Table of Contents
Comment les Anglais ont dominé l’éducation en Égypte
Contexte historique de l’occupation britannique
En septembre 1882, les Anglais ont officiellement occupé l’Égypte dans le cadre de la répression de la révolte d’Ahmad Urabi, qui plaidait pour la justice et l’égalité, ainsi qu’un retour à la démocratie. Les puissances étrangères, dont les intérêts étaient en jeu, ont encouragé cette intervention militaire.
L’éducation en Égypte avant l’arrivée des Anglais
Avant l’occupation, l’éducation en Égypte était dominée par les kuttabs (écoles coraniques) et l’université d’Al-Azhar. À partir de 1805, lorsque Muhammad Ali Pacha a pris le pouvoir, un système éducatif moderne inspiré du modèle français a été établi pour former des fonctionnaires compétents.
Comme le souligne Taha Hussein dans son livre « L’avenir de la culture en Égypte », la création d’un système éducatif ne visait pas seulement à éradiquer l’ignorance, mais à répondre à la demande d’une administration efficace.
La stratégie éducative anglaise
Dès leur arrivée, les Anglais ont réalisé que contrôler l’éducation était aussi crucial que de gérer les ministères de la guerre et des finances. Lord Cromer, le consul britannique, a mis en œuvre une politique éducative visant à créer des classes loyales au pouvoir colonial, séparées de leur propre histoire et culture.
Pour superviser l’éducation, ils ont nommé le révérend écossais Douglas Dunlop, qui a introduit de nombreuses réformes dans les programmes scolaires, favorisant les langues étrangères au détriment de la langue arabe.
Conséquences de l’éducation coloniale
Les changements apportés par Dunlop ont eu des effets dévastateurs sur l’éducation en Égypte, réduisant l’enseignement de la langue arabe et multipliant les heures consacrées à l’anglais. L’éducation est devenue un outil de stratification sociale.
- Première classe : Capable de lire et écrire basiquement, semblable à la formation élémentaire.
- Deuxième classe : Complète l’enseignement primaire et intermédiaire, accédant à des emplois gouvernementaux.
- Troisième classe : Éduquée dans des écoles aristocratiques, associée aux notables et propriétaires terriens, maintenant leurs intérêts en lien avec le pouvoir colonial.
Érosion de la culture arabe
Les Anglais ont remplacé la culture turque et française par la culture anglaise, combattant tout ce qui avait trait à l’héritage culturel précédent. L’enseignement des sciences se faisait progressivement en anglais, et la présence de l’arabe dans les écoles primaires a été réduite de manière significative.
Cette politique a été vigoureusement critiquée par des intellectuels comme Mustafa Kamel, qui ont plaidé pour le maintien de l’éducation en arabe et lancé des initiatives pour créer des écoles nationales afin de contrer l’influence britannique.
Répercussions sur la société égyptienne
Ce système éducatif inégalitaire a semé les graines de la division sociale en Égypte, où l’accès à l’éducation était limité par des considérations financières. En dépit des efforts pour améliorer l’accès à l’éducation primaire, l’analphabétisme restait élevé et l’éducation scolaire était souvent une voie restrictive menant à des emplois subalternes.
La résistance des Égyptiens à cette politique éducative a finalement contribué à la naissance de mouvements nationalistes visant à revendiquer un système éducatif qui respecte leurs valeurs et leur culture.