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Le 5 août 2024, lors d’une interview sur France Info, l’ex-ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a fait une déclaration qui a suscité la controverse : _« Il serait magnifique que le bassin de 50 mètres où Léon Marchand a nagé aille dans le centre d’entraînement de Toulouse ! »_ Cette remarque n’a pas été bien reçue par Stéphane Blanchet, maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), qui a rappelé que sa ville avait été désignée dès 2021 pour recevoir ce bassin emblématique en héritage des JO. Il a ainsi déclaré : _« On a fait toutes les études, préparé le terrain, démoli l’ancienne piscine municipale et prévu le budget annuel pour la faire fonctionner. »_ Un projet confirmé par Toulouse qui a démenti toute intention de recevoir le bassin. Le bassin sera donc bien inauguré à Sevran dans quelques mois.
Des investissements au rendez-vous
La Seine-Saint-Denis devait tirer profit des JO de Paris 2024, une promesse inscrite dans le dossier de candidature. Un an après, cet héritage semble être bien présent avec des investissements notables, tels que le Village des athlètes implanté à cheval sur Saint-Ouen et Saint-Denis, le Centre aquatique olympique à Saint-Denis, et le Village des médias à Dugny. Des projets indirects incluent également la construction d’une passerelle sur l’autoroute A1, la dépollution du parc Valbon à La Courneuve, ainsi que l’aménagement des quais de Seine.
La collectivité a bénéficié de 82,2 % des investissements publics (1,3 milliard d’euros) de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), permettant la création ou la rénovation de onze gymnases et la construction ou modernisation de sept piscines. Cela représente un rattrapage significatif pour un département souvent décrit comme _« le plus carencé en équipements sportifs »_, selon Tony Estanguet, président de Paris 2024.
Des retombées économiques mitigées
Les retombées économiques des JO se font également ressentir, avec 303 millions d’euros générés par les entreprises locales dans le secteur de la construction. Danielle Dubrac, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie dionysienne, a précisé que le comité d’organisation a également contribué avec 200 millions d’euros sur 2,7 milliards d’euros d’achats.
Cependant, le président du Medef local, Bastien Brunis, a exprimé des réserves : _« Ce n’est quand même pas grand-chose… Trop peu pour avoir un effet sur le chômage ou les défaillances d’entreprises. »_ Les bénéfices les plus significatifs pour le département incluent l’installation de la fibre optique et la baignabilité de la Seine, nécessitant le raccordement de plus de 10 000 logements au tout-à-l’égout, un budget d’1 milliard d’euros, difficilement accessible sans les JO.
La gentrification en perspective
Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France, considère que le quartier de Saint-Denis Pleyel représente le renouveau du « 9-3 » grâce aux JO. Avec l’arrivée de la ligne de métro 14, la tour Pleyel rénovée, abritant un hôtel quatre étoiles, un centre de conférences, et un restaurant panoramique, pourrait transformer ce secteur. _« C’est un nouveau La Défense, mais dans le 9-3, typé services et hospitalités ! »_ a-t-elle déclaré, bien que cela suscite des craintes chez les habitants.
En effet, 4 000 logements neufs ont vu le jour pour accueillir les athlètes et les médias, mais leur prix de commercialisation, lancé à 7 500 euros le mètre carré, pourrait écarter les populations les plus modestes. Véronique Mercier, directrice des relations institutionnelles de l’opérateur, a reconnu que les ventes n’avaient pas décollé immédiatement, mais que les prix avaient ensuite été ajustés à 6 900 euros.
Des inégalités croissantes
Le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a exprimé des inquiétudes concernant la paupérisation : _« Avec 52 % de logements sociaux, 20 % de logements indignes, près de 4 % d’hébergements d’urgence… le risque ici est la paupérisation, pas l’embourgeoisement ! »_ Même le Centre aquatique, avec ses installations modernes, est perçu par certains comme un équipement pour les plus riches, malgré des tarifs accessibles.
Les investissements ont principalement profité à certaines intercommunalités, créant un sentiment d’exclusion dans des villes comme Stains, Bobigny ou Noisy-le-Sec. Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-sous-Bois, a vivement critiqué cette situation, se définissant comme _« les soutiers des JO. »_
L’héritage des JO
Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental, a défendu la décision de ne pas répartir les équipements dans toutes les communes : _« Les Jeux devaient être compacts, pour des questions pratiques et écologiques. »_ Cela a entraîné des défis pour certaines villes qui n’ont pas pu accueillir d’épreuves, faute de moyens. La gestion des projets a été confiée à de grandes entreprises, garantissant ainsi le respect des délais et la qualité des équipements.
La situation, bien que parfois perçue comme brutale, a été conçue pour privilégier les projets de collectivités solides, assurant que l’héritage des JO sera durable en Seine-Saint-Denis.