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L’Italie face à l’indebitamento public : plus de taxes nécessaires ?
Le montant de la dette publique italienne a atteint 2.984,5 milliards d’euros en juin, un nouveau record qui s’ajoute à une longue série. Pendant de nombreuses années, il a été soutenu que cette dette ne posait pas de problème, surtout dans un contexte de faibles taux d’intérêt et à la suite de la pandémie. L’idée était qu’un endettement accru pouvait être synonyme de plus de croissance. Malheureusement, la réalité a été différente. On a également évoqué qu’un certain type de dette pouvait être considéré comme « bon » s’il était utilisé à bon escient, ce qui justifiait son maintien sans nécessairement chercher à le réduire.
Une hausse constante de la dette
Le principal problème réside dans le fait que l’Italie a continué à accroître sa dette tant en période de récession qu’en période de croissance. Excepté quelques rares périodes, comme lors de l’adoption de l’euro, la dette n’a fait que monter. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, la dette atteindra cette année 138,6 % du PIB, et 141,7 % l’année prochaine. Ce chiffre place l’Italie au deuxième rang au sein de la zone euro, juste derrière la Grèce, dont le ratio est en déclin rapide. D’ici 2027, le ratio de la Grèce pourrait se situer bien en dessous de celui de l’Italie, faisant de cette dernière l’économie de l’Union européenne avec le ratio dette/PIB le plus élevé.
Un contexte démographique préoccupant
Indebtement public dans un pays vieillissant est plus facilement accepté puisqu’il ne semble pas affecter les générations âgées. Cela est particulièrement vrai en Italie où la population de plus de 65 ans représente à ce jour 24 % de la population, une proportion qui pourrait grimper de dix points supplémentaires d’ici 2050. Ce constat a incité les dirigeants du pays à recourir à des emprunts. Par exemple, la législation Quota 100, introduite par le Parlement le plus jeune de l’histoire, a permis des départs anticipés à la retraite, financés par la dette, pour nombre de fonctionnaires de 62 ans. Cette décision, justifiée par l’argument de « libérer » des travailleurs, pèsera à long terme sur les jeunes générations, souvent moins visibles et moins encline à se faire entendre.
Les coûts invisibles de la dette
La population de moins de 14 ans représente actuellement 12,5 % de la population, un chiffre qui pourrait descendre sous les 11 % dans les deux prochaines décennies. Il est essentiel de rappeler ici que le coût de la dette n’est pas gratuit : il entraîne une charge annuelle d’environ 85 milliards d’euros. De plus, cet endettement est inéquitable, car les sommes versées aux créanciers proviennent de ressources qui pourraient financer des biens publics tels que la santé, l’éducation et les transports. Par exemple, l’État alloue environ dix milliards d’euros de moins au secteur éducatif, crucial pour la formation des futures générations, que le montant destiné aux remboursements de dette. Cela illustre bien l’absurdité de la situation.
La vulnérabilité face aux crises
Un autre aspect à prendre en compte est la fragilité causée par un taux d’endettement élevé. L’expérience des crises financières et celle résultant de la pandémie ont clairement montré que les pays avec un ratio élevé de dette par rapport au PIB disposent de marges de manœuvre limitées. Émettre davantage de dette aurait été trop coûteux, rendant difficile le soutien aux familles et aux entreprises en période de crise. En revanche, les économies moins endettées ont pu réagir plus rapidement et efficacement.
Conséquences pour l’Europe
Un niveau d’endettement élevé pose également des problèmes aux autres membres de l’Union européenne. Dans un contexte de monnaie unique, la vulnérabilité d’un pays peut générer une instabilité au niveau régional, comme l’a démontré la crise grecque qui s’est rapidement propagée à l’ensemble de l’Europe. Il est donc crucial de réduire le ratio dette/PIB, tant pour l’Italie que pour ses partenaires européens.
Les solutions à envisager
Quand on interroge le gouvernement sur les stratégies à adopter pour diminuer le niveau de la dette, la réponse est presque invariable : « à travers la croissance ». Cette approche, bien qu’attrayante, ne semble pas exiger de sacrifices tout en créant l’illusion de résultats garantis. Cependant, les chiffres montrent que cette méthode a des limites. Nous entrons dans une ère où les taux d’intérêt risquent difficilement de revenir aux niveaux bas précédents. Pour réduire la dette, il serait également nécessaire d’agir sur le solde primaire, qui reflète la différence entre les revenus et les dépenses, hors intérêts. Cela implique de choisir entre augmenter les taxes, une option impopulaire dans un pays où l’objectif est de réduire la pression fiscale, ou de diminuer les dépenses. Les lignes directrices se trouvent clairement établies dans le Document de programmation économique et financière (Def), mais il n’en est pas question dans le débat public.
L’Italie se retrouve avec des choix cruciaux à prendre, et le prochain rendez-vous important est fixé à septembre avec la nouvelle loi de finances.