Home ActualitéCrise de l’eau à Al-Qamishli en Syrie : un accès potable gravement compromis

Crise de l’eau à Al-Qamishli en Syrie : un accès potable gravement compromis

by Sara
Syrie

Depuis des mois, la ville d’Al-Qamishli, dans le nord‑est de la Syrie, subit une pénurie d’eau potable qui affecte la quasi‑totalité des quartiers. La crise de l’eau Al-Qamishli se traduit par des coupures quasi permanentes, sans solutions alternatives tangibles pour de nombreux habitants.

Les résidents des quartiers Az‑Zuhur, Al‑Muwaẓẓafīn et Al‑Siyaha rapportent une interruption presque totale de l’approvisionnement depuis plus d’un an, ce qui a entraîné des pratiques de substitution souvent dangereuses pour la santé.

Sources d’approvisionnement et distribution

Al‑Qamishli dépend de plusieurs sources d’eau et de stations de pompage pour alimenter la ville. La répartition irrégulière des flux rend la desserte inégale selon les quartiers.

  • Station Al‑Hilaliyah, près du village de Nafkour.
  • Stations d’Aweija, proches de la zone industrielle de la ville.
  • Station Jaqjaq, sur la ceinture nord de la ville.
  • Source Safan, dans la localité de Malikiyah, dont les eaux alimentent la station d’Aweija.

De ces points, l’eau est pompée vers les différents quartiers, mais les interruptions électriques et la dégradation du réseau limitent fortement la distribution effective.

Camion citerne remplissant des réservoirs domestiques dans un quartier populaire d'Al-Qamishli
Camion citerne remplissant les citernes des habitants dans un quartier populaire (Al Jazeera).

Qualité de l’eau et risques sanitaires

De nombreux habitants sont contraints d’acheter de l’eau auprès de camions‑citernes. Ces eaux proviennent souvent de puits non stérilisés et présentent des signes visibles de contamination, notamment une teinte grisâtre.

Le médecin Moussa Masrouh alerte sur les risques médicaux : la teneur élevée en calcaire des sources utilisées pour remplir les citernes peut entraîner une calcification sanguine, des calculs rénaux et des maladies dermatologiques.

Il insiste sur la vulnérabilité des enfants et recommande :

  • l’utilisation d’eau minérale ou d’eau bouillie pour les enfants ;
  • l’installation de filtres domestiques lorsque c’est possible ;
  • la vigilance des services hospitaliers face à des cas d’intoxication liés à une eau non potable.

Un résident, Milad Issa, indique qu’en été la demande augmente et qu’il doit acheter quasi quotidiennement un réservoir de 5 barils pour 5 dollars, ce qui représente un coût mensuel de 100 à 150 dollars — une somme parfois supérieure aux salaires locaux.

Explications officielles et mesures annoncées

Les autorités municipales expliquent que les coupures d’électricité proviennent d’une baisse du niveau du barrage de Tichrine, responsable de l’arrêt de la production électrique et de la mise en place d’un rationnement qui touche les stations de pompage.

Selon la municipalité :

  • le courant n’arrive aux stations que 12 heures par jour ;
  • les puits doivent être alimentés par des groupes électrogènes le reste du temps ;
  • la baisse continue des eaux souterraines, exacerbée par les vagues de chaleur et le changement climatique, aggrave la situation.

La municipalité a aussi signalé que le niveau du barrage de Safan a chuté de 40 %, entraînant une réduction de 60 % de l’alimentation en eau. Elle a annoncé des horaires de pompage pour certaines stations :

  • Station Jaqjaq : pompage quotidien de 6h à 18h.
  • Station Aweija : deux créneaux, de 6h à 12h et de 18h à minuit.

Malgré ces annonces, de nombreux habitants affirment ne constater aucune amélioration notable.

Point d'eau dans un quartier populaire utilisé pour remplir des citernes
Puits local dans un quartier d’Al‑Qamishli utilisé pour remplir les citernes d’eau (Al Jazeera).

Projets, critiques et impacts socio‑économiques

Parmi les projets évoqués par les autorités : le forage de 20 nouveaux puits et la division de la ville en deux secteurs pour mieux organiser le pompage, avec un renforcement des horaires nocturnes dans les zones les plus touchées.

Cependant, de nombreux habitants restent sceptiques. Dunya Zaher estime que les promesses tardent à se matérialiser et considère les justifications avancées comme insuffisantes face à l’urgence.

Le retraité et ingénieur Marwan Abdullah relie la crise à des causes structurelles et politiques :

  • infrastructures hydrauliques vétustes et manque d’entretien ;
  • gestion déficiente et corruption qui aggravent le dysfonctionnement ;
  • contexte politique et sécuritaire qui freine la prestation des services essentiels.

Il rappelle que l’augmentation du coût de l’eau pèse lourdement sur le budget des ménages, compromettant l’accès à l’alimentation et aux soins, et appelle à des réformes profondes, à une lutte contre la corruption et à un soutien technique et humanitaire soutenu pour garantir l’accès à une eau potable abordable.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/8/23/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d9%8a%d8%b9%d9%8a%d8%b4-%d8%b3%d9%83%d8%a7%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%82%d8%a7%d9%85%d8%b4%d9%84%d9%8a-%d9%88%d8%b3%d8%b7-%d8%a3%d8%b2%d9%85%d8%a9-%d8%a7%d9%86%d9%82%d8%b7%d8%a7%d8%b9

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