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L’aide internationale pourrait subir une réduction alarmante de près de 40 % cette année par rapport à l’année précédente, en raison de coupes budgétaires importantes provenant des États-Unis et de plusieurs pays européens. Ces changements obligent de nombreuses ONG à réévaluer leurs stratégies. Malgré la générosité continue de la société civile, les experts soulignent la nécessité de trouver des solutions rapidement.
Financements en déclin
Traditionnellement, les organisations humanitaires utilisent des symboles comme le croissant, la croix ou le cristal, souvent associés à la couleur rouge. Cependant, ce rouge évoque désormais des déficits budgétaires. Récemment, le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a annoncé une réduction de 20 % de son personnel en raison de coupes sévères dans le financement.
De plus, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui emploie près de 20 000 personnes, attend également une diminution significative de ses effectifs, notamment à cause de la diminution de l’aide américaine. Les États-Unis ne sont pas les seuls concernés : la France, l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la Belgique et la Grande-Bretagne ont également réduit leurs contributions, faisant passer l’enveloppe de l’aide publique au développement de 223 milliards d’euros à 140 milliards. Cette baisse constitue un manque à gagner de près de 40 %.
La solidarité internationale menacée
Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec, a exprimé son inquiétude quant à l’évolution du discours politique qui pourrait nuire à la solidarité de la société civile. Lors d’une entrevue, elle a souligné que, malgré la mobilisation des citoyens sur certains sujets, des discours politiques alimentant la peur et l’exclusion peuvent poser des problèmes pour les organisations humanitaires.
Pour faire face à ces défis, ces organisations doivent démontrer leur impact sur des enjeux cruciaux tels que l’agriculture, l’éducation, les droits des femmes et la santé. L’aide humanitaire est également essentielle pour assurer la sécurité mondiale, a-t-elle affirmé.
Appel à une réforme des financements
Pierre Micheletti, ancien président d’Action contre la faim, a également été invité à s’exprimer sur ces enjeux. Il suggère qu’il est impératif de revoir les critères de financement et de gouvernance de l’aide internationale. Actuellement, l’aide humanitaire d’urgence, qui s’élève à environ 47 milliards d’euros, provient principalement d’une vingtaine de pays, principalement occidentaux.
Il propose que si tous les pays, y compris ceux en développement, contribuaient à hauteur de 0,03 % de leur produit national brut, cela permettrait d’augmenter le nombre de pays contributeurs à 80, répondant ainsi aux besoins croissants.
Des crises de plus en plus complexes
« Ne manquons pas une bonne crise », déclare Béatrice Vaugrante, qui revient tout juste du Tchad, un pays confronté à une extrême pauvreté touchant 20 % de sa population, à la sécheresse, à des conflits militaires et à un afflux de réfugiés soudanais. Elle insiste sur la nécessité de réformes face à des situations d’urgence de plus en plus complexes.
Les défis actuels sont sans précédent. La communauté humanitaire, déjà sous-financée et débordée, fait face à des coupes brutales dans ses financements, rendant sa mission plus difficile que jamais.
Réactions face aux discours politiques
Les propos de certains politiciens affirmant « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » suscitent de vives réactions parmi les spécialistes. Béatrice Vaugrante rétorque que cette affirmation est complètement fausse, alors que Pierre Micheletti souligne que 85 % des réfugiés ou demandeurs d’asile sont actuellement accueillis par les pays du Sud.