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Coup dur pour Israël : l’Afrique rejette son approche sur Gaza
Lors de la 38ème conférence africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba le mois dernier, les dirigeants africains ont adopté une position ferme envers Israël, condamnant ses attaques sur Gaza et les qualifiant de « génocide ». Ils ont appelé à la cessation de toute forme de coopération avec Israël jusqu’à la fin de l’occupation.
Le communiqué final a également réaffirmé le rejet du déplacement forcé des Palestiniens, en mettant l’accent sur la solution à deux États comme le seul chemin vers la paix. Cela reflète l’engagement historique de l’Afrique à soutenir la cause palestinienne, malgré les tentatives d’Israël d’accroître son influence sur le continent.
Cette position africaine représente un revers pour Israël, malgré les fortes pressions exercées par les États-Unis sur le continent. Washington a intensifié ses efforts auprès de plusieurs capitales africaines pour empêcher l’adoption de décisions sévères contre Israël, notamment en menaçant de réduire l’aide économique à certains pays.
Cependant, les pays africains ont montré une cohésion diplomatique remarquable, refusant de céder aux dictats occidentaux et affirmant leur position indépendante, ce qui indique un changement dans les rapports de force et une volonté du continent d’adopter des décisions conformes à ses principes anticoloniaux et anti-apartheid.
Historique des relations entre l’Afrique et Israël
Les relations entre Israël et l’Afrique ont connu des transformations radicales au fil des décennies. Depuis les années 1950 et 1960, Israël a cherché à renforcer sa présence sur le continent en profitant de l’indépendance de nombreux pays africains.
- Israël a établi des relations diplomatiques avec des pays tels que le Ghana et le Libéria, participant à des projets de développement, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la technologie et de l’éducation.
- Le pays a également soutenu plusieurs mouvements de libération africains pour accroître son influence politique sur le continent et garantir un soutien dans les forums internationaux.
Cependant, cette proximité a subi un revers majeur après la guerre d’octobre 1973, lorsque le boycott pétrolier arabe et les pressions diplomatiques de la Ligue arabe ont conduit la plupart des pays africains à rompre leurs relations avec Israël, entraînant un effondrement de son influence en Afrique.
Cette isolation n’a pas duré longtemps, car les accords d’Oslo en 1993 ont marqué un tournant, permettant à Israël de rétablir ses relations avec plusieurs États africains, profitant de l’ouverture internationale qui a suivi les négociations israélo-palestiniennes.
Après la signature des accords d’Oslo, certaines nations africaines ont été convaincues que le conflit israélo-palestinien se dirigeait vers une résolution diplomatique, ce qui les a poussées à réévaluer leurs relations avec Israël.
Escalade des tensions après la guerre de Gaza
Les relations entre Israël et l’Union africaine ont connu une escalade sévère après l’attaque israélienne sur Gaza en octobre 2023, qui a causé des dizaines de milliers de victimes civiles et des destructions massives des infrastructures, y compris des hôpitaux, des écoles et des routes.
Cet acte d’agression a suscité une large indignation en Afrique, où de nombreux pays ont émis des déclarations de condamnation, réaffirmant leur solidarité avec le peuple palestinien et leur rejet des politiques israéliennes.
Ce positionnement n’était pas surprenant, mais plutôt l’extension d’un rejet africain croissant de l’influence israélienne sur le continent. En février 2023, lors du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, la délégation israélienne a été expulsée suite à de fortes objections de l’Afrique du Sud, de l’Algérie et du Nigeria, ce qui a constitué un coup diplomatique majeur pour Israël sur le continent.
Les raisons de la relation tendue
Malgré l’augmentation des investissements israéliens en Afrique et les efforts de Tel-Aviv pour renforcer son influence à travers des projets dans l’agriculture, la technologie et la sécurité, de nombreux pays africains continuent de critiquer les politiques israéliennes, notamment en ce qui concerne la question palestinienne.
- Valeurs historiques et héritage de lutte: L’Afrique possède un long historique de lutte contre le colonialisme et l’apartheid, ce qui pousse de nombreux pays à voir la question palestinienne comme une extension de leur propre lutte pour la justice.
- Augmentation de la solidarité populaire avec la Palestine: La prise de conscience populaire en Afrique sur la question palestinienne a considérablement augmenté, entraînant une intensification des campagnes de solidarité et de boycott contre Israël.
- Équilibre géopolitique et réduction de la dépendance à l’égard de l’Occident: L’Afrique diversifie ses alliances internationales, renforçant ses relations avec des puissances mondiales comme la Chine et la Russie, ce qui lui permet d’adopter des positions indépendantes sans céder aux pressions occidentales.
Pourquoi le rapprochement avec Israël reste limité
Malgré les efforts d’Israël pour renforcer sa présence en Afrique par le biais d’investissements et de coopération économique, l’efficacité de ce rapprochement demeure limitée, en raison des considérations politiques et historiques des pays africains.
De plus, certains pays africains cherchent à renforcer leurs alliances avec des puissances concurrentes à l’Occident, comme la Chine et la Russie, ce qui leur donne une plus grande marge de manœuvre pour adopter des positions plus indépendantes sur des questions internationales, y compris la question palestinienne.
- Afrique du Sud: A mené des actions légales sans précédent contre Israël, notamment en déposant une plainte devant la Cour internationale de justice en décembre 2023 pour des accusations de génocide à Gaza.
- Algérie: A joué un rôle majeur dans l’empêchement d’Israël d’obtenir le statut d’observateur à l’Union africaine, dénonçant le processus décisionnel et collaborant avec l’Afrique du Sud et le Nigeria pour suspendre ce statut en février 2023.
Bien qu’Israël ait réussi à établir des relations diplomatiques avec 40 des 54 pays africains, l’impact de ce rapprochement reste limité, comme l’a montré la position ferme lors du dernier sommet africain.