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La nomination de Robby Starbuck, IA, biais idéologiques, Meta, États-Unis a provoqué une vive polémique : Meta a engagé l’activiste conservateur pour conseiller sur les biais idéologiques et politiques de ses modèles de langage, un choix contesté en raison du profil et des positions connues de Robby Starbuck.
Robby Starbuck, IA, biais idéologiques, Meta, États-Unis : nomination et accord du 14 août 2025
Meta a annoncé la nomination de Robby Starbuck au poste de conseiller chargé de réduire les « préjugés idéologiques et politiques » dans ses outils d’intelligence artificielle. Cette décision intervient dans le cadre d’un règlement à l’amiable conclu le 14 août 2025, après un différend judiciaire opposant l’activiste à l’entreprise. Robby Starbuck avait poursuivi Meta en avril, alléguant que le chatbot de Meta avait affirmé à tort qu’il avait participé à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Meta, qui a publié Llama 4 en avril 2025, a été critiquée par des chercheurs indépendants pour avoir, selon eux, manipulé des tests afin de faire apparaître son modèle comme supérieur à la concurrence. Le groupe affirme toutefois travailler à atténuer les controverses liées à une IA perçue comme « politiquement correcte et partiale », cherchant à aligner ses modèles sur des utilisateurs de tous bords politiques.
Selon le communiqué conjoint entre Robby Starbuck et Joel Kaplan, responsable des affaires internationales de Meta : « Depuis qu’il s’est engagé sur ces questions importantes avec Robby, Meta a fait d’énormes progrès pour améliorer la précision de Meta AI et atténuer les préjugés idéologiques et politiques ». La controverse porte sur la capacité réelle de M. Starbuck, qui n’est pas spécialiste des modèles de langage, à remplir ce rôle sans influencer négativement les produits de l’entreprise.
Profil controversé et antécédents publics de Robby Starbuck
Robby Starbuck est surtout connu comme un activiste conservateur et un ancien réalisateur de clips musicaux devenu candidat au Congrès, proche des positions MAGA. Il s’est fait connaître par sa lutte contre les politiques DEI (diversité, équité et inclusion) et par des campagnes de pression publique et de boycott visant à faire retirer ces programmes au sein de grandes entreprises américaines.
Parmi les sociétés mentionnées comme ayant reculé face à ses campagnes figurent Walmart, Ford, Harley‑Davidson, Jack Daniel’s, Stanley Black & Decker et John Deere. Ces actions expliquent que nombre d’observateurs qualifient Robby Starbuck d’activiste plutôt que d’expert en IA ou en biais idéologiques.
Deux aspects de son profil suscitent des inquiétudes : des prises de position et des affirmations associées à des théories du complot, et des propos sur les questions LGBTQ+. Le texte évoque des allégations selon lesquelles il aurait affirmé que des pesticides rendraient les enfants LGBTQ+, que les drapeaux de la fierté relèveraient du « grooming » ou qu’il aurait remis en cause les circonstances officielles de la mort de l’acteur Matthew Perry en la liant au vaccin contre le Covid‑19. Ces éléments renforcent les interrogations sur la pertinence de sa nomination pour travailler sur les biais politiques des modèles.
Dans sa plainte civile, Robby Starbuck réclamait 5 millions de dollars de dommages et intérêts (environ 4,6 millions d’euros). Les deux parties ont indiqué que l’affaire était désormais résolue, sans préciser si l’activiste avait été rémunéré dans le cadre de l’accord.
Politiques internes de Meta, modération et contexte politique américain
La nomination s’inscrit dans un contexte plus large de changement des règles internes de Meta : en janvier 2025, l’entreprise a mis à jour sa politique en matière de discours haineux en réduisant la modération sur certains sujets controversés tels que l’immigration et le genre, et en mettant fin à son programme de vérification des faits au profit d’un système de notes communautaires. Ces évolutions ont suscité des critiques, certains estimant qu’elles ouvrent la porte à des propos décrivant les personnes LGBTQ+ comme « malades mentaux ». Mark Zuckerberg a défendu ces mesures en invoquant la liberté d’expression.
Parallèlement, l’action de Meta intervient après la signature par le président Donald Trump d’un décret visant à « prévenir l’IA woke au sein du gouvernement fédéral », exigeant que les entreprises bénéficiaires de financements fédéraux maintiennent des modèles d’IA politiquement neutres et exempts de « dogmes idéologiques tels que la DEI ». Ce décret a été qualifié d’inconstitutionnel par certains juristes.
La controverse s’étend également au débat scientifique sur l’existence et l’ampleur d’un biais politique des modèles : Meta argumente que « il est bien connu que tous les principaux modèles d’IA ont eu des problèmes de partialité ; en particulier, ils ont historiquement penché à gauche lorsqu’il s’agit de sujets politiques et sociaux débattus. Cela est dû aux types de données de formation disponibles sur Internet ». Des chercheurs et experts demandent un accès aux données pour vérifier ces affirmations. Abeba Birhane, de la Fondation Mozilla, avertit : « Même si c’était vrai, je serais prudent en supposant que les données extraites d’Internet reflètent ou correspondent à la réalité. Elles reflètent plutôt les opinions de ceux qui ont accès à [l’Internet]… ceux qui sont connectés numériquement ».
Questions ouvertes pour l’industrie et les utilisateurs
La décision de confier une mission sur les biais idéologiques à une personnalité perçue comme hostile aux droits LGBTQ+ soulève des interrogations sur l’engagement de Meta en matière d’inclusivité et d’éthique technologique. Des critiques redoutent que ce choix fragilise la confiance des utilisateurs et des partenaires, tandis que Meta affirme déjà constater des « progrès » dans la précision et l’atténuation des préjugés politiques de ses systèmes.
Les prochains éléments attendus par la communauté technique et le grand public comprennent des détails sur la nature exacte du rôle confié à Robby Starbuck, les méthodes utilisées pour évaluer et corriger les biais, et la transparence sur les modifications apportées aux modèles et aux données d’entraînement.