En Chine, où le travail est un pilier essentiel pour exister socialement, certains chômeurs préfèrent simuler une activité professionnelle afin d’échapper à la stigmatisation liée au chômage. Ils investissent de faux bureaux, participent à des réunions fictives et partagent ces moments sur les réseaux sociaux pour donner l’illusion d’un emploi stable.
Des entreprises fictives pour faire semblant de travailler
Sur les plateformes sociales, plusieurs entrepreneurs lancent des invitations surprenantes aux demandeurs d’emploi : « Ici, dans mon entreprise, on fait semblant de travailler, il n’y a aucune activité réelle. Vous êtes au chômage ? Venez chez moi et faites ce que vous voulez. » Parmi ces sociétés factices, Yulong Li, prétendu chef d’entreprise, présente ses locaux vides : « Voici la réception, mais il n’y a personne. Notre espace de travail contient des ordinateurs et des imprimantes, mais ils ne servent qu’à faire semblant de travailler. »
Il ambitionne d’accueillir une quinzaine de « faux travailleurs ». Ces derniers, bien que sans emploi, préfèrent masquer leur situation en payant environ 6 euros par jour pour accéder à ces faux bureaux. Danyi Wu, une jeune femme de 21 ans, explique l’importance de la mise en scène : « Je prends des photos de mon environnement de travail car ma famille me demande souvent ce que je fais. Je peux ainsi leur prouver que j’ai un emploi. »
La pression sociale à l’origine du phénomène
Pour Danyi, cette nouvelle routine dans un bureau fictif lui permet d’éviter le regard des autres et la pression sociale qui accompagne le chômage. Elle s’y rend quotidiennement depuis deux mois, y prenant même des pauses, avant de rentrer chez elle vers 17 heures. Originaire d’une autre région, cette infographiste s’est installée à Chongqing en quête d’un emploi réel.
« Cela fait deux mois que je vis ici et que je cherche du travail. Mon petit ami, avec qui je vis, ignore que je suis sans emploi. J’ai l’impression que tout le monde autour de moi a un travail, cela me met mal à l’aise, je perds un peu la face », confie-t-elle.
Officiellement, le taux de chômage des moins de 24 ans en Chine atteint 17 %, un chiffre qui pourrait être sous-estimé selon certains experts. Ce phénomène de chômage des jeunes est devenu un véritable défi pour les autorités chinoises.