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Colombie: frappes américaines et suspension d’aide, Petro réagit

by charles
Colombie et États-Unis

Les États-Unis ont frappé un bateau affilié à l’Armée de libération nationale (ELN) dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela, et fait état de morts selon les autorités militaires. Cette action s’inscrit dans une expansion de l’offensive américaine dans la région, où des navires de guerre sont déployés depuis le mois d’août. Le bilan évoqué par les responsables varie, avec des estimations faisant état d’au moins sept bateaux visés et d’au moins 30 morts, ce qui suscite des questions sur la légalité de frappes contre des suspects ni interceptés ni interrogés. Sur les réseaux sociaux, les échanges entre Washington et Bogota se multiplient après l’annonce de suspension d’aides par Donald Trump, et les réaction des responsables coloniaux se multiplient.

Donald Trump accuse la Colombie dans un tweet
Trump accuse la Colombie et menace la suspension de l’aide américaine.

Colombie et États-Unis: nouvelle frappe et suspension des aides

Selon le chef du Pentagone, Pete Hegseth, l’assaut a visé vendredi un bateau affilié à l’ELN accusé de transporter de la drogue et a fait trois morts. Cette opération s’inscrit dans l’expansion de l’opération militaire de Washington dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela, où des navires de guerre américains patrouillent depuis le mois d’août. Cette offensive porte à sept le nombre de bateaux ciblés et à au moins 30 le nombre de morts, selon les évaluations publiées par les autorités. Les experts s’interrogent sur la légalité de ces frappes contre des suspects ni interceptés ni interrogés.

« Je respecte l’histoire, la culture et les peuples des États-Unis. Ils ne sont pas mes ennemis. (…) Le problème, c’est Trump, pas les États-Unis », a déclaré Gustavo Petro, après avoir été informé des actions militaires et des accusations qui circulent. Autre élément marquant: « ne fait rien pour arrêter » la production de drogue, a écrit en début de journée le président américain Donald Trump sur Truth Social, accusant son homologue colombien d’être un « baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants » dans son pays. En conséquence, il a annoncé suspendre le versement des aides financières accordées par les États-Unis à la Colombie, sans préciser lesquelles.

Répercussions diplomatiques et contexte sécuritaire

La Colombie est le pays d’Amérique du Sud recevant le plus d’aide financière en provenance des États-Unis, selon les données gouvernementales américaines, avec plus de 740 millions de dollars versés en 2023, dont la moitié dédiée à la lutte contre la drogue. Le reste soutenait notamment des programmes humanitaires et alimentaires. À bord d’Air Force One, Donald Trump a aussi confirmé des propos du sénateur Lindsey Graham assurant que « d’importants droits de douane » allaient être appliqués sur les produits colombiens, actuellement surtaxés à 10 %. « Je vous le dirai demain », a répondu le président américain. Jusqu’en septembre, Bogota était considéré comme l’un des 20 partenaires antidrogue des États-Unis, ce qui lui permettait de prétendre à d’importants versements financiers. Mais la Maison Blanche lui a révoqué ce statut, invoquant une production de cocaïne « record » et des « tentatives ratées » de négociations avec les « groupes narco-terroristes ».

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, avec un record de 2 600 tonnes en 2023, soit 53 % de plus que l’année précédente, selon l’ONU. Des chiffres contestés par Gustavo Petro, qui dénonce des problèmes méthodologiques. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a impulsé un changement de paradigme dans la guerre contre la drogue menée par les États-Unis, et mise sur la lutte contre les problèmes sociaux qui alimentent le trafic de drogue. Les relations entre Bogota et Washington, historiquement alliés, ont atteint leur niveau le plus bas avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et du premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. Gustavo Petro accuse Washington de violer la souveraineté des eaux nationales avec son offensive contre des bateaux soupçonnés de trafic de drogue et d’avoir tué un pêcheur lors d’une de ces attaques. « Je m’en fiche » du sort des survivants des frappes « tant qu’ils n’introduisent pas de poison dans notre pays », a déclaré dimanche le vice-président des États-Unis JD Vance, ceux-ci n’ayant pas été ramenés sur le territoire américain pour des poursuites. La Colombie, plongée dans une guerre civile depuis plus d’un demi-siècle entre guérillas, narcotrafiquants et forces gouvernementales, connaît sa pire crise sécuritaire de la dernière décennie, les groupes armés tirant profit des revenus de la drogue. Le président colombien a tenté de relancer les pourparlers de paix avec la plupart de ces groupes, six ans après l’accord historique de désarmement de l’ex-guérilla FARC. Mais la plupart ont échoué ou sont au point mort.

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