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Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ainsi que leur version élargie en BAATMMAN (Baidu, Alibaba, Amazon, Tencent, Microsoft, Meta, Apple, Nvidia) ou les Magnificent Seven (Apple, Microsoft, Nvidia, Alphabet, Amazon, Meta, Tesla), partagent de nombreuses caractéristiques fondamentales qui expliquent leur domination boursière et économique. Reconnaître ces traits, c’est saisir ce qui permet à une entreprise technologique de passer d’un acteur innovant à une infrastructure incontournable de l’économie numérique.
Ces entreprises n’ont pas atteint une capitalisation boursière de plus de 1000 milliards d’euros par hasard. Elles ont conquis des marchés colossaux, posé des jalons technologiques inégalés, généré des marges exceptionnelles et consolidé des positions quasi-monopolistiques. Chacune d’elles incarne une convergence rare de vision à long terme, d’effets de réseau puissants, d’efficacité opérationnelle et d’expansion horizontale réussie. Identifier la prochaine entreprise qui franchira ce cap symbolique de 1000 milliards, c’est repérer une entité capable de devenir une infrastructure digitale incontournable, d’imposer une plateforme technologique globale, et de capturer durablement la valeur grâce à d’importants avantages concurrentiels.
Critères de détection
Pour devenir membre du club des 1000 milliards de capitalisation boursière, une entreprise devra :
- Adresser un marché mondial scalable et en forte expansion
- Créer une plateforme technologique ou un standard
- Détenir une propriété intellectuelle différenciante
- S’appuyer sur les données comme levier d’efficience
- Démontrer une rentabilité croissante avec discipline capitalistique
- Bénéficier d’un management visionnaire et éthique
- Devenir le choix par défaut de son secteur
CrowdStrike : Le défenseur numérique face à l’épreuve du feu
Avec une capitalisation de 110 milliards d’euros, CrowdStrike se positionne en tête des prétendantes. Son produit phare, la plateforme Falcon, offre protection, détection et réponse aux cybermenaces, dans un modèle SaaS modulaire et cloud-native.
Le marché cible de l’entreprise, la cybersécurité, est devenu vital et systémique. CrowdStrike adresse aujourd’hui plus de la moitié du Fortune 500, domine technologiquement son secteur et revendique des marges brutes supérieures à celles de Microsoft, affichant une rétention client remarquable. L’entreprise utilise des données comportementales pour affiner ses modèles et ambitionne de bâtir une plateforme de « confiance numérique » plus globale que la simple sécurité des terminaux.
Cependant, CrowdStrike reste fragile. Un incident majeur en juillet 2024 a révélé le risque systémique associé à sa centralité. Sa discipline capitalistique est également sujette à caution, avec des rémunérations en stock-options jugées excessives. Pour espérer atteindre le trillion, CrowdStrike devra démontrer une robustesse organisationnelle et une diversification stratégique à la hauteur de son envergure technologique.
- ✔️ Marché mondial scalable
- ✔️ Plateforme technologique
- ✔️ Exploitation de la donnée
- ✔️ Récurrence et expansion
- ⚠️ Gouvernance perfectible
- ⚠️ Risque de concentration technologique
AppLovin : L’algorithme roi du monde publicitaire
Peu de sociétés affichent un tel contraste entre notoriété publique et performance boursière. Capitalisée à près de 128 milliards d’euros, AppLovin est devenue la pépite cachée de l’adtech. Partie du gaming mobile, elle s’est muée en centrale algorithmique de monétisation publicitaire, avec AXON 2.0 comme cerveau et la plateforme MAX comme terrain de jeu.
AppLovin combine un modèle d’une efficacité rare (2,2 milliards d’euros de FCF pour seulement 500 employés), une base utilisateurs massive (1,4 milliard d’UA) et une capacité d’exécution quasi militaire. Sa culture technique radicale et sa sobriété capitalistique en font un acteur unique dans l’univers tech.
Son marché est colossal, avec près de 1000 milliards d’euros de dépenses publicitaires digitales attendues d’ici 2028, et son expansion vers la TV connectée et l’e-commerce semble sans limites. Si elle réussit à se rendre incontournable en dehors des écosystèmes d’Apple et de Google, elle pourrait devenir le standard publicitaire de l’ère IA.
- ✔️ Marché extensible
- ✔️ Plateforme IA scalable
- ✔️ Culture produit radicale
- ✔️ Rentabilité hors norme
- ✔️ Leadership visionnaire
- ⚠️ Dépendance aux écosystèmes mobiles
- ⚠️ Cyclicité du marché publicitaire
Palo Alto Networks : La colonne vertébrale de la cybersécurité mondiale
À 113 milliards d’euros de capitalisation, Palo Alto Networks incarne la transformation d’un éditeur legacy en plateforme cloud de sécurité. Sa suite tripartite – Strata (firewalls nouvelle génération), Prisma Cloud (sécurité cloud-native) et Cortex XSIAM (SOC automatisé par IA) – constitue un écosystème cohérent, massivement adopté par les grandes entreprises.
Le marché adressé est immense, car la digitalisation mondiale nécessite une sécurité robuste. Palo Alto Networks vise à être le garant de cette sécurité. Sa stratégie de fusions et acquisitions est agressive, et sa rentabilité a fortement augmenté, renforçant sa position de choix par défaut pour la sécurité cloud des entreprises.
Néanmoins, des défis apparaissent, notamment un ralentissement de la croissance organique et l’intégration complexe de multiples acquisitions. Le potentiel est réel, mais dépendra de la capacité de l’entreprise à maintenir la cohérence de son offre.
- ✔️ Marché structurellement porteur
- ✔️ Plateforme cloud intégrée
- ✔️ Données comportementales massives
- ✔️ Solide rentabilité
- ⚠️ Empilement d’actifs à digérer
- ⚠️ Gouvernance prudente recommandée
Snowflake : L’épine dorsale incertaine du cloud data
Snowflake reste un cas fascinant. Avec une capitalisation de 68 milliards d’euros, l’ex-chouchou du Nasdaq tente de se réinventer en tant que plateforme clé de l’IA d’entreprise. Son architecture unique, multi-cloud, extensible et sécurisée, vise à en faire un système d’exploitation potentiel pour les données mondiales. Les modules IA signalent une volonté de s’imposer comme le standard.
Cependant, la réalité financière est difficile. Les pertes opérationnelles restent élevées, et les rémunérations en stock-options atteignent des niveaux critiques. La nouvelle direction souhaite se concentrer sur l’innovation à long terme, malgré des sacrifices à court terme.
- ✔️ Propriété technologique unique
- ✔️ Plateforme data/IA en construction
- ✔️ Marché en explosion
- ✔️ Adoption solide par les entreprises
- ⚠️ Rentabilité très incertaine
- ⚠️ Gouvernance à rétablir
- ⚠️ Concurrence féroce
CoreWeave : Le moteur invisible de l’IA mondiale
Avec 53 milliards d’euros de capitalisation, CoreWeave est peut-être la pépite la plus explosive de cette liste. En tant que pure player de l’infrastructure IA, la société déploie des clusters géants de GPU pour répondre aux besoins de calcul les plus exigeants. Elle est devenue l’alliée stratégique d’OpenAI, Meta et Microsoft.
Son modèle économique combine contrats « take-or-pay », marges EBITDA impressionnantes et intégration logicielle verticale, ce qui en fait un acteur prisé par les GAFAM. Sa croissance est rapide, et son positionnement de niche la protège de la banalisation.
Cependant, les risques sont importants : dépendance à quelques clients majeurs, besoins de financements permanents et pression concurrentielle des hyperscalers généralistes. CoreWeave pourrait devenir l’« AWS de l’IA », mais elle doit rester rapide, fiable et bien capitalisée.
- ✔️ Infrastructure IA critique
- ✔️ Plateforme propriétaire
- ✔️ Clients stratégiques
- ✔️ Performances technologiques inégalées
- ⚠️ Concentration du risque client
- ⚠️ Endettement élevé
Les racines du trillion sont déjà visibles
CrowdStrike, AppLovin, Palo Alto Networks, Snowflake et CoreWeave ne sont pas encore des GAFAM, mais elles partagent des attributs communs : plateforme technologique, scalabilité mondiale, orientation data-centric et ambition monopolistique. Chacune d’elles représente une verticale essentielle du numérique, que ce soit dans la cybersécurité, la publicité, le cloud data ou l’IA infrastructurelle. Leur accession au club des 1000 milliards dépendra moins de leur technologie que de leur capacité à se positionner comme les choix évidents dans leurs secteurs respectifs.