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Les startups en Syrie : moteurs d’une relance économique innovante
À Damas, les startups émergent comme de nouveaux leviers de croissance économique dans un contexte où les ressources sont limitées et où la création d’emplois, notamment pour les jeunes diplômés, devient une nécessité urgente. Ces entreprises, généralement de petite ou moyenne taille, reposent sur des idées innovantes visant à résoudre des problèmes existants ou à introduire de nouveaux services et produits, souvent dans les domaines de la technologie et de l’économie numérique.
Souvent portées par des jeunes, ces startups jouent un rôle vital dans la revitalisation des économies locales, aussi bien dans les villes que dans les zones défavorisées, comme le confirment diverses expériences internationales. En Syrie, leur importance grandit dans le cadre des efforts conjoints du gouvernement et du secteur privé pour reconstruire l’économie par des solutions créatives.
Contribution des startups à la croissance économique
Ahmed Sofiane Bayram, expert en entrepreneuriat, souligne plusieurs facteurs par lesquels les startups peuvent dynamiser l’économie syrienne :
- Création d’emplois : L’entrepreneuriat stimule l’économie locale en générant des emplois et en offrant aux individus des revenus durables, réduisant ainsi la dépendance à l’aide extérieure et accélérant la reprise économique. Par exemple, au Rwanda, les PME ont significativement réduit le taux de chômage après le génocide de 1994, contribuant à plus de 41 % du PIB et employant plus de 80 % de la main-d’œuvre.
- Innovation et solutions locales : La Syrie fait face à des défis complexes dans les secteurs de l’éducation, de l’énergie, de l’eau et de la santé. Les startups peuvent offrir des solutions techniques adaptées, telles que des projets d’énergie solaire ou d’enseignement à distance, efficaces et adaptées au contexte local.
- Attraction de financements internationaux : Malgré un environnement d’investissement difficile, les projets innovants attirent l’attention des investisseurs étrangers et des fonds de développement, ouvrant la voie à l’entrée de capitaux intelligents en Syrie.
- Construction d’une économie résiliente et inclusive : En diversifiant les sources de revenus et en adoptant des modèles durables, les startups contribuent à bâtir une économie capable de s’adapter aux crises tout en englobant une large part de la société.
Par ailleurs, Abd al-Rahman Suleiman, analyste d’investissement, met en lumière le rôle essentiel de ces entreprises dans le développement économique et social, en favorisant la création d’emplois, la génération de revenus et la cohésion sociale par la coopération communautaire.
Encourager l’innovation productive
Pour Mujahid Aqil, expert en création d’entreprises, le modèle économique traditionnel basé sur d’importants investissements et infrastructures complexes est peu adapté à la Syrie, où la stabilité reste fragile. Convaincre les grandes entreprises ou investisseurs internationaux d’engager des millions dans un pays en reconstruction demeure un défi majeur.
Il propose d’adopter un modèle alternatif d’économie collaborative, qui exploite les ressources disponibles chez les individus pour bâtir des projets intégrés. Par exemple :
- Au lieu de créer une entreprise de transport traditionnelle coûteuse, une plateforme digitale pourrait connecter les propriétaires de véhicules avec les clients pour le transport de marchandises, partageant les revenus de manière transparente.
- Cette approche permettrait de constituer un réseau logistique flexible et évolutif à moindre coût, bien plus accessible que les méthodes classiques.
Les atouts du marché syrien pour les startups
Mujahid Aqil identifie trois facteurs clés favorables aux startups en Syrie :
- Un marché local non saturé avec une demande dépassant souvent l’offre dans de nombreux secteurs.
- Des coûts très faibles comparés à l’Europe ou au Golfe, notamment en matière de loyers, salaires et exploitation.
- Une main-d’œuvre qualifiée disponible sur place.
Il souligne que le succès dépend d’une adéquation des projets avec la réalité syrienne actuelle. Il conseille également d’orienter les entreprises vers des marchés extérieurs, notamment à travers le commerce électronique à l’export, tirant parti de la qualité et de la compétitivité des produits syriens.
Une fois le pouvoir d’achat local renforcé, des plateformes e-commerce destinées au marché intérieur et des services en ligne pourront également se développer.
Une stratégie nationale pour soutenir les startups
Le ministre syrien des Télécommunications et des Technologies de l’Information, Abdessalam Haikal, a présenté une vision stratégique baptisée « Carte numérique pour l’avenir de la Syrie ». Elle vise à reconstruire et moderniser les infrastructures numériques, renforcer la position du pays dans l’économie numérique mondiale, encourager l’innovation, soutenir l’entrepreneuriat technologique et attirer les fonds d’investissement.
Selon un rapport publié par « Startup Syria » et rédigé par Ahmed Sofiane, plus de 200 startups actives existent actuellement en Syrie, accompagnées de plus de 300 initiatives communautaires soutenant l’écosystème entrepreneurial.
La perception de l’importance de l’entrepreneuriat a augmenté de 26 % en 2015 à 80,5 % en 2025 parmi les Syriens. Bayram insiste sur le rôle crucial des apports des Syriens de la diaspora en capital, expertise et mentorat pour combler les lacunes et stimuler l’innovation.
Il cite l’exemple du Kosovo, où les communautés expatriées ont investi plus de 500 millions de dollars dans les entreprises locales entre 2000 et 2010, contribuant ainsi à la relance économique post-conflit.
Les principaux défis des startups en Syrie
- Manque d’investissements financiers, avec un accès au financement limité et une dépendance aux petites subventions.
- Pressions économiques accrues et baisse du pouvoir d’achat.
- Environnement réglementaire défavorable et incertitudes dans l’enregistrement des entreprises.
- Sanctions et restrictions sur les paiements, entravant l’importation de technologies et l’accès aux marchés internationaux.
- Infrastructures défaillantes, notamment en matière d’électricité et d’internet.
- Instabilité persistante, augmentant les risques opérationnels.