Table of Contents
Nomura Holdings estime que la réduction possible des tarifs douaniers américains sur les exportations indiennes pourrait compenser l’impact négatif du désengagement de l’Inde vis‑à‑vis du pétrole russe.
Cette perspective intervient alors que Washington intensifie la pression pour que New Delhi cesse ses achats de brut en provenance de Moscou.
Des économistes de Nomura jugent qu’une baisse des droits pourrait ouvrir la voie à un nouvel accord commercial entre l’Inde et les États‑Unis.
Une ouverture vers un accord commercial avec Washington
Selon un rapport relayé par Bloomberg, le président américain Donald Trump a répété ses demandes à l’Inde pour qu’elle mette fin à ses importations de pétrole russe.
Les économistes de Nomura, Sonal Varma et Aurodeep Nandi, estiment que se conformer à ces pressions faciliterait des négociations commerciales plus larges.
Ces discussions pourraient inclure une réduction des tarifs douaniers appliqués aux produits indiens, améliorant leur compétitivité sur le marché américain.
Points clés soulignés par Nomura :
- La baisse des droits pourrait être ciblée sur les produits à forte intensité de main‑d’œuvre (textiles, cuir, biens de consommation légers).
- Un accord bilatéral pourrait réduire les tarifs en dessous de la moyenne de l’ASEAN (environ 19–20 %).
- La perspective d’un avantage commercial durable pèserait dans l’analyse du coût‑bénéfice pour New Delhi.
Des gains commerciaux potentiels supérieurs aux pertes pétrolières
Nomura estime qu’une réduction des tarifs sous la moyenne de l’ASEAN restaurerait la compétitivité des exportations indiennes à forte intensité de main‑d’œuvre.
Cette amélioration des échanges pourrait, selon l’institut, compenser l’impact direct du recul des importations de brut russe.
Selon l’analyse de Nomura :
- La suppression éventuelle du droit punitif de 25 % sur le pétrole russe après novembre allégerait certaines contraintes commerciales.
- La réduction de l’écart de prix entre le pétrole russe et le prix mondial — estimée à environ 1,8–2,2 USD le baril — limiterait l’effet direct sur l’économie indienne.
- L’effet direct serait marginal, équivalant à près de 0,04 % du PIB indien, selon les calculs cités.

L’image illustre la forte dépendance pétrolière entre l’Inde et la Russie, un facteur central dans les débats commerciaux et géopolitiques actuels.
Tensions sur l’approvisionnement énergétique et coût des alternatives
Les données de la plateforme Kpler montrent que la Russie est devenue, depuis 2023, le principal fournisseur de pétrole de l’Inde.
New Delhi a importé environ 1,8 million de barils par jour, soit 36 % de ses approvisionnements totaux en brut.
Les récentes sanctions américaines visant Rosneft et Lukoil poussent les grandes raffineries indiennes à réduire presque à zéro leurs achats en provenance de Russie.
En conséquence, l’Inde devra se tourner vers des sources alternatives, notamment le Moyen‑Orient et, dans une moindre mesure, les États‑Unis.
- Retour vers le Moyen‑Orient et les États‑Unis comme sources alternatives.
- Risque d’une hausse des prix mondiaux de l’énergie si les producteurs du Golfe augmentent leurs tarifs pour compenser la perte de volumes russes.
- Coûts supplémentaires liés au transport pour des approvisionnements éloignés, notamment depuis les États‑Unis.
L’économiste Gaurav Kapoor (IndusInd Bank) avertit que l’importation de pétrole américain serait coûteuse en raison des frais de transport, compliquant la sécurisation rapide d’approvisionnements alternatifs.

Impact limité sur l’inflation mais vigilance requise
Malgré les craintes liées à la hausse des prix de l’énergie, plusieurs analystes cités par Bloomberg jugent que l’impact sur l’inflation restera limité pour l’instant.
L’indice des prix à la consommation se situe toujours sous 2 %, proche du seuil bas de l’objectif de la Reserve Bank of India (2–6 %).
Estimations tirées des analyses publiques :
- Une hausse de 10 % de la facture pétrolière pourrait accroître l’inflation d’environ 0,3 point de pourcentage.
- Cette même augmentation pourrait réduire la croissance (PIB) d’environ 0,15 point, en cas de répercussion complète des coûts sur les prix domestiques.
- Les effets indirects, notamment via les prix internationaux du pétrole, constituent le principal risque macroéconomique.
Donald Trump a rapporté la semaine dernière que le Premier ministre Narendra Modi lui aurait indiqué une intention d’arrêt progressif des achats de pétrole russe.
Le président américain a toutefois souligné que ce serait une « procédure progressive et complexe ». New Delhi n’a pas publié de commentaire officiel à ce sujet au moment de la publication.