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Le programme de réintroduction du grand tétras, le plus gros oiseau sauvage d’Europe, dans le massif des Vosges fait l’objet d’une vive controverse. Alors que la dernière tentative en 2024 ne semble pas avoir rencontré le succès attendu, des associations environnementales telles que SOS Massif des Vosges, Avenir et Patrimoine 88, dénoncent les doutes et les risques liés à cette opération.
Un projet contesté par plusieurs acteurs
La réintroduction, qui consiste à relâcher des individus capturés en Norvège, avait pour objectif de soutenir la survie d’une espèce en danger, quasi éteinte dans la région. Cependant, le bilan des relâchers est problématique : sur neuf oiseaux introduits au printemps 2024, seuls deux étaient encore en vie en mai dernier, avec des pertes importantes dues à des prédateurs, selon le Parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges. Les autres oiseaux auraient été dévorés, ce qui alimente les inquiétudes quant à la viabilité du projet.
Les résultats alarmants de cette opération ont été confirmés par les associations, qui rappellent que trois des sept oiseaux relâchés en Norvège n’ont plus été localisés, signant un taux de perte supérieur à 50 % en quelques semaines. Cette situation soulève de nombreux doutes quant à l’efficacité de la démarche, d’autant plus que plusieurs instances scientifiques et environnementales avaient émis des avis défavorables au projet.
Des inquiétudes scientifiques et éthiques
Le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel, tout comme le Conseil national de la protection de la nature, avaient exprimé des réserves quant aux risques d’échec, sans que leurs avis n’aient été levés ou contestés par une expertise indépendante. Le Conseil scientifique du PNR des Ballons des Vosges avait de son côté insisté sur la probabilité d’un résultat défavorable, estimant que le contexte biologique et environnemental pourrait compromettre la réussite de la réintroduction.
Malgré ces réserves, la préfète des Vosges, Valérie Michel-Moreaux, a indiqué que ce projet constituait un enjeu stratégique dans le cadre d’une politique nationale de sauvegarde de cette espèce. Elle a également souligné l’investissement financier important, évalué à 230.000 euros par an, pour mettre en œuvre cette opération.
Un débat sur la pertinence de la démarche
Les associations contestataires dénoncent une démarche potentiellement déconnectée de la réalité de terrain et soulignent le manque de preuves d’un succès certain. La dégradation des conditions de survie des oiseaux dans un milieu où les prédateurs abondent remet en question la compatibilité entre la projet et le fragile équilibre écologique de la région. La controverse continue d’alimenter le débat sur les stratégies à adopter pour la conservation des espèces menacées dans le contexte des écosystèmes français.