels à la création d’un mécanisme international
Des experts et des organisations de la société civile soulignent que la diversité des créanciers et la difficulté de coordination rendent les solutions plus coûteuses et longues.
Parmi les propositions figurent la mise en place d’une autorité indépendante de restructuration de la dette, comparable à une cour de faillite internationale, pour accélérer les négociations et réduire les coûts économiques.
Toutefois, dans le contexte actuel de coopération multilatérale affaiblie, ces ambitions restent éloignées d’une mise en œuvre concrète.
