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Donald Trump a multiplié les annonces de « grandes victoires » dans sa guerre commerciale, entre attaques et reculs stratégiques. Pourtant, derrière cette mise en scène, les conséquences économiques réelles pèsent lourd : hausse des prix, explosion des déficits et une facture que payent finalement les Américains.
Pause dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine
Les médias ont salué vendredi une première victoire commerciale de Donald Trump, rapidement suivie d’une autre annonce lundi matin. Selon NBC, les États-Unis et la Chine ont convenu d’une pause de 90 jours sur la majorité des droits de douane mutuels instaurés le mois précédent. Une déclaration commune précise que les tarifs américains sur les importations chinoises passeront de 145% à 30%, tandis que ceux imposés par la Chine sur les produits américains diminueront de 125% à 10%.
Ce cycle classique : initier une guerre commerciale, puis céder, est vendu comme un succès politique. Pourtant, il reflète davantage une oscillation stratégique qu’un réel changement de cap.
Les dynamiques d’une guerre commerciale sous Trump
Au début de son mandat, Trump a lancé des hostilités commerciales, notamment contre le Canada et le Mexique, dénonçant l’ALENA. Cette offensive a provoqué une chute des marchés boursiers, poussant l’administration à négocier avec divers partenaires commerciaux. Finalement, un nouvel accord, l’USMCA, est venu remplacer l’ALENA, mais le déficit commercial américain avec le Canada et le Mexique est passé de 63 milliards de dollars en 2017 à plus de 200 milliards aujourd’hui, soit environ 182 milliards d’euros.
Cette « victoire » est contestée, même par Trump lui-même, qui qualifie désormais l’USMCA d’arnaque pour les États-Unis. Par ailleurs, l’accord commercial récemment signé avec le Royaume-Uni est critiqué pour avoir placé le commerce dans une situation « pire qu’avant Trump » selon Scott Lincicome de l’institut Cato.
Conséquences pour l’industrie automobile et les consommateurs
Le secteur automobile américain, fortement intégré avec le Canada et le Mexique, ne bénéficie pas des accords avec le Royaume-Uni, où les chaînes d’approvisionnement diffèrent. Matt Blunt, président de l’American Automotive Policy Council, souligne cette disparité. General Motors estime que les droits de douane pourraient lui coûter environ 4,6 milliards d’euros, tandis que Ford anticipe une perte de 1,4 milliard d’euros.
Ces taxes pèsent lourd sur la profitabilité des entreprises américaines et, indirectement, sur les consommateurs. En effet, les droits de douane sur les importations britanniques vont passer de moins de 2% en moyenne à 10%, soit une augmentation de plus de cinq fois.
Les limites du protectionnisme et des barrières non tarifaires
Un autre frein aux exportations américaines reste les barrières non tarifaires européennes. Celles-ci ne sont pas des tarifs douaniers, mais plutôt des normes exigeantes, notamment sur l’utilisation des pesticides. Par exemple, les Européens refusent souvent l’importation de produits contenant des résidus de pesticides jugés trop élevés, ce qui limite la concurrence américaine sur ces marchés.
En outre, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en Europe, souvent critiquée par Trump, est une taxe sur la consommation qui impacte tous les produits, importés ou nationaux, sans discrimination particulière.
Les enjeux politiques et économiques de la guerre commerciale
Cette guerre commerciale se révèle bien plus complexe que de simples négociations tarifaires. Elle est aussi un jeu politique plein de bluff, avec des annonces spectaculaires qui masquent des réalités économiques peu reluisantes. Alors que Trump revendique des taux douaniers très élevés, ses négociateurs doivent fréquemment revenir à la baisse sous la pression économique.
En définitive, les « grandes victoires » annoncées par l’équipe Trump traduisent souvent un recul face aux réalités du commerce international, au coût d’une hausse des prix pour les consommateurs et d’un appauvrissement progressif des citoyens.
Bill Bonner
Bill Bonner est l’auteur de plusieurs best-sellers consacrés à l’économie américaine. Fondateur d’Agora, le plus grand réseau de recherche indépendante au monde, il offre un regard critique et sans concession sur les dynamiques économiques et les erreurs fréquentes des investisseurs particuliers. Ses analyses sont suivies par des centaines de milliers de lecteurs dans le monde.