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Le Fonds souverain norvégien protège les générations futures avec 2 000 Md$

by Sara
Norvège

Le fonds souverain norvégien, officiellement nommé « Government Pension Fund Global » et évalué à environ 2 000 milliards de dollars en 2025, gère les recettes pétrolières de la Norvège afin de protéger la richesse nationale pour les générations futures. Créé en 1990, il investit principalement à l’étranger et combine actions, obligations, immobilier et infrastructures pour assurer une croissance à long terme et limiter les risques liés aux fluctuations des marchés.

Naissance et création

Le fonds a été institué en 1990 sous l’appellation « Fonds pétrolier gouvernemental » par décision du Parlement norvégien. Il faisait partie d’un plan à long terme visant à canaliser régulièrement les revenus pétroliers vers un véhicule financier destiné à préserver la richesse nationale.

En 2006, son nom officiel est devenu « Government Pension Fund Global », mais il est encore souvent désigné sous l’appellation familière de « fonds pétrolier ». Contrairement au « Government Pension Fund Norway », qui investit surtout en Norvège et dans les pays scandinaves via la Bourse d’Oslo, le fonds global place ses actifs à l’étranger.

La création du fonds fait suite aux efforts de l’État norvégien pour gérer les revenus tirés du pétrole découvert à la fin des années 1960 (champ d’Ekofisk) et mis en production en 1971, avec la volonté manifeste d’éviter les déséquilibres économiques liés à une exploitation rapide et incontrôlée des ressources.

Objectifs et rôle

Le fonds poursuit plusieurs objectifs clairs et complémentaires :

  • Protéger l’économie norvégienne des chocs liés aux variations du prix du pétrole sur les marchés mondiaux.
  • Constituer une réserve d’épargne à long terme permettant aux générations actuelles et futures de bénéficier des revenus pétroliers.
  • Assurer une gestion durable et prudente des recettes provenant des ressources pétrolières et gazières.

La stratégie repose sur une vision à long terme : allouer largement les investissements pour réduire l’impact des fluctuations à court terme et préserver le capital national sur plusieurs décennies.

La gestion du fonds vise à obtenir le rendement le plus élevé possible tout en acceptant un niveau de risque modéré, dans l’intérêt collectif du peuple norvégien.

Valeur et répartition des investissements

Le premier versement au fonds a été effectué en 1996, avec la décision de n’investir qu’à l’étranger. Depuis, le gouvernement prélève annuellement une part limitée du fonds, qui représente environ 20 % du budget de l’État.

La majorité de la valeur du fonds provient d’investissements sur les marchés mondiaux :

  • Actions de grandes entreprises cotées à l’échelle internationale.
  • Obligations internationales générant un revenu fixe.
  • Investissements dans l’immobilier et les infrastructures, notamment dans le secteur des énergies renouvelables.

En 2025, le fonds détenait environ 1,5 % des actions cotées mondialement, soit des participations dans près de 9 000 entreprises à travers le monde. Cela permet de percevoir chaque année une part significative des bénéfices distribués par ces sociétés.

L’étendue géographique et sectorielle des placements aide à réduire les risques de perte. La valeur du fonds est estimée autour de deux billions de dollars, ce qui équivaut à plus de 340 000 dollars d’actifs par habitant en Norvège.

Salle de marché de Norges Bank Investment Management à Oslo
La salle de marché de Norges Bank Investment Management, gestionnaire du fonds souverain norvégien (REUTERS).

Administration politique et règles budgétaires

Il existe un large consensus politique en Norvège sur la gestion du fonds : limiter les dépenses aujourd’hui pour mieux faire face aux ralentissements économiques et aux crises futures.

Les citoyens sont aussi impliqués dans les débats par le biais de forums et d’enquêtes d’opinion, garantissant une transparence démocratique autour de la gouvernance du fonds.

La règle budgétaire adoptée par les responsables politiques consiste à ne dépenser en moyenne que le rendement réel attendu du fonds, estimé à environ 3 % par an. Ainsi, on utilise progressivement les revenus pétroliers sans entamer le capital du fonds.

Nicolai Tangen, directeur exécutif du fonds en 2020
Nicolai Tangen, directeur exécutif de Norges Bank Investment Management en 2020 (REUTERS).

Gouvernance interne

Le cadre légal du fonds est posé par la « loi sur le Government Pension Fund ». La responsabilité politique et la définition des orientations incombent au ministère des Finances, qui fixe les lignes directrices pour la gestion.

La gestion opérationnelle est assurée par la banque centrale norvégienne. Le conseil d’administration de la banque a délégué la gestion à Norges Bank Investment Management afin de protéger et de faire croître la richesse destinée aux générations futures.

Les décisions importantes relatives au niveau de risque exigent l’approbation des propriétaires représentés par le gouvernement et le Parlement, tout en accordant aux gestionnaires une marge de manœuvre suffisante pour opérer sur les marchés où le fonds est investi.

Conseil d’éthique et contrôle des investissements

Pour renforcer la transparence et la cohérence éthique des placements, le ministère des Finances a institué un conseil d’éthique indépendant chargé d’évaluer les entreprises détenues par le fonds au regard de ses directives éthiques.

Le conseil peut recommander l’exclusion d’une entreprise du portefeuille ou décider de la placer sous surveillance. Ses avis s’appuient sur les principes éthiques du fonds et visent à aligner les investissements sur des critères de responsabilité.

Revue des investissements en Israël

Le rôle du conseil d’éthique s’est particulièrement illustré concernant les investissements en Israël, pays pointé par des critiques internationales après les événements d’octobre 2023 et les politiques de colonisation et d’opérations en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Au 30 juin 2025, le fonds avait vendu ses actions dans 23 sociétés cotées en Israël, pour une valeur totale d’environ 4 milliards de couronnes norvégiennes (près de 400 millions de dollars).

En août 2025, le fonds a décidé de revoir trimestriellement ses investissements en Israël et d’exclure six entreprises identifiées comme liées aux activités en Cisjordanie et à Gaza de son portefeuille.

source:https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/10/24/%d8%b5%d9%86%d8%af%d9%88%d9%82-%d8%a7%d9%84%d8%ab%d8%b1%d9%88%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%8a%d8%a7%d8%af%d9%8a%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d9%86%d8%b1%d9%88%d9%8a%d8%ac%d9%8a-%d8%a3%d9%85%d9%88%d8%a7%d9%84

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