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Les inégalités mondiales continuent de croître, et des projections concernant leur évolution d’ici 2050 soulignent l’urgence d’agir. Quatre chercheurs du World Inequality Lab ont tenté de mesurer cette dynamique et d’identifier les politiques publiques les plus efficaces pour atténuer ces déséquilibres, notamment face aux défis posés par le réchauffement climatique.
Une tendance à l’aggravation des inégalités
Depuis les années 1980, les inégalités mondiales n’ont cessé d’augmenter, atteignant des niveaux alarmants ces dernières années. Bien que les écarts entre pays aient légèrement diminué grâce à la croissance de la Chine et des pays émergents, les disparités à l’intérieur des pays se sont amplifiées, en particulier dans les pays anglo-saxons, ainsi qu’en Chine, en Inde et en Russie. En 1980, les inégalités internes représentaient 39 % des inégalités mondiales ; ce chiffre a grimpé à 64 % en 2023.
Le rôle des politiques redistributives
Les chercheurs ont constaté que les politiques de redistribution nationales jouent un rôle crucial dans la capacité à réduire les inégalités. Avant toute redistribution, un membre du 1 % le plus riche du monde dispose d’un revenu 120 fois supérieur à la moitié la moins aisée. Après redistribution, ce ratio diminue à 85, ce qui reste élevé. Actuellement, les 1 % les plus riches détiennent 16 % du revenu mondial, tandis que les 50 % les plus pauvres en reçoivent moins de 10 %.
Scénarios d’évolution des inégalités
Quatre scénarios ont été élaborés par les chercheurs :
- Scénario tendanciel : Prolonge la dynamique des revenus observée ces dernières décennies.
- Scénario basé sur les pays redistributifs : Applique les pratiques des trois pays les plus progressistes de chaque région à l’ensemble des pays de la région.
- Scénario de prédistribution : Focalisé sur des politiques telles que l’accès à l’éducation et le salaire minimum, appliquant cette dynamique aux pays de la région.
- Scénario combiné : Combine les approches de prédistribution et de redistribution.
Les résultats des différents scénarios
Dans le scénario tendanciel, les inégalités mondiales diminueraient légèrement, avec un ratio de 70 fois entre les 1 % les plus riches et les 50 % les plus pauvres en 2050. En renforçant les systèmes fiscaux, ce ratio reste toutefois supérieur à 50. L’adoption de politiques de prédistribution plus efficaces permettrait d’améliorer la situation, avec une part du revenu pour les 50 % les plus pauvres qui passerait à près de 17 %, et celle des 1 % les plus riches tombant à 13 %. Le ratio serait alors de 47 fois.
Le scénario combiné, qui intègre les meilleures pratiques de prédistribution et de redistribution, offrirait la plus forte réduction des inégalités, avec un ratio de 30 fois en 2050. Bien que cela soit une amélioration, des économistes comme Thomas Piketty plaident pour un objectif plus ambitieux de 1 à 10.
L’impact du réchauffement climatique sur les inégalités
Les scénarios présentés ne prennent pas en compte les effets du réchauffement climatique, qui aggrave les conditions des plus vulnérables. L’étude révèle que même un réchauffement faible peut compromettre les progrès du scénario tendanciel, et les 50 % les plus pauvres subissent 75 % des impacts négatifs du changement climatique, tandis que les 1 % les plus riches n’en ressentent que 3 %. Cela souligne l’importance d’une action politique urgente pour réduire les inégalités mondiales, qui sont exacerbées par la crise climatique.