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Une nouvelle étude met en lumière les freins à la construction de nouveaux logements en Suisse, souvent entravée par des oppositions et des recours. Pour remédier à cette situation, des réformes pourraient être envisagées, notamment en limitant le nombre de personnes pouvant formuler des objections et en leur faisant supporter une partie des coûts liés à leurs recours.
Un déficit de logements croissant
Le manque de logements en Suisse est de plus en plus flagrant. À la fin de l’année 2024, le pays affichera un déficit de plusieurs dizaines de milliers de logements. Les loyers augmentent, rendant la construction rapide de nouveaux logements vitale. D’après les projections du cabinet Fahrländer Partner, plus de 500 000 logements supplémentaires seront nécessaires d’ici 2040.
Cependant, la tendance actuelle est à la baisse de la construction de logements, en raison de divers facteurs : hausse des prix des matériaux et des terrains, augmentation des taux d’intérêt, ainsi que des contraintes strictes en matière d’urbanisme.
Les retards dans la construction
«Il est aujourd’hui tout simplement trop facile de bloquer ou de retarder des projets de construction», déclare Joëlle Zimmerli, coautrice de l’étude. Pour évaluer les obstacles à la réalisation de nouveaux projets immobiliers, elle a interrogé 440 juristes, promoteurs et fonctionnaires.
Plus de 60 % des répondants estiment que les oppositions et les recours constituent les principaux freins aux projets de construction. Le traitement des recours abusifs, utilisés exclusivement pour retarder les projets ou faire pression sur les promoteurs, pose un problème particulier.
Selon l’étude, ces oppositions ralentissent la mise sur le marché des logements et contribuent à leur augmentation de prix, comme le pense 70 % des répondants. Joëlle Zimmerli affirme que «des réformes fondamentales sont nécessaires» pour résoudre cette crise.
Propositions de réformes
Les auteurs de l’étude recommandent que les personnes à l’origine des oppositions prennent en charge une partie des risques financiers liés aux retards. Actuellement, la Cour fédérale stipule que ces personnes ne peuvent pas être tenues responsables des coûts, ce qui crée un déséquilibre dans la répartition des risques, selon le juriste Meinrad Huser.
Meinrad Huser souligne également que le droit d’opposition est accordé à trop de personnes, souvent sans contrôle adéquat. «N’importe qui situé dans un rayon de 100 mètres peut déposer une opposition contre un projet de construction», constate-t-il. Il suggère de restreindre ce droit aux seuls individus ayant un intérêt matériel et individuel clairement défini. Les voisins devraient ainsi prouver concrètement en quoi le projet les affecte, ce qui contribuerait à limiter les recours abusifs.
Densification urbaine et intérêt public
Le rapport souligne également qu’il est essentiel de définir clairement l’intérêt public à la densification urbaine, afin de privilégier celui-ci par rapport à la protection du patrimoine et de la nature. Autrement dit, la densification devrait être priorisée. De plus, il est proposé que les recours, en principe, n’aient plus d’effet suspensif.
Cette étude fait partie du plan d’action «Pénurie de logements». Plusieurs propositions visant à accélérer les procédures d’autorisation sont actuellement en discussion au Parlement. Le Conseil fédéral prévoit d’y répondre d’ici la fin de l’année, prenant en compte les nouvelles conclusions. Les recommandations seront également transmises aux cantons et aux communes, qui sont responsables des règles procédurales.