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Narcotrafic : Comment réduire la demande pour endiguer le fléau

by Sara
Narcotrafic : Comment réduire la demande pour endiguer le fléau
France

Pour tenter d’endiguer le fléau du narcotrafic, l’État français concentre ses efforts sur l’offre, en s’attaquant principalement aux dealers. Toutefois, il est urgent de réprimer de manière plus sévère la demande, selon les observations de notre chroniqueur.

Une économie souterraine massive

Le narcotrafic est devenu un secteur économique souterrain d’une ampleur considérable en France. D’après une commission d’enquête sénatoriale de 2024, le chiffre d’affaires du trafic de stupéfiants se situe entre 3,5 et 6 milliards d’euros par an. Cette activité impliquerait environ 200 000 personnes, dont plus de 20 000 à temps plein, et se déploie à travers près de 3 000 points de deal recensés sur le territoire.

La professionnalisation du marché s’est accélérée ces dernières années grâce à l’avancée technologique. Les messageries cryptées et les paiements en cryptomonnaies facilitent non seulement la livraison à domicile, mais également le blanchiment d’argent. Les trafics internationaux, utilisant les ports du Havre ou d’Anvers, garantissent l’approvisionnement, notamment en cocaïne.

Des policiers français lors d'une opération XXL Place Nette

Des saisies records mais un marché vigoureux

En 2024, les saisies ont atteint des sommets historiques : 66 tonnes de cannabis, 21 tonnes de cocaïne et 6 millions de cachets d’ecstasy ont été interceptés en France. Toutefois, ces chiffres témoignent davantage de la résilience du marché que de l’efficacité des forces de l’ordre. Les zones de non-droit se multiplient et les actes de violence s’intensifient. L’an dernier, 110 personnes ont perdu la vie en raison de violences liées au narcotrafic, et 42 autres ont été tuées entre janvier et juin 2025.

Un préfet a récemment souligné que l’État se trouve en difficulté face à cette économie parallèle devenue gigantesque et très lucrative. Comme dans _Le Parrain_ de Coppola, les narcotrafiquants peuvent théoriquement tout acheter : policiers, juges, fonctionnaires ou politiques. Par ailleurs, le trafic est perçu comme un vecteur d’ascension sociale pour certains jeunes sans perspective professionnelle. L’État déploie de plus en plus de moyens pour intercepter les narcotrafiquants et les placer dans des environnements où ils ne pourront plus nuire, comme le prévoit la construction de narcoprisons.

La nécessité de culpabiliser l’usager

Il est essentiel de comprendre qu’un moyen simple de ruiner le narcotrafic est de cesser de consommer de la drogue. Le fonctionnement de l’économie de marché fait que la structure du narcotrafic dépend finalement de la demande. Cependant, en matière de consommation de drogue, la France affiche de tristes statistiques.

Le cannabis est expérimenté par 21 millions de personnes, dont 5 millions se déclarent utilisateurs annuels et près de 900 000 usagers quotidiens. La cocaïne, quant à elle, connaît une dynamique de consommation croissante, avec plus d’un million de personnes la consommant au moins une fois par an. Les consommateurs sont majoritairement des hommes âgés de 25 à 44 ans, souvent polyconsommateurs. Si l’usage festif demeure prédominant, la cocaïne s’implante également dans certains milieux professionnels, utilisée comme moyen de faire face au stress et à la charge de travail.

La tendance à la hausse de la consommation de cocaïne montre que, malgré les saisies, l’offre réagit à la demande. De nombreux maires soulignent la difficulté de lutter contre les points de deal alors que les consommateurs sont omniprésents dans nos villes. À long terme, réduire la consommation reste la seule méthode efficace pour freiner l’expansion du narcotrafic. Cela nécessite une approche à la fois répressive et préventive.

La prévention passe par une sensibilisation accrue aux ravages de la drogue, y compris des substances dites « douces », tant sur la santé que sur le cerveau. En parallèle, la Suède a mis en place une politique sévère contre la consommation, la qualifiant de délit pénal passible d’amendes et de peines de prison allant jusqu’à six mois pour une simple consommation, aggravées en cas de récidive. Cette approche répressive repose sur une forte présence policière, des contrôles fréquents, et la possibilité de tests salivaires dès qu’un agent soupçonne une prise.

Afin de décourager la consommation et de combattre le narcotrafic, il est crucial de responsabiliser les usagers. Finalement, ceux qui recherchent le plaisir à travers la consommation de cocaïne sont les véritables responsables des conséquences tragiques liées à ce commerce mortel.

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