Les vagues de chaleur qui ont frappé l’Espagne et le Portugal en août 2025 s’inscrivent dans une tendance mesurée par les sciences: le réchauffement climatique augmente fortement la probabilité et l’intensité de ces épisodes. Des analyses du World Weather Attribution estiment que le risque est multiplié par quarante et l’intensité d’environ 30 %. Ces phénomènes ont alimenté des incendies dévastateurs, provoqué des évacuations et causé des pertes considérables dans les deux pays.
Vagues de chaleur et incendies en Espagne et au Portugal
La vague de chaleur d’août 2025 a duré 16 jours en Espagne et a dépassé les 40 °C dans de nombreuses régions, selon l’agence météorologique nationale AEMET. Cette période a été décrite comme la plus intense jamais enregistrée, avec des températures moyennes supérieures de 4,6 degrés à celles observées lors des vagues précédentes.
Selon AEMET, la péninsule ibérique a connu 77 vagues de chaleur depuis le début des relevés en 1975, dont six dépassant de plus de 4 °C la moyenne; cinq de ces épisodes se sont produits depuis 2019. Par ailleurs, les incendies liés à cette chaleur ont ravagé des surfaces considérables: plus de 380 000 hectares en Espagne et plus de 280 000 hectares au Portugal, un niveau record selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS).
« Sans le réchauffement causé par l’homme, des conditions météorologiques aussi propices aux incendies ne se seraient produites qu’une fois tous les 500 ans, au lieu d’une fois tous les 15 ans comme c’est le cas aujourd’hui », a déclaré à la presse Theo Keeping, chercheur à l’Imperial College London. Selon les scientifiques, les conditions d’humidité et la végétation plus sèche facilitent la propagation des flambées et peuvent générer leur propre vent, aggravant la dynamique des incendies.
Impact humain et mesures d’adaptation
Au niveau humain, l’Institut de santé Carlos III a estimé que plus de 1 100 décès en Espagne pourraient être attribués à la vague de chaleur d’août. Des évacuations massives et des mesures d’urgence ont accompagné ces épisodes dans plusieurs régions touchées.
Les chercheurs soulignent aussi des facteurs structurels aggravants: l’exode rural et un déclin de l’agriculture et du pâturage traditionnels qui réduisent le contrôle naturel de la végétation et laissent des terres plus inflammables, selon Maja Vahlberg, conseillère au Centre pour le climat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Ces dynamiques contribuent à une sensibilité accrue des territoires aux incendies en période de chaleur extrême.